Eteh Komla ADZIMAHE

Le #BlogCamp228 passe la sixième

C’est pour ainsi dire la vitesse qu’il faut passer quand on est déjà à 120km à l’heure, sur une autoroute, à bord d’une voiture de sport. Une sorte de vitesse de croisière, une allure que l’on conserve pour aller bien plus loin encore, vite, bien, et avec application.

Ceux qui totalisent au moins cinq éditions de BlogCamp au compteur connaissent bien cette sensation, habitués qu’ils sont à cette grande messe des blogueurs togolais, ouverte depuis quelques années aux blogueurs venus d’ailleurs.

Cette rencontre annuelle, organisée par l’association des blogueurs togolais, était dédiée cette année aux emplois durables et à la monétisation des contenus sur Internet. Vivre du blogging, beaucoup en rêvent. Mais cela pourra-t-il un jour être possible ? Il fallait se rendre à Défalé, au nord du Togo, pour avoir quelques éléments de réponse.

En vidéo, le résumé des activités de la première journée, ici au #BlogCamp228.Délégation UE Togocel Libertis BOAD#Team228 #Togo #Tgtwittos #Tginfo

Publiée par Blogueurs Togolais sur Samedi 23 novembre 2019
Résumé du premier jour de #BlogCamp228 en images…

Cette sixième édition aura fait son bout de chemin non sans peine, nous diront les organisateurs. Sauf que ces peines-là justement, on ne les a pas vues, entendues ou ressenties. Et c’est tout à leur honneur.

Bien sûr on nous rappellera qu’en 2014, on a dormi dans un internat à Togoville, que jusqu’en 2017, on prenait des bus brinquebalant, sans air conditionné, qu’il faisait chaud et qu’on ne supportait tout cela que grâce à la bonne humeur des discussions animées le long du trajet. Mais à chaque fois nous sommes revenus grandis, transfigurés même.

Avec Aphtal Cissé, Guillaume Djondo, Aristide et tous les co-organisateurs des éditions précédentes, il faut à chaque fois se préparer à vivre quelque chose qui nous dépasse tous, et qui les dépasse tout autant.

Que le peuple qui les observe aujourd’hui se prépare à compter avec eux demain

On disait de la jeunesse qu’elle était irresponsable et insouciante, incapable de poser le moindre acte bénéfique pour elle-même ? Voilà bien six ans que nous nous sommes tous trompés, louvoyés, égarés, fourvoyés, déroutés. À chaque fois qu’on leur en a donné les moyens, ils ont réussi avec brio et rapporté des résultats. Il est peut-être temps de leur ouvrir les portes de la politique, cet art de conduire les bipèdes sans poils ni cornes. Des jeunes élus locaux ou parlementaires que notre pays vient de porter dans les institutions de la république, en sont aujourd’hui à décider pour nous, pour moins que cela.

A la seconde journée, du Blogcamp228, les participants ont effectué une randonnée pédestre, dans les montagnes de…

Publiée par Blogueurs Togolais sur Lundi 25 novembre 2019

Messieurs les organisateurs, le #BlogCamp228 est à travers vous une volonté. Celle de servir les idéaux de la jeunesse, et de porter un message humaniste dans tout le Togo, au plus profond de nos traditions. À travers vous, nous apprenons à vivre notre démocratie et à prendre la mesure des combats qui attendent notre jeunesse, loin des ambitions politiques faussées de nos aînés.

Aujourd’hui plus que jamais, six éditions sans faute nous permettent de souligner que malgré tout ce qu’il adviendra, l’opiniâtreté, l’obstination, la ténacité, l’acharnement, la persévérance, le zèle, le courage, la volonté, la force, la constance, la continuité, l’endurance, l’enthousiasme, la ferveur, l’obstination, l’entêtement, l’envie, l’insistance de former, d’informer, de dire, de rire, de faire rire, continuera, se poursuivra, s’entêtera, persistera, se perpétuera, se prolongera, s’étendra, se renforcera, s’intensifiera, encore, toujours, invariablement, constamment, continuellement, sans cesse, assidûment et éternellement.

François Mitterrand disait que le devoir de la jeunesse, c’est d’atteindre l’impossible. En ce qui vous concerne, c’est fait ! Et on remet ça l’année prochaine, quel que soit l’endroit du Togo où vous nous emmenez.


Beer 2 Beer à Eskapad

Pour tout vous dire, je ne savais pas par où commencer. Carburer à 6 bouteilles de Guinness la même journée vous change un blogueur (si on peut considérer qu’il en soit un). C’est un blogueur sous pression (pensez bière ça viendra doucement) ; et les vapeurs de levures lèvent les barrières du surmoi qui l’empêchaient de dire deux ou trois conneries sans émoi.

C’est Georges Clémenceau (allez chercher qui c’est ?) qui dit : Quand on veut enterrer un problème, il suffit de créer une commission;

Ou dans notre cas spécifique une khom-mission. Du calme, vous allez comprendre le délire orthographique, ça vient, continuez par astiquer ça va sortir tout seul.

Dans l’affaire qui est encore pendante devant le tribunal de ces hommes de lettres sans grands livres célèbres, sans chaire à l’académie _ c’est des blogueurs, mi-ivres, mi-raisons, mi-tout ce que vous voulez _ il y a un dîner de cons (c’est pour rendre hommage au film) et des mecs assis sur une terrasse surplombant sans grande hauteur, le boulevard Faure Gnassingbe (il a fallu que ce soit ce boulevard-là). De leurs cerveaux diminués, ralentis, embrumés,  ils sont là, las à refaire le Togo, l’Afrique et le reste du monde autour d’une table sans grande conviction.

Nous avons été invité par un apprenti blogueur de bas étage (il habite au rez de chaussée de son immeuble) et de haut vol (il met le volume de son écouteur à fond) à une khom party. En gros, un soir, une Ornella décide de rouler des boules de pâte de maïs dans des feuilles d’épi de maïs (tout est bon dans le maîs) avant de le laisser cuire à vapeur dans une marmite qui dieu seul saura s’il ne tiendrait lieu du chaudron de Satan rougeoyant sur des charbons ardents. Pour Satan c’était juste de la poésie, je ne le connais ni d’ève ni d’adan, ils ont bouffé la pomme sans moi de toute façon.

La chaudronnière donc, parlons-en vite et bien; Il se raconte que dans ses escapades nocturnes, seule ou accompagnée, elle serait tombée sur ce petit coin de paradis entre l’hôtel Concorde et le carrefour Limousine d’Avedji. C’est ainsi que frappée d’une inspiration dont seules les femmes d’affaires ont le secret, Ornella décida d’orner là un restaurant avec terrasse où des pauvres damnés comme moi ou Obed ou Renaud ou Etienne ou Eli ou parfois Benedicta, la seule fille pour cinq garçons, donc en commission non-paritaire, viendraient noyer leurs soucis dans la sauce piquante et l’alcool éthylique. Et ce, même si par les temps de vie chère et de mort moins chère que nous traversons, les soucis sont résistants à la noyade, ils apprennent à nager.

Le khom fumant déposé dans les plats ressemble à des fesses de nourrissons emballés dans des couches pour bébé. – oui je sais ça fait gore… c’est mon côté céréale killer, que voulez-vous?

Bref, c’est assis en khom-mission que nous mangeâmes du khom, buvâmes de l’alcool, draguâmes (on dirait la monnaie grecque) une drag-queen qui s’appelait Joyce, ne travestissons pas les faits, on s’est quitté d’un commun désaccord à 4h du matin.

Moralité de l’histoire ?

La vie d’irresponsable est la meilleure. Et selon les indiscrétions, on remet ça dans pas très longtemps. Si le coeur vous en dit, venez payer pour vous et boire avec nous.

PS : Après si vous voulez, on ira tous faire la grosse khom-mission. Assis là bas longtemps, à faire du jeu de trône; là bas où prévaut la loi du pousse-fort ! plus on pousse, plus il en sort!

Coulisses de l’histoire :

Ils vidaient leurs verres, priant que la prochaine bière ne tarde guère… et vint le chaos. Verres renversés, bouteilles retournées, hommes avachis, les yeux mi-clos, la tête rejetée en arrière, la bouche ouverte, comme plongés dans une transe, et une chaise vide, celle de Bénédicta, ayant abandonné trop tôt, des buveurs qui lui reprochent de ne pas avoir l’esprit d’équipe.

Le salaud sursauta comme mû d’une soudaine expiration : Messieurs ! il nous a été demandé de trouver un nom à ce restaurant et personne ! personne n’a fait de proposition acceptable de tous !

Réponse des autres tintée de ronflements, de grognements, tel des moteurs V6.

Les autres : Eskapad’autres propositions ?

Le salaud (brusquement illuminé) : Bah voilààà, ça sera Eskapad. Le nom du restau est dans notre incapacité à lui trouver un nom. Eskapad’autres propositions ! et son Diminutif : ESKAPAD.

Les zombies se levèrent et s’éloignèrent en étoile.


Togo : une affiche « Merci Papa Faure » 2 ?

Merci Papa Faure était un panneau d’affichage de remerciement – et d’un peu de « lèche-bottisme » aussi – du temps de la construction de cantines scolaires (sitôt fermées – faut-il le rappeler).

Cette semaine – et pardon, pour n’avoir pris de photo, j’étais sous le choc – nous avons découvert sur l’une des artères les plus fréquentées par la circulation routière loméenne un nouveau panneau de remerciement au Président de la République.

Mon cerveau encore horrifié et horripilé n’a pas pu garder l’exacte phrase portant gratitude au chef de l’état togolais, souffrez que je ne vous la cite pas mot pour mot.

Je peux seulement vous dire qu’au carrefour Collège-Protestant de Lomé / Hopital de Tokoin, il y a un panneau géant posé à même le sol, barrant l’accès à une route en réfection depuis plus d’un an, grâce au Chef de l’Etat – nous dit l’affiche.

La situation tient-elle du ridicule ? ou du rocambolesque ? de la démence d’un publicitaire en plein délire ? ou d’un laudateur, flatteur à la recherche d’espèces sonnantes et trébuchantes ?

Parce que (pour ceux qui ne le savent pas) cette voie asphaltée a une histoire de route à l’africaine. Elle a été refaite plusieurs fois et n’a jamais passé le cap du nouvel an suivant sans être constellée de nids de poule, puis de nids d’autruche et parfois même de quelques cratères dignes d’un paysage où la nature avait repris ses droits cahin-caha.

Chantier plusieurs fois à l’arrêt – route refaite partiellement – ou encore ouverte puis refermée à la circulation et enfin, affublée d’un panneau de remerciement pour quelque chose qu’on ne voit pas. C’est la vraie définition biblique de la foi : La ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration des choses qu’on ne voit pas. Dieu lui-même serait du côté présidentiel, dussiez-vous en douter ?

Jusque-là moi, franchement, ça me va, je m’en fiche, je vis dans un pays de merde, on est tous mal barrés… Entre Togolais, c’est le désespoir. Lomé ne sera jamais Paris. Ce n’est même pas Accra déjà hein… capitale du ghana à 200km de la nôtre. Pour tout vous dire, j’ai appris à accepter ma nationalité togolaise comme une blessure. Et je défends à tout esprit d’émigration de la guérir, aucune envie d’aller contribuer avec ma peau de nègre à cette marée noire sur les côtes européennes. Un peu d’honneur quand même, mourrons dans la dignité !

Ce qui me gêne c’est quand même cette formidable poussée de remerciement déclenchée par certaines personnes dans mon pays. Qu’à cela ne tienne, si le Président a réussi à faire une route, c’est après tout son travail, c’est pour ça qu’on lui paie son « salaire » de Président, non ? Bien que je doute que le président de la République soit demandeur d’un panneau géant de remerciement à son effigie, pour se remercier lui-même, je me dis quand même que si reconnaissance il y a, elle doit venir du peuple et de manière spontanée. (A moins qu’on se soit dit dans les cercles concentriques du pouvoir que ça n’arrivera jamais, mais bon…)

Plus bizarre encore, le fait que le président de la République soit à la recherche d’une certaine légitimité alors même que toutes les élections de ces dernières années : présidentielle, législatives, locales, ont été remportées par son parti. Pour qui sont ces affiches qui montrent le Président se faire remercier pour des routes non encore achevées ? Ou pour faire plus intello : pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? Jean Racine et l’une des plus belles allitérations qu’ait porté la langue française.

Chers flatteurs et autres laudateurs du président de la République : le corps diplomatique représentant les pays bien portants et bien plus développés que le nôtre nous regarde. Chez ces étrangers-là, on sait au moins que personne ne fait de panneau pour remercier le président de la République pour une route en mal d’achèvement. Surtout qu’on ne sait pas si son espérance de vie s’étendra bien plus loin que ses précédentes réincarnations.

Au Burundi, Pierre Nkurunziza, le président de la République a été le meilleur buteur du championnat national de football. Au vu des buts qu’il marquait un peu trop facilement, que de railleries et de moqueries n’avaient à l’époque déferlé sur ce pays oublié de Dieu le tout puissant. Au Togo, le Président est le meilleur bâtisseur de routes à faire et à refaire… Franchement, je n’ai rien contre lui mais pour son image, et pour ne pas finir comme les présidents meilleures buteurs, ne faut-il pas rappeler que les chiens de la communication l’avilissent ? Qu’ils arrêtent de tomber dans le panneau pour qu’on passe à autre chose, ou qu’on digère nos difficultés quotidiennes avec des cerveaux en paix.

J’ai longtemps fait marrer des amis avec cette anecdote africaine que je voudrais vous laisser en guise de mot de fin :

Dans un pays africain, on a trouvé un jour que la route menant à un village trop enclavé était devenue impraticable. Le gouvernement a voté, puis commandé à une entreprise de génie civile qui se révélera véreuse, une réfection totale de la voie. Alors évidemment, la route est faite. Le chef de l’état l’inaugure en grandes pompes, quelques jours avant les premières pluies de l’année. Vint alors la première pluie. Toute la route est partie avec elle. Il se raconte que les villageois ont manifesté pour qu’on leur ramène l’ancienne route qu’ils avaient avant les travaux.

Au moins au Togo, ça n’arrivera pas. On ne manifeste plus. En tout cas pas comme on veut…


DJ Arafat est mort ! et alors ?

Alors, autant vous prévenir tout de suite, je ne sais plus exactement, mais j’ai peut-être l’équivalent de quatre (04) bouteilles de 33 cl de guinness dans le sang. Cette bière est la meilleure au monde. Hommage à Arthur Guinness l’irlandais. Je ne sais pas ce qu’il a mis dans sa recette de bière, mais franchement… le monde est  bien meilleur toute bière bue; toute bière confondue.

Qu’il soit également tenu pour dit que je ne suis pas un fan d’Arafat. Autant je_qu’est ce que moi ? que vaut l’opinion d’un salaud ? arrêtez vous de lire et fermer cette page, je m’en fiche_lui reconnais un certain talent, mais mis dans la balance face aux multiples scandales dont il est le principal acteur, meneur, ou participant ? moi, sa mort, franchement… pour  vous dire… à voir les actes et les propos de l’homme ? on peut dire qu’il n’est pas une lumière et par conséquent, il ne fera de l’ombre à personne.

Et puis, mettons-nous d’accord ! les lois de la physique restent irrévocables par le fait même qu’ils sont intangibles. Aucun alcool, aucune drogue ne peut l’excuser. Quand vous roulez à plus de cent à l’heure et qu’un obstacle surgit devant vous, le pronostic vital est engagé. Vous voulez gagner ? soyez Dieu ! priez Dieu ou trouvez-lui un substitut 😆

Où est alors le souci ? bah que les gens veuillent se nourrir de la mort… de la mort des autres… cette nécrophagie montée de toutes pièces par des tweets venant de tous les horizons; Surtout de ceux qui sont des pseudo-stars, pseudo-célébrités qui profitent de la mort d’une célébrité pour écrire des mots qui rappelleront leur existence minable; ou les rappeler aux bons souvenirs de leurs fans qui les ont oublié ? ou leur permettre de succéder au DJ mort sur la scène artistique ? bof…

Que ceux qui pensent ne pas profiter de la mort de DJ Arafat le prouvent ! qu’ils fassent un speed challenge à bord d’une moto à grande vitesse sur twitter. Allez heurter de plein fouet une ford focus, mourrez comme lui!  avec lui ! C’est la seule manière véritable de prouver que vous aimez DJ Arafat. Si vous aimez DJ Arafat, suicidez vous comme lui !

Le seul remède à la vie, c’est la mort librement consentie. L’exemple vient d’en haut : « Suicidez-vous jeune, vous profiterez de la mort », nous dit le Christ avant de s ‘autodétruire sur la croix à l’aube de sa trente-troisième année. Si le Christ ne s’est pas suicidé, c’est que je n’ai rien compris au Nouveau Testament – Pierre Desproges – Vivons heureux en attendant la mort.

Si vous aimez DJ Arafat, alors faites comme lui !


Togo : le 21 juin est la journée des martyrs controversés

Déjà elle est fériée, chômée et payée sur toute l’étendue du territoire nationale. Mignon ! 😆

Après bien-sûr, nous les togolais d’en bas, on s’en fout. Pas intéressés de savoir à quoi sert cette journée, qui est mort, qui est resté vivant, pourquoi on la fête etc. etc. non, on a une journée pour se prélasser, c’est l’essentiel.

Je ne sais pas ce qui m’a pris d’aller chercher les raisons de cette commémoration, ni l’histoire des martyrisés, mais en y réfléchissant, la controverse me vint comme une vague heurtant le récif. J’en ris encore, j’ai aliéné deux ou trois potes en leur exposant ma vision des faits, et la bière aidant, je me suis dit, allez, je vais bloguer ça vite fait; et s’il y en a qui sont pas d’accord avec moi, bah vive la démocratie.

1957 ! c’est l’année où tout commence. A cette époque là, la plupart des pays africains aspiraient à l’indépendance et faisaient ce que les partis d’opposition font aujourd’hui quand ils sont en mal de stratégie : ils manifestaient. Les ancêtres des gilets jaunes peut-être ???

Il se raconte par exemple dans cet article du quotidien national Togo Presse que cette année là, à Pya Hodo, village de la région d’origine du père de la nation, des nationalistes togolais avides d’indépendance, mus par une fibre souverainiste, ont manifesté contre l’armée coloniale française un 21 Juin 1957. Les militaires français, comme on pouvait s’y attendre un peu quand-même, ont répliqué (ainsi que cela ne se fait plus) par des tirs à balles réelles présentant quelques indépendantistes à Dieu en personne, blessant d’autres mortellement etc.

Quelques années plus tard, dans une période post-indépendance qui n’était pas de tout repos, un des fils de la région, accéda au pouvoir et décida de rendre hommage à ces manifestants de Pya, qui ont donné leur sang (c’est presque chrétien, passion, agneau immolé etc.) pour l’accession du Togo à la souveraineté internationale. Ils furent élevés au rang de martyrs et la date de leur mort, le 21 Juin devint la commémoration de leur mémoire.

Là où mes potes se mirent à sourire, puis à rire autour de la table, c’est quand je leur ai rappelé que le Président Gnassingbe Eyadema, ancien soldat de l’armée française avait activement participé à deux guerres où la France luttait contre les indépendantistes d’indochine et d’algérie. Quelques cadavres de niakoués et de bougnoules ne valent-ils pas leur pesant de martyrs en perspectives.

Pourquoi le même Général-Président, après avoir quitté une armée française anti-indépendantiste a t-il voulu rendre hommage à des personnes (fussent-elles de son village) qui sont morts pour l’indépendance ?

Se serait-il renié, dédit, ou aurait-il tourné le dos à ses convictions ? bof… allez, mettons ça sur le dos de cet esprit de controverse qui accompagne de temps à autres nos actes manqués. Et disons que Gnassingbe Eyadema n’y a pas tout simplement échappé.

Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres hommes.

Pierre Corneille, Le Cid