Le Salaud à l’église
… et il y a été traîné de force. Mon éducation m’interdisant de défier l’autorité parentale, je n’ai pas pu dire non à mon père et à ses airs de patriarche ces derniers temps. Limite, je lui laisse un bout de bois, il me sépare la mer en deux. Mais… Là n’est pas le sujet.
Car à l’église, rien n’a changé. Les beaux, les bobos, les riches, les politiciens, les hauts fonctionnaires; ceux qui pètent dans la soie de leur dessous, qui ont le dos au feu et le ventre à table, sont assis aux premiers rangs. Et le bas peuple, les gueux, les misérables, les uns, les autres, les etc, les « ça fait rien », les laissés pour compte, les ratés, les poisseux, ceux qui travaillent pour le roi de prusse, se saignent aux quatre veines pour une bouchée de pain, on est tous à l’arrière. A l’Eglise, rien n’a changé, puisqu’on n’y a toujours pas revu Dieu, depuis que son fils, fâché de ne pas être mort sur un canapé mais sur un morceau de bois, ne nous a jamais pardonné.
L’église est une affaire terrible ! Le mur où viennent s’afficher les porteurs de beaux habits, cassant les codes d’humilité du Christ. Jésus, qu’on vient y prier, magnifier et adorer, n’aimait pas les riches, les gens bien habillés, ou trop soignés. Ces espèces de métrosexuels du 21ème siècle après lui. Le fils magique de Marie et Joseph les avait en horreur, lui, jeune rabbin se promenant pieds nus, en pleine Galilée, et professant que le royaume des cieux était interdit aux riches.
L’église, cette affaire qui pend au nez de l’Afrique comme un égarement religieux sans précédent. Le continent africain est le territoire d’où monte le plus de prières vers le ciel ; et pourtant, des six continents de cette planète Terre, il est celui qui ne s’est jamais aussi mal porté. Avant la décolonisation et le marketing de réseau évangélique qui l’a accompagné, les dieux africains faisaient dans l’efficacité pure et dure; le manichéisme sans concession; vie ou mort sans transition. Tous les contrevenants à la loi étaient frappés par la mort. Les dieux étaient craints parce qu’ils étaient sans sentiment. Les hommes respectaient la loi de la nature qu’ils dictaient. C’était dictatorial, mais c’était bien. Puis vint le Dieu importé, emprunté aux juifs par les romains et vendu aux africains naïfs et incrédules par le colon qui nous l’a mis profond. Le Colon, à son arrivée en Afrique, ne s’est-il pas d’ailleurs enfoncé profondément dans la forêt vierge ? Quelle image ! Et nous, les africains, avons été séduits, corrompus, gâtés, par le Dieu qui pardonne même les péchés que nous n’avons pas encore commis. Et on nous dit que c’est grâce à son enfant qui a décidé de s’investir corps et âme dans la mort à 33 ans ! Et laisser une entreprise qui prospère depuis plus de deux mille ans ? Bravo ! C’est le plus beau conte de fée au mond,e fait de chairs transpercées et de sang versé. Buvez du bissap ! On peut conclure.
C’est fort de la largesse infinie d’un Dieu qui permet tout à ses enfants, que les africains sont devenus mauvais, fainéants, roublards, voleurs, méchants, assassins, vicelards . Vous pouvez voler, tricher, violer, tuer, oui vous pouvez vous le permettre; vous pouvez tout vous permettre, Dieu vous pardonnera. Tout est déjà pardonné. Le reste du temps, il faut une ou deux heures de culte ou de messe; parfois plus pour les plus cons et les plus connes; non pardon, je voulais dire les dévotes et les dévots de messe, s’accrochant à l’espoir de voir le miracle se produire : emploi, richesse, mariage. A partir de quand vous êtes-vous trompés de planète les gars ? On est dans la merde tout le temps, seuls quelques-uns y arrivent… et encore… on n’a jamais tout ce qu’on désire.
Ceux qui pensent qu’un grand barbu s’est assis quelque part dans les étoiles pour leur accorder des faveurs au gré de ses humeurs peuvent aller s’asseoir sur un banc en bois le dimanche, chantant, gémissant, glapissant, rampant, grognant, comme l’animalerie de serpents, d’hyènes, de chacals qui enrichit leurs âmes porteuses d’ombres.
Sinon, à bien y penser, au regard du nombre de cierges déjà brûlés à l’intention du très haut, s’il venait à exister, je pense que franchement, ce dernier n’attend plus grand chose de nous. Si Dieu existe, ça fait longtemps qu’il a quitté l’Afrique.
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