Eteh Komla ADZIMAHE

Le Togo lutte contre le Coronavirus #allons-y ?

Si vous ne le saviez pas, #allonsy est le hashtag de campagne du parti Unir, parti du président sortant et par la même occasion, rentrant, revenant, se retournant ou succédant à lui-même puisqu’il a remporté par une victoire écrasante la présidentielle de Février dernier.

Dans la lutte contre le mal, une mesure du bien annoncée: la réquisition d’un hôpital entier, le CHR de Lomé, surnommé par les habitants, hôpital chinois, pour accueillir et soigner les malades du coronavirus. On dit de cet hôpital construit et offert par la Chine contre un peu de ressources naturelles, qu’il possède un personnel très qualifié dont une partie serait chinoise donc… WUHAN ! ou HOURRA ! si vous êtes moins luné que moi.

Ce qui par contre laisse un arrière-goût d’inachevé, c’est encore le Président Faure Gnassingbe qui brille par son absence dans les médias. « Il n’a même pas adressé une seule virgule à la nation » ironisait un ami devant une bière. Ah oui, parlant de bière, la Brasserie de Lomé a publié un communiqué où il est dit que boire est autorisé par les temps qui courent, une fois qu’on s’est assuré qu’on n’est pas plus de cent personnes dans le bar. Comment des mecs ivres vont se compter jusqu’à 100. Bon, je sais pas…

Pour revenir au président Faure Gnassingbe qui aime se taire, autant que faire se peut, il ne nous a même pas gratifié d’un lavage de mains à la Ponce Pilate, comme l’ont fait ses pairs au Sénégal, au Rwanda etc. Attendez euh, vous avez vu la salle de bains de Macky Sall ?… Wow, le luxe insolent de ses robinets plaqués or. Nous sommes à la deuxième bouteille de bière, je me tourne vers mon ami : « non frère, Dieu ne nous aime pas« .

Bref, pour revenir à notre mouton, le président élu à plus de 70% au suffrage universel s’est muré dans le silence. (il prie peut-être ? je suis à la troisième bouteille de guinness, je vous jure que c’est la dernière). Bien-sûr, on nous ressassera l’éternel argument : « il n’est pas très bavard ». N’avons-nous d’ailleurs pas voté pour lui en silence. En temps de campagne, les militants, partisans, sympathisants et autres soupirants de son parti ont crié #AllonsY. Bah vous savez quoi ? Maintenant on y est !


Epidémie Covid-19 – L’Afrique va la sentir passer

Dans mon boulot, les responsables de sécurité informatique et physique ont rarement le sens de l’humour. Alors quand on a commencé par mettre de plus en plus de collègues en quarantaine, je me suis mis à moins me marrer.

Au Togo on dénombre officiellement en ce soir du 19 mars 2020, 09 cas; ça reste encore mignon. Mais seulement! Peut-on localiser les personnes avec lesquelles ces 09 personnes infectées ont été en contact ? A-t-on les moyens de tracer, traquer, circonscrire un périmètre et les retrouver avant qu’ils ne contaminent à leur tour ? non !

Alors on sera vite dépassé ? oui ! Et quand on est dépassé, que fait-on ? on fait du confinement. Eh bien j’ai une nouvelle pour vous. Etre en confinement au Togo, c’est pas comme être en confinement en France. Si vous avez quelqu’un qui fait de la fièvre bah, n’oubliez pas que le ratio ambulance sur population est proche de zéro. Surtout s’il est interdit aux véhicules particuliers de circuler.

Quelqu’un s’est renseigné pour savoir (soyons macabres, on n’en aura peut-être plus l’occasion) si un cadavre coronavirus reste contagieux ? Vu la propension que nous avons à rendre hommage à une dépouille, veiller et danser autour du corps sans vie avant d’aller l’enterrer en grande pompe et en passe, à un moment donné, les cadavres risquent de contaminer et tuer plus vite que la maladie elle-même. Demandez aux libériens en plein Ebola.

Les mecs de l’OMS avaient raison, dans les prochains jours, le ciel va nous tomber dessus.

Vous connaissez Bobby McFerrin ? vous êtes trop jeunes c’est ça ? En fait le mec a chanté un truc complètement démago qui s’appelle Don’t Worry, Be Happy. (Ne stresse pas, reste joyeux).

Eh bien il serait temps de l’écouter parce que si ça s’trouve, ON VA TOUS MOURIR !


Coronavirus : Tousse – Mort

ou Tous morts ! si ce virus devrait avoir raison de nous tous.

C’est un délire personnel, je sais pas pour vous, mais moi j’ai pas vraiment peur de la mort. Par contre j’ai peur de la douleur qui peut la précéder.

Sinon le truc marrant chez moi au bureau, c’est que tous ceux qui sont partis en mission en Europe ont été mis en quarantaine à leur retour à Lomé. Je les envie !

Un collègue a toussé dans le couloir hier ! 4 jours de repos maladie. Dire qu’il y a deux semaines, j’ai traîné une grippe pendant des jours et que personne ne m’a envoyé à la maison ?… j’ai du commettre un péché originel au cours de ma précédente vie sur terre.

Ce qui est bien avec le coronavirus, c’est que même les dirigeants africains habitués à se soigner en Europe n’y vont plus ! Ils sont obligés d’aller se faire soigner dans les mêmes hôpitaux que nous. Un juste retour des choses hein ! S’il y en a un ou deux qui chopent le corona, bah…

Dans mon entreprise, ils ont collé des consignes de sécurité partout. Une des consignes est d’éviter tout contact avec des animaux sauvages. Bah euuuh, sérieux les mecs, déjà que le truc est sauvage, pourquoi vous voulez que j’aille lui faire des bisous ?…

Je finis par la question d’un collègue : Si on voit quelqu’un frappé d’une forte fièvre s’écrouler devant nous. Doit-on lui porter secours, ou faire une vidéo pour l’envoyer sur les réseaux sociaux… voire même un selfie à 1m du mec ou de la nana au sol…

Après une houleuse discussion, on a opté pour le selfie.


Campagne électorale du parti UNIR au Togo – Ce que je crois

Ce que je crois… Si vous êtes un inconditionnel lecteur, fan, ou même groupie de Bechir Ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique, auteur de l’éditorial Ce que je crois, sachez le; je ne commets pas le sacrilège de chercher un tant soi peu à lui rendre hommage en écrivant un édito digne de lui. Il serait fâcheux et malhonnête de chercher à titiller son niveau d’analyse et de rédaction. Je n’ai pas cette prétention là, parce que je n’en ai ni l’expérience, ni la connaissance, ni la sagesse. Je suis un mâle honnête, autant être clair avant de me jeter à mon tour dans la campagne électorale au Togo.

  1. Ce que tout le monde pense

UNIR comme tous les autres partis politiques sont en campagne. Leurs leaders vont à la rencontre des populations, apporter un message, des promesses, et des actions qui peuvent en entraîner d’autres, plus conséquentes quand les électeurs leur accorderont leur confiance. Le parti le plus riche, donc le plus puissant, dont le camp se trouve être celui du président sortant ne lésine pas sur les moyens. Les grandes affiches sont pour UNIR, les affichettes sont pour les autres partis d’opposition.

2. Ce que l’on sait

Tout l’appareil d’état semble paralysé, tétanisé, statufié même, le temps d’une campagne électorale. Tous les cadres de l’administration publique, les ministres, les parlementaires du parti au pouvoir se retirent dans leurs régions d’origine respectives pour battre campagne, parler aux électeurs afin de lui assurer une base solide pour remporter l’élection présidentielle.

La curiosité de cette année, c’est qu’à ce lot officieusement mobilisé pour la victoire, se sont greffés la majeure partie des entreprises privées, des PME et des PMI, des artistes de la musique, y compris, ceux qui avaient eu des mots pas très vertueux à l’égard de Faure Gnassingbe et de sa suite,devenus les premiers supporters d’aujourd’hui. Les couleurs dominantes de la campagne électorale au Togo sont les bleus et blancs UNIR, remplissant places publiques, stades, terrains et grands espaces, quand les autres candidats de l’opposition peinent à rassembler un embryon de foule. Il va être difficile de croire que les résultats aient un autre visage.

3. Ce que je crois

Je crois que cette année, le parti UNIR n’aura pas investi autant d’argent que pour les deux ou trois élections présidentielles précédentes. Pourtant, sur le terrain, tout montre que les moyens n’ont pas manqué. Le ballet de grosses cylindrées portant les des affiches à l’effigie du président sortant est toujours aussi impressionnant. Le parti a bénéficié de donateurs privés. Un peu comme à l’américaine. Ceux que l’appareil d’état a contribué largement d’ailleurs, à rendre riche font montre de reconnaissance au chef de l’état en mettant à sa disposition leurs moyens. Ils disposent par là même pour l’avenir en n’oubliant pas que cet afflux de dons d’ici et d’ailleurs (entrepreneurs français, libanais et même chinois) fait passer un message clair : Monsieur le Président, quand vous serez reconduit aux affaires, ne nous oubliez pas ! Les cadres et responsables de service dans l’administration publique, jusqu’aux membres du gouvernement s’inscrivent dans le même mouvement. Ils donnent probablement de leur temps, de leur énergie et un peu de leur poche aussi. Et ce n’est pas répréhensible, c’est d’ailleurs même ce qu’il faut faire quand on a la fibre militante qui vibre.

4.Le véritable défi

Le Togo de 2017 à 2019 s’est bien porté économiquement, mais on ne le sait pas. 4,8 à 5,3%, et une estimation de 5,5 à 5,9% de croissance pour l’année 2020. Le Togo gagne 59 places en deux ans dans le classement « doing business » de la Banque Mondiale, les indicateurs macroéconomiques sont au vert, on dit même que le pays fait partie des dix économies du continent où les affaires s’améliorent. La phrase qui marque la nette embellie du climat des affaires vient du FMI : « La reprise économique se raffermit ». Tout ceci reste évidemment mignon. Le seul hic pour cette présidence hyper-active, qui pisse des arc-en-ciel, chie des dauphins, c’est que quand on parlera de climat d’affaires, ce sera une météo dédiée au milieu des affaires qui gravitent autour de la présidence et financent sa campagne en faisant sillonner les villes et campagnes de rutilantes 4X4. Quand à l’orée du nouveau mandat, on ne trouvera pas une seule voiture 4 roues motrices pour aller vacciner les bébés de djarkpanga, on repensera au beau climat des affaires et à ses beaux chiffres… et on boira à leur santé : le pays va bien.

Le défi du prochain mandat, ce sera d’étendre cette embellie des affaires à toutes les couches de la population, pour que les chiffres ne demeurent pas juste jolis à voir, mais qu’on atteigne une croissance de 8 à 9%.

Sinon, faire une campagne électorale avec des Cadillac Escalade, l’idée séduit au prime abord. C’est quand on aura pénurie de carburant, parce que ces voitures gourmandes ont tout bu dans leur carburateur, qu’on saura ! 😆

5. note drôle – Quand pagne rime avec campagne

Le parti UNIR fait imprimer des pagnes pour la campagne. Dans certaines contrées du pays, se vêtir est un luxe qu’on ne doit pas se permettre au risque de rester affamé le reste du mois. Le Pagne UNIR ne se porte pas alors pour la campagne électorale seule. Il sera ressorti pour d’autres occasions : l’église, des festivités, des réunions importantes etc. Ce n’est pas seulement pour faire montre de fibre militante. C’est aussi parce qu’on n’a que ça à se mettre pour être sur son 31.

Ceci dit, si on voit encore des pagnes UNIR après la campagne électorale, c’est qu’une partie du peuple n’a rien à se mettre. Et c’est bien là, un aveu d’échec du gouvernement. Qu’on ne me donne pas raison pour les 5 prochaines années à venir.


Togo : une élection présidentielle qui restera peut-être dans les annales !

Le Togo fait partie des pays où on peut se payer le luxe d’affirmer mordicus, sa main (ou sa tête) à couper, les dix doigts dans le feu, qu’on peut nommer les yeux fermés et dans le bon ordre les deux premiers candidats qui remporteront le plus de voix à l’élection présidentielle.

Le premier, Faure Gnassingbe, le président sortant, arrive toujours en tête dans les résultats, avec à peu près les mêmes pourcentages de victoire depuis déjà trois élections. Pourquoi en serait-il autrement pour cette quatrième consultation électorale ? Pour la petite histoire, en 2005, alors que le président de la république arrivait au pouvoir sur fond d’acrobatie constitutionnelle, le soir du décès de son père, des chefs d’état africains, dont le non moins opiniâtre, Abdoulaye Wade du Sénégal, lui ont conseillé de rendre le tablier acquis à la va-vite et de se présenter directement à l’élection présidentielle prochaine. « Je lui ai dit : tu as l’armée, tu as l’argent, laisse le pouvoir et va aux élections. De toute façon tu vas gagner » avait martelé Gorgui sur RFI. Le temps présent continue de lui donner raison. UNIR, le parti de Faure Gnassingbe, a une puissante machine électorale et des moyens qui frisent le « no limit ». C’est comme une recette de Thiebou dieune; ça marche à toutes les sauces. Et ça fait trois mandats qu’au Togo on sait à quelle sauce on sera mangé les soirs d’élection.

Le deuxième est le loup blanc de l’opposition togolaise. Jean Pierre Fabre, leader de l’ANC, grand adepte du radicalisme, fermé aux négociations avec le pouvoir, mais ouvert aux manifestations pacifiques qui elles-mêmes se sont étiolées avec le temps, faute de participants. L’opposant depuis deux élections présidentielles, arrive toujours bon deuxième derrière le champion du parti bleu blanc. Et au sortir de chaque consultation, il navigue entre son siège de parlementaire et quelques manifestations pour haranguer les foules et promettre une victoire qui ne vient jamais. Visiblement, la situation durant et perdurant a fini par avoir raison des espoirs de ses soutiens. Il boycotte les dernières législatives en réclamant une constitution devant faire de l’actuel mandat de Faure Gnassingbe, son dernier des derniers; puis arrive à décrocher in extremis un siège de Mairie à l’issue des dernières élections locales. Preuve de sa popularité ternie, son parti obtient moins de conseillers municipaux que le parti UNIR dans la circonscription où il s’est présenté comme candidat. Il ne doit son élection au poste de Maire qu’aux voix des élus issus du parti au pouvoir. ça pue la bérézina à plein nez. A ce stade, l’homme habitué à être coopté comme leader de l’opposition annonce sa candidature à la présidentielle. Les autres partis d’opposition réunis sous la coupe du prélat, ex archevêque de Lomé, Fanouko Kpodzro ne le soutiennent pas; ils choisissent de présenter contre lui Agbeyomé Kodjo.

Un consensus ?

Que ce soit Monseigneur KPODZRO qui, au détriment de Jean-Pierre FABRE, porte son choix sur Agbeyome Kodjo comme candidat d’opposition coalisant plusieurs partis est une chose éloquente. Tout l’électorat catholique qui est non négligeable et même une bonne partie de l’électorat chrétien peut-être tenté de suivre ce qui s’apparente à une consigne de vote.

S’agit-il d’une opération du saint-esprit ? Une affaire où le seigneur aurait touché dans son sommeil du juste, son disciple Philippe Kpodzro; Un consensus, faute de mieux mais basé sur du « tout sauf Fabre » aurait-il guidé ce choix ? Ou a-t-on vu en l’homme au CV long comme le bras (ancien Ministre, Ancien Président du parlement, Ancien Premier Ministre, Ancien patron du port autonome de Lomé), donc rompu à toutes les hautes fonctions républicaines, l’homme providentiel pouvant faire le poids devant la mastodonte UNIR ? Chose curieuse, Agbeyomé Kodjo et son parti se sont soustraits d’une coalition d’opposition qui demandait l’alternance ou rien; pour montrer des signes d’ouverture à l’endroit du pouvoir. S’il est l’homme indiqué pour représenter aujourd’hui une coalition d’opposants ayant mis à l’écart l’ANC, que faut-il comprendre ?

Ce qui doit pouvoir rendre intéressante cette élection à venir, ce n’est pas tant la victoire annoncée de Faure Gnassingbe. Le peuple y est presque préparé, il s’y est habitué, il s’en est même désintéressé. C’est le candidat qui arrivera deuxième à la présidentielle qui fera l’objet de toutes les attentions. Si pour la première fois depuis deux élections, ce n’est pas Jean Pierre Fabre qui se retrouve sur cette deuxième marche du podium, c’est que le peuple Togolais se sera découvert une maturité politique. Désabusé de la chose radicale, du tout ou rien, du non exclusif, en politique, les togolais se mettraient à prononcer l’heure du décès, voire même l’oraison funèbre du parti ANC; et renvoyer son leader, le temps de son mandat d’élu local, aux célébrations de quelques mariages, si des mariés veulent bien de lui.

Cela donnerait à coup sûr, un autre visage à la scène politique de notre pays, bien loin du manichéisme auquel l’antagonisme GNASSINGBE/FABRE l’a si bien habitué, l’a si bien lassé. Il est presque regrettable, qu’une telle union de l’opposition ne se soit pas faite au moment des législatives. L’Assemblée Nationale aurait été le siège de débats bien plus passionnants et bien plus pertinents.

Que le meilleur deuxième gagne !