Eteh Komla ADZIMAHE

Togo, Anticonstitutionnellement vôtre ?

Le mot qui a le mérite de rendre le titre de cet article si long, fait l’objet de ce billet d’humeur.

D’entrée de jeu, j’aimerais préciser que cet article ne saurait tenir lieu d’un appel à une quelconque révolte, à une quelconque manifestation, sitting, ville-morte ou tout autre type de protestation populaire servant à marquer un désaccord face au pouvoir en place au Togo.

Je suis blogueur ou je prétends l’être au demeurant. Je suis membre de l’ABT, l’Association des Blogueurs Togolais. Suite aux évènements « parlementaires« , de ces dernières semaines, certains n’ont que trop attendu une réaction de l’Association des Blogueurs Togolais. Je n’ai reçu aucun mandat pour écrire ceci ou cela au nom de l’association. Mais peut-être ne l’oublie t-on que trop souvent… Une association se veut d’abord apolitique. Elle est d’ailleurs ouverte à toutes les sensibilités politiques et peut accueillir en son sein, sans distinction de race, de sexe, ni de religion non plus, tout blogueur quelque soit ses choix politiques. En espérant qu’au moins en son sein, la qualité du débat ou du blog puisse avoir une certaine hauteur tout en soutenant le pluralisme des opinions et des points de vue. Ce qui n’est pas le cas au sein de notre classe politique.

Ceci dit, revenons à l’affaire aujourd’hui « pendante » devant le Président de la République et son pouvoir de promulgation. Au cours du mois de décembre de l’année dernière, une proposition de révision de loi constitutionnelle a été introduite dans l’hémicycle. A la fin du mois de mars, elle a été votée par une majorité écrasante de parlementaires, faisant fi, (alors même que c’était facile à comprendre) des règles et des interdictions édictées par cette constitution elle-même, quant à sa révision.

L’idée de ce billet est de prononcer avec tristesse et fatalisme, l’oraison funèbre de la constitution « sortante« , ou même « mourante« ; et accessoirement, si vous en convenez avec moi, de boire à sa mémoire.

  1. Ce que disent les textes

Une fois promulgué, ce qui se décline entre les lignes qui suivent pourra être qualifié de « textes anciens ».

L’agonisante constitution stipule par exemple dans son article 30 que « l’Etat garantit dans les conditions fixée par la loi, l’exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation pacifique et sans instrument de violence« . Le maitre-mot ici c’est : « Garantit ». Même si une conférence de presse a été interrompue et quelques manifestations tuées dans l’œuf. Même si…

Mieux, cet article 45 « Tout citoyen a le devoir de combattre toute personne ou groupe de
personnes qui tenterait de changer par la force, l’ordre démocratique établi par la
présente Constitution
« . On sait jamais comment ce texte peut-être interprété. ça peut finir en échauffourées, pneus brûlés, etc. De nos jours, plus personne ne veut se rabaisser à cela. ça sent la fatigue et franchement, depuis les années 90, (après 34 ans), on a raison.

Si vous trouvez comme moi que ces deux articles sont trop durs et qu’à tort, cela peut pousser « la bande d’incontrôlés » à s’illustrer en animosité, Dieu nous en garde, regardons un peu plus bas dans la bientôt ex loi fondamentale, l’article 74 : « Le Président peut adresser des messages à la nation; il s’adresse une fois par an au Parlement sur l’état de la nation ». Allons regarder un peu ces dix voire quinze dernières années ? … no comment.

Qui juge de la constitutionnalité de la loi par exemple ? Article 99 : « La Cour Constitutionnelle est la plus haute juridiction de l’Etat en matière constitutionnelle. Elle est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques« . La Cour Constitutionnelle soudain très silencieuse ; et qui sort de son mutisme seulement pour célébrer l’accueil de ses nouveaux membres.

Essayons encore autre chose. L’article 146 : « la source de toute légitimité découle de la présente Constitution« . Celle qui n’est pas respectée ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, quand ça arrange la majorité, elle s’appuie sur cette même constitution à l’article 52, notamment son dernier alinéa, celui qui stipule clairement que « les membres de l’Assemblée Nationale et du Sénat sortants par fin de mandat ou par dissolution restent en fonction jusqu’à la prise de fonction effective de leurs successeurs« . 1 but à zéro.

Ils enfoncent le clou avec le 2eme alinéa de l’article 144, où il est écrit que « le projet ou la proposition de révision de la loi constitutionnelle est considérée comme adopté si elle est votée par la majorité des quatre cinquièmes (4/5) des députés« . Là, le filet tremble une 2eme fois.

Sauf que en face, on oppose assez clairement, dans le même article, l’alinea numéro 5, celui qui dit qu' »aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie en période d’intérim, ou de vacance ou lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire« . 2 buts à 1, pour la majorité. A la limite on fait intervenir la VAR car ici on considère ou pas suivant les différents bords politiques que l’Assemblée Nationale est intérimaire depuis la fin de son mandat. On rappelle également que la région des Savanes au nord du pays est en état d’urgence, et ce qui fait que l’alinéa prend tout son sens. Disons qu’on reste au même score de 2buts à 1 donc.

Là où se produit l’égalisation, c’est l’article dont la majorité ne veut pas entendre parler. Le fameux article 59, le seul qui se suffit à lui-même dans cette constitution puisque précisant qu’il ne peut être modifié que par voie référendaire. Car, il dispose de la durée du mandat présidentiel. 5 ans ! renouvelable une seule fois ! et c’est justement pour éviter que cette durée ne soit raccourcie ou ne soit allongée par un toilettage quelconque qu’il a été encadré, goupillé, cristallisé par la modification par voie référendaire. 2 buts partout ! A ce niveau, techniquement, aucune révision de constitution ne devrait faire sens. mais bon…

3eme but avec les textes de la CEDEAO ratifiés par le Togo qui demandent qu’on ne touche pas à la constitution à quelques semaines d’une élection. Mais bon, là encore, passons… (ou lisez le très bon article du Doctorant MOUGUE Bibi Pacome, il est bien plus complet que ce blog et on en ressort en homme averti).

DE L’ILLICÉITÉ DE LA RÉVISION CONSTITUTIONNELLE DU 25 MARS 2024 AU TOGO

2. Coup d’oeil dans le retroviseur

Aux lendemains de la Conférence Nationale Souveraine, la constitution nouvellement adoptée, donc flambante et neuve, donnait déjà l’impression d’avoir été taillée sur mesure contre le Président Eyadema. 10 ans plus tard, alors que finissaient les deux mandats qu’autorisaient cette constitution, pour le Président Eyadema, une Assemblée Nationale à majorité RPT (parti au pouvoir) retouche la loi fondamentale pour sauter le verrou de la limitation de mandats et établir d’autres dispositions allant à l’avantage du Chef d’Etat. Enfin taillée sur mesure.

Chose curieuse, 13 ans plus tard, c’est encore un groupe parlementaire du parti au pouvoir UNIR (refonte du RPT et autres ailes marchantes) qui introduit une proposition de loi pour limiter le nombre de mandats présidentiel en 2015. C’est même durant cette modification, que la voie référendaire, seule voie à suivre pour réviser l’article 59 fut inscrite noir sur blanc.

« Le maître-mot d’un article ce n’est pas qui, quand, où, comment, mais le Pourquoi » – je cite le personnage du journaliste Elliot Carver dans James Bond – Demain ne meurt jamais. « Pourquoi » le même camp politique qui a verrouillé 9 ans plus tôt une loi fixant la durée du mandat présidentiel s’échine aujourd’hui à la modifier au forceps, passant outre les garde-fous de cette voie référendaire rajoutée en couche de protection sur l’article 59.

C’est écrit sur le tombeau de Martha MITCHELL, femme de Procureur du temps du scandale du Watergate aux Etats-Unis, écrit aussi sur le mur à l’entrée du bâtiment de la CIA, l’agence de renseignement américain : « Vous recherchez la vérité et la vérité vous affranchira » – Jean 8:32.

Pour ainsi dire que sur ce qui fait courir le pouvoir vers un régime parlementaire, en vérité, nous n’en savons rien !

3. Le régime parlementaire, fashion

La nouvelle constitution, sauf rebondissement, sera promulguée prochainement par le Chef de l’Etat. L’article 67 indique un délai de 15 jours. Mais même-là, la loi n’est pas claire. Le délai de 15 jours s’applique peut-être seulement à la première délibération. Si le texte est renvoyée en deuxième lecture et qu’il est retourné à l’exécutif, le délai de promulgation est-il toujours de 15 jours ?

Autant le rappeler et vous laisser vous faire votre propre opinion : « Le Président de la République promulgue les lois dans les 15 jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée par l’Assemblée Nationale; pendant ce délai il peut demander une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles, la demande doit être motivée. La nouvelle délibération ne peut être refusée« .

On peut donc être sûr. Au stade où on en est, soit elle est promulguée et nous buvons tous le calice jusqu’à la lie, soit elle ne l’est pas et de toute façon, rien ne change, ce qui ne serait pas trop mal.

Cela dit, pourquoi cherche-t-on à passer d’un régime présidentiel (où le Président est élu au suffrage universel direct, donc élu par l’ensemble de la population) à un régime parlementaire (où les représentants du peuple élisent le Président de la République au parlement, mais aussi un Chef de Gouvernement qui parait-il sera affublé pour le coup, du vocable de Président du Conseil et dans les mains duquel sera concentré le véritable pouvoir exécutif).

Alain FOKA, le patron de Mansa Group défend ce choix de gouvernement. Son argumentaire est tout de même abscon. Il s’agit selon lui, de ne plus concentrer le pouvoir dans les mains d’une seule personne et de passer à un système de démocratie « plus ouvert » ou quelque chose dans le genre. Le camp présidentiel est même allé dire que ce système de gouvernance améliorerait les conditions de vie de nos populations. C’est trop facile.

On a entendu également quelque part le « Une élection présidentielle en moins, c’est plus d’économie pour l’état » ? Encore trop facile.

Chose intéressante, un des acquis du régime présidentiel ou semi-présidentiel semble se perdre une fois que le Président du Conseil, chef de l’exécutif est élu par le Parlement. On ne sait pas si le mandat de celui-ci est finalement limité ou non dans la nouvelle constitution, ce qui, suivez mon regard, peut rouvrir un boulevard à la majorité et à son chef, un peu comme en 2002. En ce moment-là, Gouverner, ce n’est plus prévoir, c’est aussi s’ouvrir un boulevard me diriez vous ?

Mais là encore passons. Intéressons nous à ce débat plus profond qu’est la séparation du pouvoir exécutif du pouvoir législatif. Dans le cas d’un régime parlementaire qui semble séduire le pouvoir en place, cette séparation est occultée. Si une majorité parlementaire élit une personne à la tête de l’exécutif, il y a un retour de flamme qui fait de cette dernière non seulement le patron du parti, le patron de la majorité représentée à l’Assemblée Nationale, et le chef du gouvernement. L’argument de FOKA parlant d’un système ouvert a vite pris du plomb dans l’aile. Aile marchante ou aile volante, à vous de voir.

On ne s’en rend pas souvent compte mais en regardant la carte du vieux continent européen, en terme de régime de gouvernance, on peut faire rapidement le constat : mis à part la France, tous les pays sont à régime parlementaire. Aucun d’eux n’élit son Président au suffrage direct et tous les chefs de gouvernement sont les chefs de la majorité parlementaire.

Sous ce régime, le chef de la majorité impulse les lois qui régissent la vie politique durant le mandat. Chez les anglais, il a fallu 2 ans pour faire adopter une loi anti-immigration incluant une croisière imposée aux immigrants, demandeurs d’asile vers le RWANDA. L’actuel Premier-Ministre a fait des pieds et des mains pour obtenir le vote de cette loi à quelques encablures d’élections législatives où n’oublions pas, comme partout en Europe et par les temps qui courent, les tendances nationalistes ont la côte. Le constat est facile : Tout va bien dans un régime parlementaire jusqu’à ce que le chef de la majorité se trompe. Et là c’est deux institutions, le parlement et le gouvernement qui iront se tromper avec lui.

L’autre exemple est celui de la Belgique, et le souvenir impérissable laissé par ses législatives de 2019. En l’absence de majorité dégagée par un seul parti, il a fallu plus d’un an pour s’entendre sur la formation d’une majorité parlementaire et former un gouvernement. En pleine crise pandémique, un gouvernement de fait avait été mis en place rapidement par obligation; Nom d’oiseau ou pas, je le laisse à votre convenance et c’est très belge, ils l’ont appelé « le gouvernement minoritaire de plein exercice » .

D’un autre côté, on nous dira que l’herbe n’est pas verte du côté du régime présidentiel non plus. Mais tout est une affaire de loi et de texte. Nous parlions de l’Europe, vieillie, royaliste avec de surprenants choix politiques. Et si nous tournions notre regard vers ceux qui ont fui l’Europe avec la ferme intention de ne plus reprendre les mêmes erreurs, les Américains ? Ce pays qui nous surprend à chaque fin d’année quand il s’agit de voter le budget de l’année suivante. Le parlement bloque les propositions de l’exécutif jusqu’à l’obtention d’un arrangement ou une entente complète. De nombreuses fois, ils ont poussé la bagarre entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif, allant parfois jusqu’au fameux shutdown, c’est à dire à la fermeture de l’Administration Publique pour absence de budget, pendant que les discussions s’éternisaient. Bel exemple de démocratie à côté duquel passe Alain Foka ? Le législatif contrôle l’exécutif, l’exécutif contrôle le législatif, un jeu de pouvoir qui est assez transparent et qui montre qu’avec des sensibilités hétéroclites on puisse arriver avec force débat à atteindre une homogénéité des lois.

4. Sinon que conclure ?

Oui et surtout que faut-il faire face à ce changement.

D’abord ne plus s’en mêler parce qu’il y a trop de zones d’ombre. Pourquoi changer de régime parlementaire si subitement ? pourquoi le faire avec un parlement en fin de mandat ? bref, où est l’urgence ? et pourquoi fait-on fi des interdictions inscrites noir sur blanc dans la constitution qui préviennent, telle une prophétie, cette révision un peu trop forcée.

Il n’y a pas grand intérêt à vouloir observer non sans douleur, des institutions perdre l’une après l’autre le peu de crédit qui leur restait.

Cela reste mon opinion et je ne vais pas aller manifester pour autant ou m’en réclamer. Cette révision constitutionnelle est comme de la triche. C’est une situation où l’on s’appuie illégalement sur l’ivraie pour gagner ou obtenir un nouveau type de mandat. Une sorte de nouvelle expérience partant du mauvais pied.

En général, nous commettons tous l’erreur de croire qu’il est interdit de tricher. Alors qu’il n’en est rien. La vérité est qu’il est interdit de se faire prendre en train de tricher.

S’il n’y a aucun rapport de force qui puisse prendre le tricheur sur le fait et le condamner, alors techniquement il s’en sort et on ne peut rien lui faire.

Si vous avez compris ça, vous ferez comme moi, c’est à dire ne rien faire.

Article 150, dernier alinéa : Tout renversement du régime constitutionnel est considéré comme un crime imprescriptible contre la nation et sanctionné conformément aux lois de la République.

Mais comme on nous dira aussi que c’est pas ce que le texte voulait dire…


Donner à Sang pour Sang

C’est presqu’un message de Noël, un message de nativité. Le don de sang permet de renaître.

Je suis tenté de faire comme Stromae : que les donneurs lèvent leurs poches de sang pour ceux qui n’en ont pas.

Un proche dans ma famille a récemment eu besoin de sang. Etant d’un groupe O+ (Donneur Universel), il ne pouvait qu’être transfusé avec du O- groupage à rhésus négatif hélas souvent rare. Ces donneurs universels doivent pouvoir vouloir tout et son contraire à la fois.

Je me suis donc mis à la recherche du sang. D’abord au centre de transfusion sanguine, puis sur les réseaux sociaux. Merci à @giverstg , ZopiMag et à ceux qui ont retweeté.

Il y a une pénurie de poches de sang au Togo. Il y en a peut-être dans les corps humains en vie. Mais on n’en trouve pas en revanche dans les banques. Les banques de sang, là où le sang est traité, stocké, nettoyé et apprêté pour être transfusé aux patients nécessiteux. Pas de bonne santé sans sang.

Pour se procurer du sang, il faut se présenter avec une prescription d’un médecin (indiquant le groupage du patient) au CNTS, le Centre National de Transfusion Sanguine. Il faut ensuite s’asseoir sous un apatam d’attente, priant pour entendre à un moment donné, le nom du patient prononcé à travers un petit guichet. Il faut ensuite s’y diriger avec une glacière et de l’eau glacée en sachet (conservateur) et payer accessoirement le prix du sang (pour l’avoir analysé, traité et conservé).

« A chaque fois que vous refusez de donner du sang, un homme meurt »

Je ne pouvais pas imaginer le désarroi des personnes qui viennent tous les jours pendant deux jours, trois jours voire une semaine sans trouver le bon groupage. J’ai arpenté les couloirs de chaises alignées du Centre de Transfusion. J’ai retrouvé au fil des jours des visages qui devenaient familiers. Les mines défaites qui ressassaient la même phrase désespérante : « On n’a pas trouvé de sang, on nous a dit de revenir demain ». On était devenus des frères de sang.

Pourrais-je adresser suffisamment de reconnaissances, à Dieu ou tout autre vertu céleste du même acabit, et un peu les soutiens venus de tous bords, mais surtout le personnel très accueillant du centre de transfusion ? J’ai reçu des poches de sang après trois jours d’attente. Il m’a fallu ensuite quand même trois jours supplémentaires pour trouver la quantité nécessaire. L’ordonnance du patient précisait trois poches. Le centre ne pouvait nous fournir qu’une seule poche par jour.

Don du sang
ll y a une pénurie de poches de sang au Togo.

Que serait devenu l’homme que nous voudrions à tout prix sauver, si nous n’avions pas finalement obtenu ces poches de sang. En attendant de trouver du sang, nous nous rabattions sans trop d’espoir sur des prescriptions écrites par son médecin. Des ampoules injectables de ce qui pouvait être proche du sang, vendues à prix d’or, mais qui ne remplaçait pas le sang lui-même hélas.

Le patient, à son réveil quelques jours plus tard, alors qu’il était encore faible, étendu, grabataire, sur son lit de malade laissa échapper ce commentaire : « Les blancs ont tout fait, mais il faut se rendre à l’évidence. Ils n’ont pas encore pu créer du sang. Dieu est trop fort« .

A chaque fois que vous refusez de donner du sang, un homme meurt. Alors laissez-moi accrocher quelques cadavres à vos cous. J’accomplis ici un geste macabre, mais ce petit électrochoc suscitera peut-être une vocation de donneur ici et là.

Car c’est sans appel ! Un jour peut-être, le sang de l’autre vous sauvera. Alors pourquoi ne voudriez-vous pas être l’autre pour commencer ? Il faut choisir : être le sauveur ? Ou être celui qu’on a sauvé ?

Le patient pour qui j’ai effectué ce combat du sang est aujourd’hui sur ses deux pieds. A le voir marcher hier soir, soutenu par mon frère et ma soeur, s’appuyant sur sa canne noire, je me suis remémoré cette phrase dans Macbeth : « pourtant, qui aurait cru que ce vieil homme eut-en lui tant de sang ? » – William Shakespeare


Beer 2 Beer : Taguez la brasserie !

Si vous voulez savoir avec qui j’étais à table, allez directement à la fin de l’article, vous pourrez même lire l’article à l’envers,… Que ne feriez-vous pas avec un peu d’alcool dans le sang ?

Il est clair que, dès les premières guinness (il faut que je me fasse payer un jour pour la pub ?) tout a viré à la diffamation, c’est le mot du moment.

A table, il y avait parmi nous un complotiste. L’Affaire Adebayor contre Gogoligo feat Papson était une vaste distraction pour faire oublier aux togolais lambda dont nous, le prix du bol de maïs : 900 F CFa. C’est le référentiel économique du peuple togolais; Si le bol du maïs flambe, c’est toute la population qui part en pop-corn ? Prix du bol de maïs : 1,61 dollars. Pour la majorité silencieuse qui vit avec moins d’un dollar par jour…

Le complotiste a ensuite pensé que l’Affaire Adebayor VS Gogoligo et Papson a relegué au second plan l’harcèlement sexuel dont se dit victime une employée de l’ambassade du Togo au Brésil. La sénégalaise qui n’a pas froid aux yeux (parce qu’elle porte des lunettes ?) enregistre le présumé harceleur Eyana Edjaide, Chargé d’Affaires de l’Ambassade du Togo au pays des bomba latina aux rondeurs rebondies et mises en valeurs par les tenues courtes, et même très courtes.

Perso, on a écouté ? ok, à partir de 3 minutes 57, ça a failli devenir passionnant mais finalement, on leur a préféré les anciennes gloires du football et de l’humour et de la chanson togolaise. Mais si vous le pouvez, Taguez le Ministre des Affaires Etrangères ! …

Allez, on reboit un coup ? M*rde ! la serveuse vient de nous annoncer qu’il n’y avait plus de Guinness. Parmi nous, un blogueur crie au compteur truqué de la brasserie ! on a mal compté les bouteilles de guinness ! diffamation ! Taguez le Directeur de la brasserie…

Il n’a pas été facile à calmer. Nous avons tout de même décidé de nous séparer à notre corps défendant. A notre grande surprise, qui voyons-nous (à travers la bouteille brune de cette bière noire) arriver ? Adebayor promènant ses chiens… :

L’ancienne gloire du football Togolais aurait-il compris : Les meilleurs amis, ce ne sont pas les stars de l’humour, de la chanson, etc. Non ! Le chien est le meilleur ami de l’homme.

Générique de fin :

Etienne / Mortaiseuse / Akev

Co-Starring :

La fille aux très gros boobs / La fille assise à côté d’Etienne


Le Togo des Diffamateurs

Diffamation : Porter atteinte à la réputation d’une personne par des paroles et des écrits. C’est bon ?

Alors, voici les faits.

Adebayor Sheyi, Gloire du football togolais contre Gogoligo l’humoriste et Papson, l’artiste musicien. Le premier crie à la diffamation, les deux autres se retrouvent sous les verrous. Dans les commentaires sur les réseaux sociaux, c’est interprété comme un doublé de l’ancien joueur !

Tout le monde en rit sauf l’humoriste. Paradoxe de la vie…

Adebayor Sheyi revient ensuite en porteur de paix, avec une lettre au procureur, demandant la libération des co-accusés. Indulgence ou Schizophrénie… Ces stars qui, gâtés par la vie, enchaînent les caprices. Ayant quasiment les moyens de faire et de défaire, ils ne savent plus ce qu’ils veulent réellement.

https://twitter.com/salaudlumineux/status/1418293454451482640

Bref, tout le monde est à peu près content. On peut reprendre une vie normale.

Cette affaire a tout de même un niveau d’absurdité plutôt acceptable pour l’époque que nous traversons.

Sinon, le 7 Juillet 2004, au Palais de Justice de Lomé, Harry Olympio un politicien togolais aujourd’hui en exil a été invité à produire preuves et témoins suite à des propos diffamatoires à l’endroit de Feu Me Yawovi AGBOYIBO. Olympio a dit d’Agboyibo qu’il a pris de l’argent chez le Président Eyadema pour créer son parti le CAR. –Prouvez le M. Olympio. – J’ai un témoin rétorque ce dernier, c’est Me AGBOYIBO lui même ! Qu’il jure sur la bible qu’il n’a jamais pris de l’argent chez le Chef de l’Etat. Agboyibo jura alors sur la bible qu’il n’a jamais pris d’argent chez le Président de la République. Le procureur a estimé que le délit n’est pas constitué parce que Me Agboyibo a été un collaborateur de l’état. Le délibéré 7 jours plus tard a relaxé Harry Olympio. Dans ce procès qui a tout de même duré 11 heures d’horloge, la partie civile représentant Agboyibo était composée de 15 avocats. Harry Olympio n’en avait pas.

3 ans auparavant, en Août 2001, c’est le même Maître Yawovi AGBOYIBO qui fut écroué à la prison civile de Lomé. 6 mois de prison ferme, 100 000 F CFA d’amende et 1 franc symbolique pour avoir diffamé le Premier Ministre de l’époque, Messan Agbeyomé Kodjo. Ce dernier a poursuivi l’opposant pour l’avoir accusé en 1998 de parrainer une milice armée qui commettait des meurtres dans la localité de Sédomé, préfecture de Yoto.

Karl Marx dit que l’histoire se répète toujours deux fois. La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce. Avec nos stars togolaises du football, de l’humour et de la Musique, elle s’est répétée une troisième fois comme une bêtise en bande désorganisée, un procès d’attardés dont les cerveaux trop enfumés à la shisha de mauvais goût, les laissent faire échapper des imbécilités, des égarements et autres bavardages pestilentiels du même tonneau.


Le lendemain des indépendances

… chantent faux ! oui je sais…

en même temps, pour un pays comme le Togo, à quoi fallait t-il s’attendre, 61 ans après… nous étions le 27 Avril y a 2 jours et le pays… quel pays ?

Quand on le hissa pour la première fois en 1960, le drapeau togolais a fait l’objet d’un bug. Il s’est arrêté au milieu du mât… Trop de gens mataient… il a un peu été timide, hésitant, … à l’image de la nation togolaise 61 ans après !

L’indépendance des pays africains (si vous pensez que les pays africains ne sont pas indépendants, pensez le ! on s’en fiche de toute façon), c’est un pari qu’un colon très intelligent a dû faire un jour avec ses autres collègues colons. Alors que la France se pétait la gueule sur le front algérien, un mec qu’on n’écoute jamais dans l’administration coloniale est arrivé au bureau, a ouvert la porte de ses collègues qui prenait les décisions stratégiques pour les colonies et a dit : « Les gars, laissez les aller à l’indépendance. Ils se sont toujours détestés cordialement. Ils vont tous finir par s’entretuer entre ethnies« .

J’aurais tout donné pour être assister à cette scène…

(que j’ai inventé mais bon…)