Campagne électorale du parti UNIR au Togo – Ce que je crois

16 février 2020

Campagne électorale du parti UNIR au Togo – Ce que je crois

Ce que je crois… Si vous êtes un inconditionnel lecteur, fan, ou même groupie de Bechir Ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique, auteur de l’éditorial Ce que je crois, sachez le; je ne commets pas le sacrilège de chercher un tant soi peu à lui rendre hommage en écrivant un édito digne de lui. Il serait fâcheux et malhonnête de chercher à titiller son niveau d’analyse et de rédaction. Je n’ai pas cette prétention là, parce que je n’en ai ni l’expérience, ni la connaissance, ni la sagesse. Je suis un mâle honnête, autant être clair avant de me jeter à mon tour dans la campagne électorale au Togo.

  1. Ce que tout le monde pense

UNIR comme tous les autres partis politiques sont en campagne. Leurs leaders vont à la rencontre des populations, apporter un message, des promesses, et des actions qui peuvent en entraîner d’autres, plus conséquentes quand les électeurs leur accorderont leur confiance. Le parti le plus riche, donc le plus puissant, dont le camp se trouve être celui du président sortant ne lésine pas sur les moyens. Les grandes affiches sont pour UNIR, les affichettes sont pour les autres partis d’opposition.

2. Ce que l’on sait

Tout l’appareil d’état semble paralysé, tétanisé, statufié même, le temps d’une campagne électorale. Tous les cadres de l’administration publique, les ministres, les parlementaires du parti au pouvoir se retirent dans leurs régions d’origine respectives pour battre campagne, parler aux électeurs afin de lui assurer une base solide pour remporter l’élection présidentielle.

La curiosité de cette année, c’est qu’à ce lot officieusement mobilisé pour la victoire, se sont greffés la majeure partie des entreprises privées, des PME et des PMI, des artistes de la musique, y compris, ceux qui avaient eu des mots pas très vertueux à l’égard de Faure Gnassingbe et de sa suite,devenus les premiers supporters d’aujourd’hui. Les couleurs dominantes de la campagne électorale au Togo sont les bleus et blancs UNIR, remplissant places publiques, stades, terrains et grands espaces, quand les autres candidats de l’opposition peinent à rassembler un embryon de foule. Il va être difficile de croire que les résultats aient un autre visage.

3. Ce que je crois

Je crois que cette année, le parti UNIR n’aura pas investi autant d’argent que pour les deux ou trois élections présidentielles précédentes. Pourtant, sur le terrain, tout montre que les moyens n’ont pas manqué. Le ballet de grosses cylindrées portant les des affiches à l’effigie du président sortant est toujours aussi impressionnant. Le parti a bénéficié de donateurs privés. Un peu comme à l’américaine. Ceux que l’appareil d’état a contribué largement d’ailleurs, à rendre riche font montre de reconnaissance au chef de l’état en mettant à sa disposition leurs moyens. Ils disposent par là même pour l’avenir en n’oubliant pas que cet afflux de dons d’ici et d’ailleurs (entrepreneurs français, libanais et même chinois) fait passer un message clair : Monsieur le Président, quand vous serez reconduit aux affaires, ne nous oubliez pas ! Les cadres et responsables de service dans l’administration publique, jusqu’aux membres du gouvernement s’inscrivent dans le même mouvement. Ils donnent probablement de leur temps, de leur énergie et un peu de leur poche aussi. Et ce n’est pas répréhensible, c’est d’ailleurs même ce qu’il faut faire quand on a la fibre militante qui vibre.

4.Le véritable défi

Le Togo de 2017 à 2019 s’est bien porté économiquement, mais on ne le sait pas. 4,8 à 5,3%, et une estimation de 5,5 à 5,9% de croissance pour l’année 2020. Le Togo gagne 59 places en deux ans dans le classement « doing business » de la Banque Mondiale, les indicateurs macroéconomiques sont au vert, on dit même que le pays fait partie des dix économies du continent où les affaires s’améliorent. La phrase qui marque la nette embellie du climat des affaires vient du FMI : « La reprise économique se raffermit ». Tout ceci reste évidemment mignon. Le seul hic pour cette présidence hyper-active, qui pisse des arc-en-ciel, chie des dauphins, c’est que quand on parlera de climat d’affaires, ce sera une météo dédiée au milieu des affaires qui gravitent autour de la présidence et financent sa campagne en faisant sillonner les villes et campagnes de rutilantes 4X4. Quand à l’orée du nouveau mandat, on ne trouvera pas une seule voiture 4 roues motrices pour aller vacciner les bébés de djarkpanga, on repensera au beau climat des affaires et à ses beaux chiffres… et on boira à leur santé : le pays va bien.

Le défi du prochain mandat, ce sera d’étendre cette embellie des affaires à toutes les couches de la population, pour que les chiffres ne demeurent pas juste jolis à voir, mais qu’on atteigne une croissance de 8 à 9%.

Sinon, faire une campagne électorale avec des Cadillac Escalade, l’idée séduit au prime abord. C’est quand on aura pénurie de carburant, parce que ces voitures gourmandes ont tout bu dans leur carburateur, qu’on saura ! 😆

5. note drôle – Quand pagne rime avec campagne

Le parti UNIR fait imprimer des pagnes pour la campagne. Dans certaines contrées du pays, se vêtir est un luxe qu’on ne doit pas se permettre au risque de rester affamé le reste du mois. Le Pagne UNIR ne se porte pas alors pour la campagne électorale seule. Il sera ressorti pour d’autres occasions : l’église, des festivités, des réunions importantes etc. Ce n’est pas seulement pour faire montre de fibre militante. C’est aussi parce qu’on n’a que ça à se mettre pour être sur son 31.

Ceci dit, si on voit encore des pagnes UNIR après la campagne électorale, c’est qu’une partie du peuple n’a rien à se mettre. Et c’est bien là, un aveu d’échec du gouvernement. Qu’on ne me donne pas raison pour les 5 prochaines années à venir.

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