Eteh Komla ADZIMAHE

En Afrique, on ne balance pas le porc. On le mange

Balancer le porc sur les réseaux sociaux c’est le genre féminin attaquant le genre masculin avec toutes ses armes. La dénonciation au prime abord (la femme sexuellement violentée sans être violée libère la parole sur les réseaux sociaux); et la victimisation (la femme rappelle qu’elle est faible et que l’homme fort abuse de sa position de dominant pour l’oppresser).

Ce n’est pas faux. C’est même très vrai. Mais dans ma position de salaud, je me suis interrogé (non pas à tort) mais à raison :

« Pourquoi maintenant ? Pourquoi fait-on comme si on ne savait pas avant » ?

Si vous avez la réponse, commentez et insultez mon ignorance, je l’aurais bien cherché. Parce que de vous à moi, la conscience collective n’ignore pas que dans les milieux artistiques, dans les entreprises publiques comme privées, dans les multinationales, les producteurs, les patrons, ont toujours, forts de leur position, brandi « un droit de cuissage qui ne dit pas son nom » pour maintenir sous la pression de leur corps (ils sont souvent gros, les boss), la petite nouvelle, la stagiaire, la petite starlette, couchée dans le canapé confortable du bureau cossu. Et si cette dernière hésitait jusque-là à offrir sa fleur cachée au patron, les promesses de soutien d’ambitions personnelles faites par ce dernier l’encourage à s’abandonner entièrement à cette chose que l’on aime recommencer si souvent, à cause des reconnaissances charmantes qui s’y trouvent.

Aujourd’hui pourtant, les filles qui hier ont donné de leur personne, de leur sexe pour certaines, tel un sacrifice sur l’autel de leurs ambitions personnelles en disant « oui, touche-moi là » disent aujourd’hui « on m’a touché, attouché, je ne voulais pas, on m’a forcé ». Partout dans la société occidentale, la vague déferlante d’une purge sur la base de petites dénonciations, parfois mêmes renversantes par de là même qu’elles peuvent être insignifiantes sous d’autres cieux comme le mien (il m’a touché les fesses une fois) font tomber de puissants producteurs, et des patrons jusque-là porteurs de masques d’hommes infaillibles devant toute situation. Un nouveau NUREMBERG condamne les hommes qui n’ont pas commis le crime de violer, mais qui n’ont pas pu s’empêcher de toucher.

Mais j’ai une autre question : Parfois les dragueurs éconduits insistent un peu avec l’espoir qu’elles finissent par dire oui. A partir de quel moment deviennent-ils des harceleurs ?

Chez moi au Togo, un porc a été récemment balancé. Sur twitter, une blogueuse-mode togolaise reconnue a publié des captures de conversation avec une amie. Dans les échanges, elle lui racontait comment elle a failli être violée par un non-moins connu acteur du web du même pays. Reniant la promesse faite il y a quelques années, au frère du harceleur de ne pas parler de sa mésaventure, elle libère la parole. Sur twitter, elle jette en pâture, l’homme qui dit-elle, l’a pressé contre un mur, et à qui elle a échappé, alors même qu’il avait sorti son sexe pour ce que nous savons.

Seulement, l’action #balancetonporc à la togolaise n’a pas laissé la traînée de poudre que j’espérais (et que la blogueuse probablement souhaitait).  48 heures de commentaires et de soutien éparses, sporadiques, et puis plus rien. Grande question: pourquoi ça n’a pas fonctionné ?

La culture mes cher(e)s ! La Culture !

Je vais vous le faire en tirets :

  • Dans la culture africaine, les filles ne disent jamais oui, et ce même quand elles finissent par tomber amoureuses de l’homme qui vient leur conter fleurette. L’homme doit toujours forcer un peu ! Mieux encore, la croyance générale, la règle tacite établie est que à partir du moment où elles acceptent d’être seules dans le même espace confiné que leurs courtisans, c’est qu’elles ont accepté de coucher. Je ne vous cite pas les cultures où on demande d’enlever la jeune fille de force à sa famille pour aller la violer, ce qui a pour conséquence le mariage direct et forcé; je ne vous parle pas de ces cultures où avant de coucher pour la première fois avec la femme, il faut la passer à tabac, pour la ramollir un peu. Eh oui il y a des maso au pays des noirs, qui l’eut cru ?
  • Dans le rapport homme-femme de nos sociétés africaines, la femme est inférieure à l’homme. Elle n’a pas droit à l’héritage familial, elle n’a pas le droit à la parole pendant les réunions de famille, elle n’est bonne qu’à la cuisine et à la satisfaction sexuelle de son mari, le mâle dominant. Et même si aujourd’hui les ONG se fendent et se pourfendent pour rééquilibrer les forces, et même si le code de la famille, par la force de la législation dans divers pays africains font de la femme, l’égale de l’homme au foyer, dans la pensée collective des hommes africains, la femme doit se soumettre et coucher quand il le faut. Ces dernières d’ailleurs continuent de donner raison aux hommes puisque le marasme économique aidant, on ne compte plus le nombre de femmes prêtes à octroyer le droit de cuissage aux hommes qui paient bien. Une prostitution qui ne dit pas son nom, mais maintient toutes les femmes dans la position de machine à sexe qui doit obéir quand on introduit les sous dans la fente (je suis désolé). Ce blogueur ecclésiastique ne nous a t-il pas dit que : La petite vient en mangeant ?
  • Il y a hélas les thèmes musicaux de notre époque qui ne protègent en rien les femmes. Elles sont déjà mal barrées quand tous les chanteurs en font venir dans leurs lits pour danser non ?  Que toutes celles qui ont dansé sur « Coller la petite de Franko » viennent balancer les porcs, elles l’ont cherché. Les femmes sont chantées comme des objets sexuels qu’il faut « embrouiller, angoisser et coller » (paroles de Coller la Petite). Elles font semblant de cacher leur appétit sexuel sous de faux airs de fille sage. Donnez leur un peu d’alcool, de l’argent, une belle voiture et une belle maison pour les plus difficiles et elles seront à vous. L’image de la femme vue par les stars de la chanson au Nigéria, stars hélas populaires dans toute l’Afrique : Are you gonna dance if i show you my money – Wizkid (Vas tu te mettre à danser si je te montre mon argent). Mignon n’est-ce pas ?

L’image de la femme africaine telle que perçue dans la culture lui pose un bâillon sur la bouche et l’empêche de crier au porc. Elle ne le peut simplement pas; parce que l’éducation même le lui interdit. Une femme lui a t-on dit, ne fait pas la compagnie des garçons ! une femme ne va pas chez un garçon pour lui dire qu’elle est amoureuse. Quand elle est d’accord, elle va s’asseoir sur son lit, il comprendra.

Ici chez nous, au pays de l’homme noir, quand il se mue en porc, c’est un peu aussi parce que la femme l’a bien cherché. Sinon qu’est-elle allée faire seule dans la maison d’un homme seul à 22 heures pétantes ? Si rien ne justifie la violence faite aux femmes, fut-ce à but sexuel, on ne pourra pas négliger le fait que pour bien longtemps encore dans nos cultures_et j’en suis désolé_, les hommes seuls qui verront arriver des femmes seules chez eux n’auront qu’une seule pensée : Céder tout de suite aux faiblesses de la chair; et recommencer si ils ont pris du plaisir.

En attendant, au vu de l’auto-insuffisance alimentaire en Afrique, quitte à balancer le porc; mieux vaut le manger.

D’ici-là reposons nous la question pour nos sociétés africaines :

Jusqu’à quelle limite le dragueur éconduit devient il un harceleur ?


La présidence au Togo à un pain du coup de com’

Le président de la République au Togo a une réputation d’homme taciturne. Autrement dit, il n’est pas très bavard. Si on sait officiellement que Faure Gnassingbé n’est pas marié, il se raconte à tort ou à raison, qu’il a une vie de père célibataire bien remplie. Rumeurs publiques de vie privée.

Et pourtant, si le président n’est pas porté sur la communication entre lui et son peuple, il devient curieusement bavard hors des frontières. Rappelez-vous, en 2015, une année d’élection présidentielle, la classe politique débattait sur la rétro-activité ou non du verrouillage du mandat présidentiel, s’il venait à être inclus dans la Constitution. Le Président Faure, lui, était resté muet.

Les prises de parole étranges du président

Muet jusqu’à une visite au Ghana, où ô Surprise, sa langue se délie : « Je respecterai la Constitution« . A l’époque, la Constitution dans son état le rendant rééligible autant de fois qu’il voulait, les militants de l’opposition étaient tombés des nues : Faure ne veut pas partir hein ! Quelques jours plus tard, un porte-parole de la Présidence rapplique et se fend en explications : « Le Président voulait dire qu’il respectera la Constitution quelque soit son contenu« .

Et puis, ah, n’oublions pas son fameux « Je ne vois pas le rapport » au Petit Journal de Canal+. Martin Weill, le reporter qui l’interviewait avait comparé 50 ans de pouvoir des Gnassingbé Père et Fils, à 5 ans de mandat de Hollande qui avait annoncé ne plus vouloir se représenter.

Et comme notre Président nous l’a appris, c’est là où vous me dites : Je ne vois pas le rapport ? avec le pain ? Et pourtant, vous ne le savez que trop, petits malins…

Ces dernières semaines, (les marches de l’opposition y seraient-elles pour quelque chose ou non, Who knows ?) on a remarqué les efforts violents des services de com’ de la présidence Togolaise pour rapprocher le Président et son peuple. Beaucoup de voyages à l’étranger sont annulés, le Président se met à rencontrer les populations, mano a mano. Congrès d’UNIR (le parti au pouvoir) : « J’ai découvert sur les réseaux sociaux que j’étais un dictateur sanguinaire« … Rencontre avec les populations des savanes… Inauguration d’une borne-fontaine en milieu rural et achat de pain. Là j’vous jure, je vois toujours pas le rapport. J’veux dire : Pourquoi le pain ? Mais admettons, le mec est allé chercher du pain comme vous et moi, comme FABRE ou Tikpi ATCHADAM et associés :!o!:

Pourquoi aller chercher le pain ?

Bah déjà, aller chercher du pain avec l’armoire à glace (l’officier de sécurité) bousculant les femmes revendeuses qui accourent à la vue du Président… ça ne rapproche pas le Président du peuple. On aurait dit que le garde du corps n’a pas été briefé par le service de com’ du Président. Bon… ok.

Le Chef de l’Etat se tenant silencieusement devant la vendeuse qui lui sert une quantité douteuse de pain. Elle doute du nombre de pain à mettre dans le sachet… Le Président lui-même doute du nombre de pain qu’il veut finalement prendre, un de ses accompagnateurs doute lui aussi… Tout le monde a finalement douté au point où cet achat de pain (ou même un don de pain, on ne sait plus finalement) est devenu douteux. La revendeuse aurait rempli le coffre de la voiture, on aurait continué par douter là-bas 😆 Même les écolos commencent à douter de la politique écologique du Président. Pourquoi acheter du pain dans un sachet dit dangereux pour l’environnement ?

A un pain le coup de com, c’est plutôt ras-le-plancher; surtout qu’à la fin le Président se fait applaudir par les dames du marché : oéééééééééé, il y est arrivé, enfin, il a pu acheter un pain de sa vie ! c’est tellement mignon. On lui a toujours acheté son pain, enfin…

François Hollande étant au chômage, lui qui Président, allait chercher du croissant sur son scooter, après être allé aux fraises avec la Gayet, la Présidence Togolaise devrait le recruter comme Consultant Senior en Course à la boulangerie du Président.

Moralité de l’histoire :

UN PAIN VAUT MIEUX QUE DEUX TU NE L’AURAS PAS


Le noir est sur le marché, il est à vendre…

Et si vous ne le saviez pas ? souffrez de l’apprendre !

Nous vivons tout de même dans un monde de faux-culs hein ! un reportage de CNN sur une vente aux enchères de noirs en Libye et on entend les « oh mon dieu », « c’est révoltant » « c’est la faute des dirigeants africains dictateurs », « c’est la faute de l’Union Européenne » ?

Foutaises ! Je sais pas pour vous mais, quand vous remontez dans l’histoire, le noir était de toute façon le mec mal barré qui n’a jamais rien fait pour s’en sortir côté asservissement et soumission. Aux Etats-Unis, durant la fameuse époque de la ségrégation, on glosait déjà sur une malédiction biblique: Noé, architecte d’arche a maudit Cham, son seul fils à la peau noire qui a commis le péché pas très original, ni originel d’ailleurs, de regarder son père dans toute sa nudité (tenue d’adan de rigueur). Le vieux avait un peu forcé sur la bouteille le jour-là, lit-on dans les colonnes du premier livre imprimé au monde. Et c’est de là, le noir a été condamné à être la lie de l’humanité. Bon ok, dans l’Egypte ancienne on aurait fait des choses grandioses mais (allez chercher l’histoire) puis on serait devenu les Ewés qui ont tout perdu…

Mais surtout, que cela ne vous écarte pas du fait que l’esclavage a été la plus belle chaîne que le noir a fait porter à son semblable noir. Au moyen-âge déjà, les grands empires africains se répandant en guerres sanglantes amassaient le long du chemin de conquête, de la ressource humaine qu’ils considéraient comme une richesse. Nos conquérants africains étaient tout à la fois : DRH, managers d’entreprises dont la matière première était l’esclave. Au huitième siècle d’ailleurs les arabes ont ajouté leur grain de sel en exportant des millions de noirs en Orient; là encore, le trafic leur a bien réussit, on raconte que ça les a enrichit nommément. Je ne vous dis pas le plaisir qu’ont pris jusqu’au 19ème siècle les habitants de nos côtes africaines, à vendre leurs semblables à l’européen. « Nos ancêtres aussi ! ils étaient trop gaou, le blanc vous donne un miroir, vous vendez tout le village » – dixit, le grand sage africain Petit Yodé. Le plus drôle, c’est qu’on vendait tellement de nègres sur les côtes africaines que la reine d’Angleterre et autres dirigeants européens sont eux-mêmes venus nous supplier à un moment d’arrêter… sinon, je vous jure qu’on aurait continué aujourd’hui n’est-ce pas ?

Ah j’oubliais, en fait on a continué !!! Aujourd’hui, on a bien des petits esclaves dans nos maisons en Afrique non ? Ce système assez terrible dans lequel contre une petite commission perçue, une petite agence vous livre   à la maison une domestique extraite d’un village, qui s’occupe du nettoyage de la maison, de la cuisine et des enfants, contre gîte, couvert et un peu d’argent de poche par mois ! Le système marche tellement bien qu’on a commencé par livrer il y a une belle paire d’années, des pays au moyen-orient (encore!) comme le liban, et même parfois l’Arabie Saoudite (demandez aux ambassades du Togo dans ces pays là).

Et puis la Mauritanie, aaaaaaaah la Mauritanie conservatrice où l’esclave se vend, se loue, s’échange, etc… avec option droit de vie et de mort sur ce dernier, de toute façon il appartient à celui qui l’a acheté : Usus, frutus, abusus (d’en user, d’en retirer le fruit, et même d’en abuser)!

En fait, il y a rien de nouveau sous notre foutu ciel bleu. L’Union Européenne a dit aux libyens, « franchement les gars, renvoyez les migrants noirs chez eux, on peut plus les accueillir; les libyens se sont dis « ok les mecs, et si on les vendait, de toute façon ils gagnent au change puisqu’ils iront en Europe, après avoir été vendus« . Et voilà, le monde entier est choqué comme si les libyens venaient de réinventer la roue.

Et comme en Afrique on cherche toujours à rejeter la faute sur l’Union Européenne estampillée pilleuse de ressources, et sur les dictateurs africains complices, les mêmes raisons bêtes vont refaire le tour des médias et dans quelques semaines, tout le monde aura oublié !

 


Blogcamp228 – 4 à la suite

Ok, j’ai trouvé le bon titre, et là du coup je m’emmerde pour écrire le billet. J’ai tellement de choses à raconter et puis après je me dis que ce qui se passe à Atakpamé devrait rester à Atakpamé, point Barre !!!

Quoique… allez, soyons magnanimes et parlons de ce petit rendez-vous devenu grand. Un cercle d’écrivailleurs du web qui se réunit pour la 4eme fois en 4 ans ! Les organisateurs tiennent le rythme grâce à leur sens de l’organisation; et aussi aux sponsors ! je bois une bière à votre santé.

4 blogcamps à la suite, histoire de bloguer et de camper. Camper à l’hôtel Le Roc, sur l’une des hauteurs de la ville d’Atakpamé. La vue est à couper le souffle. La montagne d’en face s’étend dans un panache de rouge et de vert. Rouge par ses maisons aux toitures rouillées, vert par sa végétation luxuriante rampante sur son flanc imposant. C’est dans ce cadre au charme unique, que montèrent les clameurs des débats hautement contradictoires sur la production du contenu qualitatif.

Ne vous y trompez-pas, faire un débat contradictoire sur tous les sujets abordés au blogcamp est la voie royale pour élever la qualité du débat national. Les différences d’opinion enrichissent la discussion ! Allez et répandez la bonne nouvelle partout.

Trois blogueurs invités, venus de l’Est pour Moboladji, de l’Ouest (la Côte d’Ivoire) pour Daouda Coulibaly et d’un peu plus au Nord dans le sahel de la Terranga (au Sénégal), pour la camerounaise Befoune.

Ces stars du blogging en Afrique sont lus, regardés même (pour les chroniques de Daouda Coulibaly) et hautement appréciés par leurs pairs africains. Les avoir écoutés parler de leur expérience a été passionnant. Tous trois ont montré avec force exemples et partage d’expérience, les bienfaits du blogging de qualité.

Enfin, à chaque blogcamp, les organisateurs incluent un rendez-vous avec l’histoire. A Atakpamé, Yann Moebius a définitivement semé dans les participants l’importance du rétablissement de l’histoire, la vraie ! Il faut réécrire l’histoire de notre pays et lui redonner sa place dans l’histoire du monde. Car, combien d’entre nous savent aujourd’hui, que le Togo a été le premier terrain d’affrontement durant la première guerre mondiale, qui vit la victoire des alliés sur les Allemands en 1914. Combien savent qu’une station radio (une infrastructure gigantesque dont les vestiges nous regardaient les observer à Kamina, Atakpame) construite par les Allemands a failli tomber aux mains des alliés; changeant définitivement la face de la guerre; comme la découverte du code Enigma pendant la deuxième !

Et puis m*rde; en fait, j’arrive pas à écrire grand chose de ce blogcamp !  j’avais aucune envie d’en parler parce que c’était tellement bon. Il m’est difficile de rendre ici tous les bons sentiments et les bons souvenirs que j’en garde. Si par les temps qui courent, vous croisez le salaud lumineux, le bonheur plein les yeux, sachez que les effluves du blogcamp n’ont pas encore dissipé les relents d’Atakpamé, les murs piliers d’Antenne de Kamina, les tombeaux des soldats de la première guerre à Chra-Wahala, la bonne cuisine de l’hôtel le Roc, et parfois la bière au club King of Kings en soirée.

Retrouvez si ça vous chante, les tweets de ce blogcamp ici


Opération Internet mort au Togo

Je viens par la présente vous parler de mon pays le Togo – bande de terre tellement coincée entre le Ghana et le Bénin, rompue à toutes les sod*mies constitutionnelles, essoufflée économiquement, avec force perfusions financières extérieures, Petit rectangle de terre régenté de manière médiocre par un système qui bug et re-bug sans cesse, quand il s’agit d’améliorer la situation économique des citoyens.

Les Togolais sont de grands enfants et leurs dirigeants décident à leur place et les tiennent par la main pour les précipiter au bord du précipice alors qu’ils ne leur ont pas appris à voler. Ils sont leurs mongols, leurs attardés mentaux, ils leur disent qu’au bord de la falaise, ils peuvent sauter et se mettre à voler.

Le Togo sur une carte ressemble à une erreur géographique. Quand on y envoie internet il s’y perd. Le Togo était au bord du gouffre en matière de technologie de l’information ; aujourd’hui il a fait un grand pas en avant (et il est tombé dedans).

Sinon, comment expliquer que ce pays, fleuron de la technologie de l’information, l’un des premiers en Afrique de l’Ouest à se connecter à internet dès 1997, fasse par deux fois l’objet d’un black-out total sur la toile pendant plusieurs jours, et ce sans explication convaincante. Ah j’oubliais, les dirigeants ne doivent rien au peuple. Ils ne disent rien, ils n’expliquent rien.

Notre pays est en cela, devenu, la lie numérique de la sous-région. Elle est la dernière à inaugurer un point d’interconnexion Internet. Checkez, si le coeur vous en dit, ce lien et regarder les dates auxquelles les autres pays avec lesquels nous partageons la géographie ouest Africaine, ont mis cette infrastructure en place.

Notre Togo, or de l’humanité ? Noooon, pacotille de l’humanité, est parmi les derniers à exonérer l’importation des équipements numériques sur son territoire. Dans son administration, les monstres bruyamment mécaniques que sont ces hideuses machines à écrire noircissent encore de leur encre gluante et dégueulasse le retard numérique de la documentation officielle.

Et c’est ce pays qui a poussé la bassesse jusqu’à couper ses utilisateurs d’internet sur plusieurs jours, entament le déclin d’une économie numérique, mal né, trop prématuré, mal suivi, sans croissance, sans vitamines.

De source officieusement officielle (en sous-marin donc…) on nous dit qu’il s’agit d’éviter que les appels aux meurtres et autres appels à la violence, postés par les manifestants du #fauremustgo, soient transmis ça et là, afin de minimiser le risque de trouble et de révolte. Ok ! Mais même si c’était vrai, pourquoi la classe dirigeante veut-elle faire preuve de paresse et d’incompétence, en allant étrangler le peu d’internet qu’elle est capable de distribuer à la population ? Elle n’a pas mûri cet acte. Pressé pour parer au plus pressé, en cisaillant sans aucun égard pour la population qui n’a rien à faire des manifestations d’une opposition rétrograde une connexion internet mobile déjà trop anémiée. Qu’à cela ne tienne, n’était-ce pas la fonction de nos dirigeants, de mettre sur pied un cadre juridique, des lois de contrôle des libertés sur internet ? D’informer, d’expliquer la dangerosité de ces violences numériques postées à tort par des soutiens de l’opposition ? Soutiens que l’opposition, la malheureuse éternelle égarée, n’a jamais démenti pour s’en blanchir ?

Le service public est un droit pour tout citoyen. S’amuser à fermer les vannes de la 3G à cause d’une poignée d’individus en desservant le plus grand nombre est de l’incompétence. Si la population était le premier de leurs soucis, ils auraient trouvé le moyen de séparer la mauvaise graine des autres encore bonnes et innocentes. Quand il s’agit de penser au bien-être de la population, tous ces brillants faiseurs de loi et intellectuels chevronnés tombent à chaque fois dans le panneau. Le font-ils exprès ou pas ? Cette question est laissée à leurs consciences.

Comme le disait récemment le politicien guinéen Cellou Dalein Diallo, « qu’avons -nous fait au bon Dieu, pour mériter une telle classe politique dirigeante ? »

En attendant, que cette dernière n’oublie pas que demain, son nom sera associée à ceux qui auront arriéré suffisamment ce pays sur le plan de la technologie de l’information en allant museler la connexion internet 3G dans le pays.

En ce siècle du numérique, ceux qui tuent l’économie numérique d’un pays sont ceux qui tuent l’économie tout court.

Et si couper toute une nation du monde vous excite autant, coupez encore ! Et faites votre cinéma ? Visiblement, vous n’avez pas fini de nous enfoncer en plein ridicule et en pleine imbécilité.