CFA-ECO, changer d’argent sans le comprendre ?

22 décembre 2019

CFA-ECO, changer d’argent sans le comprendre ?

Les grands contestataires du CFA ne comprennent rien à l’économie monétaire. Et parfois, pour les plus érudits parce que brillants économistes, ils n’expliquent pas qu’il faut rester prudent. C’est même assez bizarre, venant de leur part, qu’ils puisse chercher à créer l’effondrement du système qui a fait d’eux ce qu’ils sont. Mais bon, passons.

Le plus agité d’entre eux, grand brûleur de billet de banque, a traité le passage à l’eco, d’action cosmétique. Il n’en veut pour preuve que le maintien pour quelques temps encore, de la parité fixe.

Les anti-cfa disent que le CFA ne rend pas nos pays compétitifs sur le marché international, qu’il coûte trop cher à nos pays à cause des réserves sur les comptes d’opération au trésor français, qu’il n’encourage en rien le commerce intérieur, qu’il nous lie à l’euro et que quand ce dernier prend un coup, nous en subissons les effets.

Ce que les anti-cfa ne nous ont jamais dit par contre, c’est comment on fait après le CFA pour ne pas nous porter plus mal qu’on ne l’est aujourd’hui ? Comment déployer l’industrialisation de nos pays pour nous rendre compétitifs sur le marché international ? comment on encourage le commerce intérieur pour rendre la nouvelle monnaie forte au sein de la zone éco et dépendre moins des importations de l’extérieur qui creusent nos économies ? Personne ne le dit.

Les anti-cfa ne nous expliquent pas non plus, comment par une opération du saint-esprit, une fois le CFA ôté, les problèmes de chômage se résolvent automatiquement, les revenus augmentent, comment nos pays retrouvent le plein-emploi grâce à leur nouvelle monnaie. Ils n’arrivent même pas à se mettre d’accord, sur la Banque Centrale qui doit gérer les réserves de la nouvelle monnaie. Ils ne disent rien !

J’essaie donc ici un début de fonctionnement d’une monnaie africaine. Pensons troc, puisqu’il s’agit du système le plus facile à envisager en terme de marché. Un pays africain produit de l’arachide pour aller le vendre au marché international. Sauf que ce pays a besoin de rentrer en Afrique avec un vélo. Vélo qu’il ne peut pas fabriquer lui-même. Que se passe t-il au marché ? bah on lui dit que pour lui donner le vélo, il faut dix sacs d’arachides. Ce qui arrive souvent, le pays en amène cinq et signe une reconnaissance de dette pour cinq autres sacs qu’il rapportera après. L’arachide est ici la richesse en CFA que nous sommes prêts à mettre sur le marché pour prendre ce dont on a besoin à l’international. Et comme notre arachide ne vaut pas grand chose devant un vélo… nous allons en mettre énormément avant d’en avoir. L’idée c’est que si on avait appris à fabriquer le vélo nous-même… nous aurions gardé nos arachides pour nous…

Après que ce soit avec ou sans le CFA, le vélo sur le marché international ne changera pas de valeur. Au pire, avec un taux variable, quand nos économies n’auront pas produit assez de richesse, le vélo sur le marché coutera encore plus cher en arachides…

L’image arachide-vélo utilisée ici est simpliste, mais elle est la représentation réelle de ce qui se passe entre nos économies de pays pauvres endettés et les pays occidentaux auprès desquels nous sommes obligés de nous fournir en grande majorité.

La prudence qu’affiche le couple Ouattara / Macron en voulant passer du CFA à l’Eco prend donc tout son sens. C’est la voie recommandable pour aboutir à une zone uemoa compétitive.

Sinon, souvenez-vous que ceux qui brûlent aujourd’hui les billets CFA en signe de protestation contre la France ont des passeports occidentaux. Si l’UEMOA s’effondre, ils peuvent même à ce qu’il paraît, se reposer sur la (ou aller se reposer en) Russie.

Étiquettes
Partagez

Commentaires