Eteh Komla ADZIMAHE

Togo, et bientôt, les anges dans nos campagnes

Je sais ! Noël est passé mais cette chanson d’anges et probablement sans grands démons va prendre un autre sens bientôt au Togo. L’année 2020 est une année électorale, et qui dit année électorale dit Campagne. Champagne ! A sabrer ou à sabler avant même les résultats puisqu’on imagine, à moins d’un miracle non-souhaité, qui va gagner. And the winner is … !

Ceci dit, je voudrais faire un petit arrêt sur les campagnes électorales à la Togolaise, voire à l’Africaine puisque les similitudes doivent être légions d’un pays à l’autre. Tous ceux qui se sont vus confiés un mandat législatif, ou présidentiel attendent la dernière année, parfois les derniers mois d’avant la présidentielle, pour aller faire la danse du ventre et aguicher les populations rurales. Et fait surprenant; ça marche. A tous les coups.

Vous ne le savez que trop; la grande disparité en Afrique, entre la ville et la campagne subsaharienne profite bien aux politiciens. Il est plus facile d’obtenir le vote d’un habitant de la campagne en lui offrant un t-shirt et une casquette à votre effigie. En ville, c’est moins évident, beaucoup moins évident. Les périodes de campagne sont des périodes de faste où l’on fait ripaille, avant de se saper dans les plus beaux t-shirts et de casquettes à forts messages politiques (j’aurais pu faire Faure Message Politique, mais comme je me soigne…). Le t-shirt politique devient vite un habit du dimanche très prisé, dieu le père se voyant imposé, sinon évangélisé par le discours de propagande du parti. Ailleurs, le nombre de compétitions de foot croît inexorablement, les dons de kit scolaires etc.

J’aime raconter avec un sourire en coin, cette anecdote sur les dons de médicaments aux populations villageoises. La meilleure recette, c’est d’organiser une cérémonie de réception de dons de médicaments sur la place publique du village. Le candidat ou son représentant vient faire du personal branding, il coupe les scellés d’une boîte remplie de médicaments, tout le monde applaudi, on danse, on chante etc. La nuit venue, on vient sortir discrètement les médicaments de la case où ils sont stockés, puis on les emballe pour les convoyer vers un autre village où la même cérémonie de don sera reproduite le lendemain. Pour le parti, l’objectif est atteint : des caméras de télévision qui ont filmé plusieurs dons de médicaments… Les villageois peuvent mourir après, on reviendra voir ceux qui sont vivants… dans cinq ans.

Aujourd’hui les choses ont bien changé et ces habitudes se sont étiolées avec le temps, parce que même au village, on commence par distinguer le vrai du faux. Les t-shirts, casquettes, et autres gadgets jusqu’aux téléphones portables restent bel et bien des propriétés des consciences achetées.

Aujourd’hui, la meilleure manière de faire les yeux doux à l’électeur est de lancer de grands travaux : construction de route, de bâtiments publics etc. A Lomé ces derniers jours, il est renversant de voir à quel point les chantiers poussent. Votez pour nous, on va vous construire des infrastructures, la preuve, regardez, on a déjà commencé. Après les élections, s’ils ne sont pas tous devenus des éléphants blancs… En tout cas nous observons. Nous aurons mal mais nous ne pouvons rien faire, dixit Patrice Talon.

Au Togo, le mandat Faure by Four ou Four by Faure est dans les starting-blocks. La présidentielle se tient en Janvier prochain. Au vu de la montagne de défis qui s’amoncellent sur leurs routes, les hommes du pouvoir veulent aller vite, ils se sont levés tôt pour se mettre à courir. Vient alors la question : Sont-ils partis à point ?

Quand il n’y a plus d’enjeu, comme c’est le cas au Togo, on peut voir apparaître quelques candidats outsider se présentant contre le bulldozer national avec l’envie de se faire écraser aux élections. Une sorte de candidature kamikaze quoi ! Quel intérêt d’aller se faire péter la gueule si on sait à l’avance qu’on va perdre largement contre le candidat du pouvoir ? Bah c’est à dire que normalement chaque candidat perçoit du financement pour sa campagne présidentielle. Et comme il n’est pas obligé de tout dépenser…


Last Christmas est à voir absolument

Après bien évidemment, si vous êtes anti-français, que vous maudissez le CFA et que vous rêvez toutes les nuits que vous êtes en train de piquer (ou de niquer, oh l’horreur) des poupées vaudou à l’effigie de Bolloré… fermez cette page et retournez d’où vous venez en moonwalk.

En revanche, ceux qui s’en foutent réellement et qui pensent que l’Afrique s’est fait son mal toute seule sans la France, allez regarder Last Christmas à Canal Olympia (je n’ai pas été payé pour la pub).

Last christmas est une chanson de Georges Michael, chanson de noël bien sûr le christ n’en faisait pas des masses à propos ? Film à voir absolument, même si toute la bande son est un « on a gardé le meilleur » de Georges Michael. Georges Michael, vous le savez, ce chanteur british trop beau pour être hétéro, et qui a partagé la couche de l’autre chanteur Sir Elton John; à leur mariage, qui a porté le voile, ont-ils fait une danse à la queue-leu-leu à la réception, ont-ils joué des gay games, jeu de gay à leur soirée, là n’est pas le sujet, homophobes, passez votre chemin.

Last Christmas est une romance qui se regarde comme on lit un roman « so british ». Si des cinéphiles lisent ces lignes et qu’ils ont au moins regardé The Notebook, The Lake House, Un monde meilleur et surtout Love Actually, vous pourriez vous faire avoir malgré votre expérience sensible dans le domaine.

Faites vous plaisir, allez-y avec votre amoureux ou votre amoureuse, ou allez vous asseoir seul comme moi, au Canal Olympia, en ayant l’envie d’éviscérer les petites connasses qui n’ont pas arrêté de jacasser à côté de moi durant tout le film.

Et comme je n’ai pas l’esprit de noël, joyeux tout ce que vous voulez !


Fonctionnement d’une monnaie comme le CFA – pour les nuls

Pensons troc, puisqu’il s’agit du système le plus facile à envisager en terme de marché. Un pays africain produit de l’arachide pour aller le vendre au marché international. Sauf que ce pays a besoin de rentrer en Afrique avec un vélo. Vélo qu’il ne peut pas fabriquer lui-même. Que se passe t-il au marché ? bah on lui dit que pour lui donner le vélo, il faut dix sacs d’arachides. Ce qui arrive souvent, le pays en amène cinq et signe une reconnaissance de dette pour cinq autres sacs qu’il rapportera après. L’arachide est ici la richesse en CFA que nous sommes prêts à mettre sur le marché pour prendre ce dont on a besoin à l’international. Et comme notre arachide ne vaut pas grand chose devant un vélo… nous allons en mettre énormément avant d’en avoir. L’idée c’est que si on avait appris à fabriquer le vélo nous-même… nous aurions gardé nos arachides pour nous…

Après que ce soit avec ou sans le CFA, le vélo sur le marché international ne changera pas de valeur. Au pire, avec un taux variable, quand nos économies n’auront pas produit assez de richesse, le vélo sur le marché coutera encore plus cher en arachides…

L’image arachide-vélo utilisée ici est simpliste, mais elle est la représentation réelle de ce qui se passe entre nos économies de pays pauvres endettés et les pays occidentaux auprès desquels nous sommes obligés de nous fournir en grande majorité.


CFA-ECO, changer d’argent sans le comprendre ?

Les grands contestataires du CFA ne comprennent rien à l’économie monétaire. Et parfois, pour les plus érudits parce que brillants économistes, ils n’expliquent pas qu’il faut rester prudent. C’est même assez bizarre, venant de leur part, qu’ils puisse chercher à créer l’effondrement du système qui a fait d’eux ce qu’ils sont. Mais bon, passons.

Le plus agité d’entre eux, grand brûleur de billet de banque, a traité le passage à l’eco, d’action cosmétique. Il n’en veut pour preuve que le maintien pour quelques temps encore, de la parité fixe.

Les anti-cfa disent que le CFA ne rend pas nos pays compétitifs sur le marché international, qu’il coûte trop cher à nos pays à cause des réserves sur les comptes d’opération au trésor français, qu’il n’encourage en rien le commerce intérieur, qu’il nous lie à l’euro et que quand ce dernier prend un coup, nous en subissons les effets.

Ce que les anti-cfa ne nous ont jamais dit par contre, c’est comment on fait après le CFA pour ne pas nous porter plus mal qu’on ne l’est aujourd’hui ? Comment déployer l’industrialisation de nos pays pour nous rendre compétitifs sur le marché international ? comment on encourage le commerce intérieur pour rendre la nouvelle monnaie forte au sein de la zone éco et dépendre moins des importations de l’extérieur qui creusent nos économies ? Personne ne le dit.

Les anti-cfa ne nous expliquent pas non plus, comment par une opération du saint-esprit, une fois le CFA ôté, les problèmes de chômage se résolvent automatiquement, les revenus augmentent, comment nos pays retrouvent le plein-emploi grâce à leur nouvelle monnaie. Ils n’arrivent même pas à se mettre d’accord, sur la Banque Centrale qui doit gérer les réserves de la nouvelle monnaie. Ils ne disent rien !

J’essaie donc ici un début de fonctionnement d’une monnaie africaine. Pensons troc, puisqu’il s’agit du système le plus facile à envisager en terme de marché. Un pays africain produit de l’arachide pour aller le vendre au marché international. Sauf que ce pays a besoin de rentrer en Afrique avec un vélo. Vélo qu’il ne peut pas fabriquer lui-même. Que se passe t-il au marché ? bah on lui dit que pour lui donner le vélo, il faut dix sacs d’arachides. Ce qui arrive souvent, le pays en amène cinq et signe une reconnaissance de dette pour cinq autres sacs qu’il rapportera après. L’arachide est ici la richesse en CFA que nous sommes prêts à mettre sur le marché pour prendre ce dont on a besoin à l’international. Et comme notre arachide ne vaut pas grand chose devant un vélo… nous allons en mettre énormément avant d’en avoir. L’idée c’est que si on avait appris à fabriquer le vélo nous-même… nous aurions gardé nos arachides pour nous…

Après que ce soit avec ou sans le CFA, le vélo sur le marché international ne changera pas de valeur. Au pire, avec un taux variable, quand nos économies n’auront pas produit assez de richesse, le vélo sur le marché coutera encore plus cher en arachides…

L’image arachide-vélo utilisée ici est simpliste, mais elle est la représentation réelle de ce qui se passe entre nos économies de pays pauvres endettés et les pays occidentaux auprès desquels nous sommes obligés de nous fournir en grande majorité.

La prudence qu’affiche le couple Ouattara / Macron en voulant passer du CFA à l’Eco prend donc tout son sens. C’est la voie recommandable pour aboutir à une zone uemoa compétitive.

Sinon, souvenez-vous que ceux qui brûlent aujourd’hui les billets CFA en signe de protestation contre la France ont des passeports occidentaux. Si l’UEMOA s’effondre, ils peuvent même à ce qu’il paraît, se reposer sur la (ou aller se reposer en) Russie.


Le Salaud à l’église

… et il y a été traîné de force. Mon éducation m’interdisant de défier l’autorité parentale, je n’ai pas pu dire non à mon père et à ses airs de patriarche ces derniers temps. Limite, je lui laisse un bout de bois, il me sépare la mer en deux. Mais… Là n’est pas le sujet.

Car à l’église, rien n’a changé. Les beaux, les bobos, les riches, les politiciens, les hauts fonctionnaires; ceux qui pètent dans la soie de leur dessous, qui ont le dos au feu et le ventre à table, sont assis aux premiers rangs. Et le bas peuple, les gueux, les misérables, les uns, les autres, les etc, les « ça fait rien », les laissés pour compte, les ratés, les poisseux, ceux qui travaillent pour le roi de prusse, se saignent aux quatre veines pour une bouchée de pain, on est tous à l’arrière. A l’Eglise, rien n’a changé, puisqu’on n’y a toujours pas revu Dieu, depuis que son fils, fâché de ne pas être mort sur un canapé mais sur un morceau de bois, ne nous a jamais pardonné.

L’église est une affaire terrible ! Le mur où viennent s’afficher les porteurs de beaux habits, cassant les codes d’humilité du Christ. Jésus, qu’on vient y prier, magnifier et adorer, n’aimait pas les riches, les gens bien habillés, ou trop soignés. Ces espèces de métrosexuels du 21ème siècle après lui. Le fils magique de Marie et Joseph les avait en horreur, lui, jeune rabbin se promenant pieds nus, en pleine Galilée, et professant que le royaume des cieux était interdit aux riches.

L’église, cette affaire qui pend au nez de l’Afrique comme un égarement religieux sans précédent. Le continent africain est le territoire d’où monte le plus de prières vers le ciel ; et pourtant, des six continents de cette planète Terre, il est celui qui ne s’est jamais aussi mal porté. Avant la décolonisation et le marketing de réseau évangélique qui l’a accompagné, les dieux africains faisaient dans l’efficacité pure et dure; le manichéisme sans concession; vie ou mort sans transition. Tous les contrevenants à la loi étaient frappés par la mort. Les dieux étaient craints parce qu’ils étaient sans sentiment. Les hommes respectaient la loi de la nature qu’ils dictaient. C’était dictatorial, mais c’était bien. Puis vint le Dieu importé, emprunté aux juifs par les romains et vendu aux africains naïfs et incrédules par le colon qui nous l’a mis profond. Le Colon, à son arrivée en Afrique, ne s’est-il pas d’ailleurs enfoncé profondément dans la forêt vierge ? Quelle image ! Et nous, les africains, avons été séduits, corrompus, gâtés, par le Dieu qui pardonne même les péchés que nous n’avons pas encore commis. Et on nous dit que c’est grâce à son enfant qui a décidé de s’investir corps et âme dans la mort à 33 ans ! Et laisser une entreprise qui prospère depuis plus de deux mille ans ? Bravo ! C’est le plus beau conte de fée au mond,e fait de chairs transpercées et de sang versé. Buvez du bissap ! On peut conclure.

C’est fort de la largesse infinie d’un Dieu qui permet tout à ses enfants, que les africains sont devenus mauvais, fainéants, roublards, voleurs, méchants, assassins, vicelards . Vous pouvez voler, tricher, violer, tuer, oui vous pouvez vous le permettre; vous pouvez tout vous permettre, Dieu vous pardonnera. Tout est déjà pardonné. Le reste du temps, il faut une ou deux heures de culte ou de messe; parfois plus pour les plus cons et les plus connes; non pardon, je voulais dire les dévotes et les dévots de messe, s’accrochant à l’espoir de voir le miracle se produire : emploi, richesse, mariage. A partir de quand vous êtes-vous trompés de planète les gars ? On est dans la merde tout le temps, seuls quelques-uns y arrivent… et encore… on n’a jamais tout ce qu’on désire.

Ceux qui pensent qu’un grand barbu s’est assis quelque part dans les étoiles pour leur accorder des faveurs au gré de ses humeurs peuvent aller s’asseoir sur un banc en bois le dimanche, chantant, gémissant, glapissant, rampant, grognant, comme l’animalerie de serpents, d’hyènes, de chacals qui enrichit leurs âmes porteuses d’ombres.

Sinon, à bien y penser, au regard du nombre de cierges déjà brûlés à l’intention du très haut, s’il venait à exister, je pense que franchement, ce dernier n’attend plus grand chose de nous. Si Dieu existe, ça fait longtemps qu’il a quitté l’Afrique.