Eteh Komla ADZIMAHE

Au Togo, les manifestants ont déjà fait leur choix

Le besoin de changement.C’est un sentiment humain ressenti de manière général chez tous les peuples L’histoire américaine demeure un exemple vivant. Pour des immigrés européens venus de différents pays, avides de ne pas répéter sur les mêmes erreurs politiques sur la nouvelle terre promise qu’était l’Amérique, une constitution solide avait été écrite par les 55 pères fondateurs des Etats-Unis. Le peuple ayant la liberté de porter le choix sur tel ou tel candidat, on a vu dans la succession présidentielle, le pouvoir passer d’un parti à un autre pendant 45 présidences différentes. A chaque fois le peuple a acté le changement. Il s’est comporté comme un grand enfant, voulant tout (pendant un mandat) et son contraire (pendant un autre mandat). Les démocraties européennes ont d’ailleurs pris la même succession présidentielle multicolore, passant le pouvoir d’un camp à l’autre, une fois qu’ils ont installé des républiques, ou des royaumes à régime parlementaire. Ces peuples occidentaux n’en sont sortis qu’épanouis.

Il est donc légitime que le peuple togolais à l’instar d’autres peuples africains, invoque le changement, l’alternance, une autre figure de leader.

Seulement, dans le cas Togolais, la stratégie marchante où les acteurs sont des manifestants dispersés par la force de la loi (écrite par les « disperseurs ») est-elle la voie royale pour aboutir au changement?

Le Double-Mérite du PNP

C’est un parti politique dont les détracteurs aiment à soulever la forte coloration ethnique Kotocoli (ethnie du centre Togo). Les hommes du Tchaoudjo sont réputés bagarreurs, frondeurs donc ayant des prédispositions révolutionnaires. Sauf que dans le cas actuel, c’est au PNP que revient le mérite d’avoir forcé la main au gouvernement pour renvoyer un avant-projet de révision constitutionnel à l’Assemblée Nationale. L’autre point positif du PNP est d’avoir réuni tous les leaders d’opposition autour de leurs objectifs qui est de manifester pour le retour à la constitution de 1992 au Togo. Dans les deux cas, ce parti a fait fort (sans jeu de mot) pour débloquer une situation dans laquelle se vautrait le régime.

Faut-il continuer par Manifester ?

Oui et Non.

Non parce que si l’opposition politique Togolaise se met à la place du pouvoir en place, elle saura que manifester jusqu’à la tombée de la nuit pour être dispersée à coup de gaz lacrymogène ne fait pas quitter le « pouvoir au pouvoir ». De toutes les manières, il faut s’interroger aujourd’hui. Combien de temps, le PNP qui a si bien réussi à réconcilier l’opposition et la population, pourra jouer sur la spirale de la manifestation : Marche-Gaz-Dispersion. C’est un cycle qui finit par ennuyer tout le monde, y compris les manifestants de la première heure.

Oui, parce qu’il faut arrêter de manifester aujourd’hui et recommencer prochainement. Recommencer, mais cette fois-ci contre l’Assemblée Nationale, si la majorité parlementaire UNIR qui s’y trouve, rejette encore l’avant-projet de révision envoyé par le gouvernement. Le jeu politique Togolais, côté pouvoir, ces derniers mois, a consisté à prouver au Togolais qu’il y a bel et bien, une séparation de pouvoir entre le législatif et l’exécutif. Ce qui permet au Parlement de montrer des signes d’indépendance vis-à-vis du gouvernement en refusant de faire la révision demandée. Eh bien soit ! Que l’opposition rassemble la population en prenant au mot ceux qui chantent la séparation des pouvoirs législatif et exécutif. Et si le parlement ne fait pas la volonté du peuple, que le peuple le lui rappelle ! D’ailleurs, pour ceux qui pensent qu’ils peuvent imiter le Burkina, il sera toujours temps de leur rappeler que le peuple Burkinabè _au départ_ a manifesté contre son Assemblée Nationale, pas contre COMPAORE. Enfin, je dis « imiter » mais bon, sans jamais égaler le saccage et le caillassage des biens publics que constituent les biens meubles et immeubles du siège du parlement. Les Burkinabè l’ont fait de manière incontrôlée; les Togolais peuvent s’en passer.

A ce sujet, Il y bien dans la constitution de 1992 et dans l’actuelle également, un article 46 dont personne ne parle, mais sur lequel le pouvoir s’appuie pour justifier le renvoi devant la justice de manifestants agressifs et grand casseurs de biens devant l’éternel :

Article 46.

Les biens publics sont inviolables.

Toute personne ou tout agent public doit les respecter scrupuleusement et les protéger.

Tout acte de sabotage, de vandalisme, de détournement de biens publics, de corruption, de dilapidation est réprimé dans les conditions prévues par la loi.

Quelles perspectives post-révision constitutionnelle ?

Une chose est sûre. Quelque soit la physionomie de la marche, il va falloir un jour s’asseoir à table en commission mixte pour faire – soit une refonte des textes constitutionnelles – soit (pour les aficionados de raccourci) une révision de texte. Il serait intelligent de ne point braquer ses idées sur une retro-activité sur laquelle le pouvoir n’entend pas transiger, il faut aller vers un verrouillage de mandat présidentiel; et voir en le temps qui restera au pouvoir actuel, une période transitoire vers l’alternance.

Il faut surtout pour l’opposition, préparer les prochaines législatives. L’ANC et son ancien camp des radicaux UFC (aujourd’hui édulcoré) a toujours crié à la fraude aux législatives. Alors même que ces élections ont le caractère d’être spécifique à chaque circonscription. Auraient-ils fait une liste commune de l’opposition en 2013, qu’ils auraient mathématiquement partagé bien plus de sièges avec le parti au pouvoir (voir le caractère arithmétique d’un scrutin proportionnel de liste). Le visage de l’Assemblée aurait bien changé, conduisant même à retourner les lois à l’avantage de l’opposition et par conséquent du peuple qu’ils vont y représenter. Mais que Nenni, l’opposition oublie encore le peuple, aiguisant les appétits et les petites mesquineries en allant en grande désunion avec 2 à 3 listes différentes dans les mêmes circonscription. Les pro-UNIR votent pour un seul parti; le peuple qui veut l’alternance vote pour plusieurs partis en même temps, les voix s’effritent en faveur du pouvoir et on retombe dans les mêmes travers. Dès maintenant, il faut que les listes se préparent, que les meetings se tiennent à des fréquences élevées pour formater le peuple à aider l’opposition unie (grâce au PNP) à changer le visage de l’Assemblée en 2018. L’opposition n’a même pas l’air de savoir qu’il reste moins d’un an pour arriver à de nouvelles consultations législatives.

La diaspora, chantre de la révolution ou la mort

Les message révolutionnaires, demandant l’alternance ou la mort, invitant le peuple à prendre d’assaut Présidence et autres institutions au prix de sa vie, se sont répandus sur les réseaux sociaux. Le pouvoir pense bien faire en coupant le pays du monde par l’arrêt des services internet histoire museler ces violences verbales, pépinières infernales conduisant aux violences en tout genre.

Le pouvoir a t-il tort ou raison ? Trop d’arguments valident le pour ou le contre, et moi même je ne m’y retrouve plus.

Néanmoins, il sera toujours temps de faire face à deux vérités. Marcher sur une institution est considérée comme une atteinte à la sûreté de l’état, voire un coup d’état. A un moment donné, l’armée active son rôle de protection des institutions en tirant sur les foules agressives. Et après, tout n’est que décompte en nombre de morts pour soit attendrir les militaires qui se retournent contre le pouvoir / ou au contraire continuent de le protéger en faisant planer la peur sur le pays. Nous avons déjà expérimenté plusieurs fois ce second cas au Togo. Qui nous dis que cette fois-ci ça sera différent ?

Une pacification violente, avec son lot de morts qui n’arrange en rien les affaires de l’opposition ? A ce jour, rien ne dit que le Togo finirait comme le Burkina. A plus fortes raisons, ces pays n’ont pas la même histoire et démontrer qu’une armée prendrait fait et cause pour un peuple voulant dégager les institutions togolaises est une profonde gageure.

De loin, quand on regarde les harangueurs par réseaux sociaux interposés, demandant au peuple de renverser un pouvoir si sûr de lui, jusqu’à concurrence de quel quota de morts le peuple doit aller pour leur cueillir une alternance avec son lot de destruction d’infrastructures (celui du Burkina, de la Côte d’Ivoire ou même du Rwanda, le record en Afrique).

Quelle lutte pour de meilleurs lendemains ?

Aujourd’hui il faut choisir. Attraper un raccourci mortel, en plongeant un pays dans une instabilité dont on ne connaît pas la fin; ou travailler dans l’opposition pour gagner petit à petit, le pouvoir à la cause du peuple. C’est à cette seule condition que ceux qui prétendent aujourd’hui détenir la force, s’en iront le coeur léger, et que ceux qui prétendent à la magistrature suprême, viendront sans inquiétude. Une alternance pacifique et non pacifiée !

Quand on aspire à un changement tel que le nôtre, les inconnues sont légions. Il faut remettre les équations dans le bon sens et refaire les bons calculs. Les manifestants ont fait leur part en aidant à remettre au goût du jour cette révision constitutionnelle à l’Assemblée qui se réunit prochainement. Il faut que l’opposition fasse la sienne, en arrêtant de ramener facilement des hommes à la rue; Elle est l’opposition parce qu’elle doit faire un travail qui est bien au contraire difficile, celui de savoir jouer avec les règles que lui fixe le pouvoir, afin de lui ravir le changement.


Moutonneries et autres Pitreries du même enclos

Je suis en vacances, mais parfois, les doigts me démangent. Et pour ne pas aller les fourrer forcément là où c’est chaud et humide (le lecteur se réserve le droit de penser à ce qu’il veut sur chaud et humide n’est-ce pas ?), je les défouraille sur un clavier ?

Surtout que mon grand frère Mawulolo Roger LASMOTHEY, dans sa grande expertise en « moutonnerie » au Sénégal, a une fois de plus, pondu une analyse socio-économique sur le prix du mouton qui flambe qui flambe, et c’est pourquoi il est inutile de le fumer avant de le manger…

  1. Le Mouton de Panurge

On peut même dire que je suis un candidat de choix pour faire partie des moutons de Panurge puisque j’ai suivi sans réfléchir Mawulolo. En même temps, je lui fais tellement confiance que je lui donnerai le paradis sans confession.

Mouton de Panurge ? bah oui justement voilà une belle moutonnerie. Vous ne le savez que trop. Un mec nommé Panurge s’ennuyait à mourir sur un bateau à côté de moutons bêlant à tue-tête. Panurge à un moment s’énerve, attrape le mouton de tête (il y en a toujours un dans un troupeau, et c’est lui que tous les autres suivent) et le jette par dessus bord. Tous les autres moutons ne pouvant déroger à la règle sacro-sainte de suivre le mouton de tête, sautent aussi à la flotte. Et depuis ce jour… les Moutons de Panurge.

Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’à un moment dans l’histoire politique du Togo, les opposants avaient brillé par leur absence aux élections législatives, tellement qu’à la fin des années 2000, le Togo n’ait plus qu’un parlement composé uniquement de députés du parti au pouvoir. On appelait ce parlement-là, l’Assemblée Monocolore; ou comme la presse d’opposition préférait l’appeler : « L’Assemblée Mouton« . en référence aux moutons de Panurge, puisque tous les députés votaient selon la consigne du Président, vu comme le mouton de tête n’est-ce pas ?

Allez, on fait une petite pause ? une blague de mouton peut-être ?

Ou encore cette petite méchanceté à la salaud, malgré toute la délivrance dont j’ai fait l’objet ?

2. Le Mouton dans le christianisme

La bête, tellement bêêêêêêête, mais tellement bêêêêête, n’a pas servi à grand chose dans le christianisme sinon qu’à être fumé en sacrifice à Dieu au début de la bible. Le patron au ciel, il a bon goût n’est-ce pas ? Kebab, méchoui, les nourritures terrestres viennent du paradis ? Sauf qu’à partir du nouveau testament je m’interroge :

Notre berger qui est au pâturage, que ton mouton vienne…

Mon grand-frère Mawulolo expliquait sur son blog qu’on avait deux types de mouton à la Tabaski : Le mouton élevé en campagne, que l’on conduit dans les verts pâturages, l’éternel étant son berger, etc. C’est le mouton bio donc. Et puis le mouton élevé en ville, avec la bouffe de ville. Bah le mouton Pas Bio. Vous aurez choisi quoi vous ?

3. Le Mouton en musique

  • Lecteur : ça existe ça ?
  • Salaud : – euuuuh… va à la ligne ! grrrrrrrrr

Le groupe  Magic System a révélé dans son album « Cessa Ki est la Vérité »  que Mouton était un signe zodiaque en Côte d’Ivoire. Tout a commencé avec un vieux et riche planteur ivoirien parti rendre visite à sa copine. Il la trouve (il fallait s’y attendre n’est-ce pas ?) entrain de batifoler, d’aller aux fraises, de battre le briquet (que de belles expressions pour ne pas dire ce que vous voulez) avec un jeune mec. Dans l’embarras, la fille leur propose à tous les deux (le vieux et le jeune) de s’asseoir et de parler d’horoscope.

  • Le jeune mec : Moi je suis Lion.
  • Le vieux planteur : Moi je suis Mouton. Parce que c’est Mouton qui peut payer maison et puis Lion vient dormir dedans.

On sait plus vraiment ce qui se passe par la suite. Juste qu’on a entendu une ambulance passer juste après ce qu’on suppose être la fin de l’horoscope du jour..

On trouve pour autant d’autres références sur le mouton dans la musique Ivoirienne. Dans sa chanson DJ TASSOUMAN, Meiway a rendu hommage au DJ Aladji Toutouya,  « Le gros mouton ».

Et quelques sons plus tard, un autre DJ, MACKENZIE s’est rendu hommage (comme BOKASSA se couronnant lui-même) en créant le titre « Petit Mouton » qui devint son surnom.

4. En France, Le Mouton dans la Baignoire

Il m’est impossible de finir sans évoquer cette pratique assez pratique d’ailleurs dans la France musulmane des années 70 jusqu’à 90. A la Tabaski, il était plus facile (à de la distance à parcourir jusqu’à l’abattoir) d’égorger le mouton dans la baignoire. Les musulmans de France ont vite été affublés de cette appellation contrôlée d’origine moqueuse. Ce très bel article du nouvelobs partage de la nostalgie de cette époque.

Azouz Begag, un ancien Ministre français, issu de l’immigration, et chargé de la promotion de l’égalité des chances dans le gouvernement Villepin, a d’ailleurs fait un livre « Un mouton dans la baignoire« , retournant merveilleusement l’expression pour lui donner un autre sens. Il évoquait entre autres ses relations difficiles avec le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, à la suite notamment des émeutes dans les banlieues françaises en 2005, mais aussi sa difficile adaptation à la vie gouvernementale.

 


Partir en Vacances dans sa tête

Vive la vacances… dans ma tête…

Oui ! Cher lecteur ! Toi hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère (c’est du Charles Baudelaire hein, pas de moi)… car « Tout homme est libre de voyager sur l’océan de sa pensée » – là c’est de Sir Isaac Newton

Je pars en vacances dans ma tête pour ne plus avoir à trop réfléchir. Et à la rigueur, lire ! Car j’ai l’ire de ne pas assez lire… C’est le seul substitut substantif que j’ai trouvé à de vraies vacances. Celles où on  paresse au lit les jours ouvrables, celles où on s’habille légèrement,  celle où ma bedaine est enrobée dans un débardeur, celles où on s’enfonce les pieds dans le sable, en fermant les yeux, tout en étant bercé par les vagues, celles où on laisse la tige de jade et les boules, pendouiller dans le short. Ces vacances que je n’aurai pas. Pourquoi ?

Pourquoi vous voulez savoir pourquoi ?

Je déteste parler de moi mais en gros, si vous voulez savoir… je passe ma vie à surveiller un peu moins de 400 ordinateurs qui tournent sur un réseau d’entreprise dans un immeuble de sept étages. L’idée c’est qu’à un moment donné, il y en a un ou deux qui décident de faire des tentatives de suicide; et là je dois venir aller savoir laquelle d’entre ces machines n’a pas reçu de dose d’amour maternel dans son âme minéralogique. Je suis ce qu’on appelle un maintenancier, un troubleshooter, un support it, etc. Une sorte de pompier dont le téléphone sonne du matin au soir à chaque fois qu’il y a un « incendie technologique » dans un bureau. Et grâce à la précarité de l’emploi, bah l’employeur prend un malin plaisir à me faire travailler sur contrat, en faisant abstraction de tout congé ! c’est triste ? Bof, je suis un salaud, homme insensible, dénué de tout sentiment et rempli de méchancetés en tout genre. A chaque fois qu’on me fait une prise de sang, c’est un tube d’acide de plus pour le labo.

Et comme mon cerveau passe en mode ralenti, ou mode économique aussi, histoire de laisser la machine à saloperie se reposer, je vais m’amuser à faire un petit bilan de ce qu’a été une année de blogging du salaud.

A bien y penser, j’ai pas fait grand-chose. Il y avait pas de sujet et j’ai souffert du manque d’envie de parler. Parler du temps qui passe ? Du temps qu’il fait ? qu’est ce qu’on s’ennuie dans ce bas monde. En atteignant l’âge du christ à crucifixion, moi je m’ennuie. De toute façon j’ai aucune envie de faire comme lui; encore qu’il faut que je me trouve douze disciples, que je réveille des morts, guérisse des paralytiques et des aveugles, et accessoirement trouver un peu de pain et de vin pour le dernier dîner. Un peu de fromage aussi ne serait pas mal n’est-ce pas ? Mais vous conviendrez avec moi que ce n’est pas évident. Limite ! si j’avais été au moins le neveu de Dieu au deuxième degré, je serai sûr de ressusciter à un moment ou à un autre, donc… j’aurais pu me laisser aller à une petite mort… histoire de ressembler au cousin d’il y a 2000 ans. Mais que NENNI !

Si je n’ai pas le pouvoir de ressusciter pourquoi chercher à mourir comme lui ?

En regardant un peu mon fil d’articles de cette année, je me suis rendu compte que mon blog prenait un goût de chiottes : j’ai publié un billet sur le caca des autres, argh ! beurk ! Et j’ai fait une ode à Judas Iscariote

si mes parents me lisaient… ça fait longtemps qu’ils m’auraient renié trois fois avant le chant du coq. pffffffffff…

Qu’est ce que j’ai fait de moi.

Je pense même que je suis blacklisté au Ministère de l’Economie Numérique de mon pays.

J’ai peut-être glissé deux ou trois petites fourmis dans les pantalons et les jupes des gens de ce cabinet, mais walaye* je l’ai pas fait exprès. Et je ne m’en suis rendu compte que quand tous les bloggeurs sont allés manger au Sarakawa en inaugurant l’IPX (point d’interconnexion). Tous les blogueurs sauf un ! l’irréductibe salaud lumineux.

En même temps, c’est pas comme si c’était pas cool pour un salaud de se sentir mis au ban du ministère (ou au banc des accusés). Si je suis sur une blacklist (liste noire), je me sens très Reddington.  J’ai pensé apporter des critiques constructives à l’E-gouv mais bon… comme on ne peut pas plaire à tout le monde non plus …

Ah j’oubliais, côté bouffe je suis allé à un nouveau restau : Mon menu de choix, Spaghetti bolognaise, mayonnaise et bananes plantain frites.

J’ai découvert le restaurant Le Pacha, dans mon quartier, j’y suis allé, j’ai mangé et j’ai grossi.

En gros, après une année de blogging, je me sens plus gros. A la rentrée (je rentre quand je veux) je crée le gros blog ! Je vais faire mon mouloud. En tout cas, ne comptez pas sur moi pour maigrir. Avec ma bedaine, ma barbe à la Edouard-philippe en fin de semaine, les chauffeurs de taxi m’appellent Papa. C’est vous dire, tout le respect qu’ils ont pour moi ! Mon dieu, s’ils savaient.

Bon, assez parlé, de moi, je suis assez controversé comme ça. Le mec avec qui je rêve de me faire un restau un jour, en refaisant le monde autour de la table, c’est Jean-Pierre RAFFARIN. Ce notable de province devenu Premier Ministre sous Jacques Chirac est le politicien que j’admire le plus au monde. Et c’est pour ça que je vais refermer les portes de cet article avec une de ses raffarinades :

«  Les vacances, ce n’est pas seulement les voyages, c’est un état d’esprit ».


TOGO – AGBASCO – FOLO – GAFO – AUX LARMES CITOYENS

C’est une affaire choquante née d’un choc à grande vitesse. L’histoire d’un habitacle en déplacement à tombeau ouvert avant que tout, absolument tout ne s’arrête; l’énergie cinétique de l’engin se transforme en énergie potentielle. Le déplacement fait place à l’inertie silencieuse et brutale. La propagation énergétique, celle qui multiplie la masse du corps par sa vitesse au carré, s’étend jusqu’aux bords et rebords de la carrosserie, puis au moteur, et douloureusement aux sacs d’os, de chair et de sang, assis dans cet espace devenu si petit. Bruits de tôles froissés, énorme fracas, corps violemment tassés, os cassés, déboîtés. Existence, vie, mort et transcendance d’humoristes togolais. Un camion était arrivé sur leur voie. Ils ne l’ont pas vu, il ne les a pas vu.

Dans cette tragique affaire, de qui va t-on se payer la tête pour lui faire porter le chapeau; Aux conducteurs de part et d’autre ? ou bien à nos routes africaines anémiées qui font des blagues mortelles aux humoristes. Ces derniers en sont morts, mais pas de rire. Ils n’en reviennent pas. Ils n’en reviendront jamais.

Lorsque l’horreur frappe, c’est toujours le cœur qu’elle vise en premier.

C’est un deuil national, une peine populaire, et ce n’est pas parce que nous sommes nombreux à la partager qu’elle sera moins lourde à porter pour les familles éplorées. Paradoxe !

Les prières résonnent, telles de sourdes plaintes, avant de s’en aller mourir telles des rumeurs souterraines. Le peuple perclus dans son silence, contemple l’horizon que l’aurore embrase de mille feux, certain que les jours d’après, pas plus que ceux qui les ont précédé, ne sauraient apporter suffisamment de lumière dans le cœur des hommes.

Hélas, il vient un après-accident, une après-mort, un après-funérailles. Quand un événement malheureux vient desservir ceux qui en meurent, il demeure au service des vivants qui en souffrent, c’est à dire le pays tout entier qui en pleure. PLEURE Ô PAYS BIEN AIME.

Si les morts sont morts et finis, c’est parce que quelque part ils ont purgé leur peine. Cela doit rappeler aux vivants qu’ils ne sont que des fantômes en avance sur leur heure. Ils n’ont pas plus de pouvoir que les poulets qu’ils ont fait sacrifier sur l’autel des peines perdues. Réconcilier les cœurs des hommes divisés; rompre les amarres de ces anciennes querelles chahutées et muselées; ne plus ressembler aux hommes que nous avons été, ne plus subir nos anciennes misères; Enterrer nos anciennes rancœurs et différences dangereuses; Laisser ces stars du rire éteintes nous rendre ce dernier service, que de s’en aller, avec nos petites bassesses humaines.

La vie de ces hommes drôles et rieurs, vaut à nos yeux plus que tous les sacrifices.  Ils ont eu le talent de ne pas se laisser déborder par les événements; la décence de ne pas céder au siège des infortunes. Cette simple pensée est à graver dans le souvenir de ceux qui vont leur survivre et leur succéder. Car nous sommes sûrs qu’ils n’ont pas choisi leur fin.

Et du Chef de l’Etat, leur premier spectateur, qu’ils avaient appris à affectionner, jusqu’au dernier de leur fan, le meilleur hommage qu’on puisse leur rendre, est de faire du Togo un pays meilleur que celui qu’ils nous laissent.


Togo : souriez, vous êtes e-gouvernés !

Nous vivons une époque formidable. Ils appellent ça le « e-gouvernement », ou la dématérialisation de l’administration. En gros, ca veut dire :

  • qu’à l’avenir, le papier disparaitra (pour qu’on coupe moins d’arbres aussi, que vont devenir les rastas ? :mrgreen: ) ;
  • que les documents seront tous électroniques ;
  • qu’ils seront accessibles et exploitables à tout moment et en tout lieu (la magie de l’internet).

Normalement, une fois que la « Vision 2030 » se fera plus claire, vos pièces officielles personnelles (acte de naissance, certificat de nationalité, diplôme, casier judiciaire), les documents administratifs de l’Etat, les projets…  auront des existences digitales. On ne perdra plus de documents, il n’y aura plus de courrier. On sait grâce aux niveaux hiérarchiques de validation et aux étapes d’établissement de tel ou tel dossier, où se trouve chaque document, chaque pièce, chaque facture, chaque ticket … Cela concourt à desserrer les freins de l’avancement des dossiers administratifs dans notre pays.

C’est l’émergence n’est-ce pas ? Du réseau fibre optique coule le lait et le miel. OK… mais ça, ça n’arrive pas tout de suite ! D’accord, du côté du Ministère des Postes et de l’Economie Numérique, on a mis beaucoup de moyens pour faire un premier pas vers cette digitalisation de l’administration togolaise mais… ce billet vous dira que la nuit est encore longue, et qu’on n’est même pas sûr que le jour vienne !

Dans les prochaines lignes, je vous montrerai rapidement le côté mignon de la chose, puis le côté pas mignon, et je sèmerai même en vous _si vous restez jusqu’à la fin évidemment_ la peur de l’éléphant blanc, cette espèce pas totalement en voie de disparition dans nos sociétés et administrations africaines !

Le côté mignon

Pour faire du e-gouvernement au Togo, on a commencé par relier 560 bâtiments publics dont 543 rien que dans la capitale Lomé et la différence, à Kara, l’autre ville-là qui euuh… bon, c’est bon là hein !

250 km de fibre optique ont servi à relier tous ces bâtiments à un centre informatique unique où sont hébergés les serveurs informatiques (ces gros ordinateurs surpruissants qui contiennent la partie essentielle des applications utilisées par les différents ministères, les équipements de distribution de réseau, etc) ça s’appelle un « Network Operation Center » (NOC) ou centre des opérations de réseau (traduction littérale).

Là où ça devient très sexy, c’est que chaque utilisateur disposant d’un équipement connecté dans un de ces bâtiments a accès aux ressources de son ministère, ou à celle d’autres ministères, du gouvernement, de la présidence, de l’assemblée nationale, de la primature, etc (documentations et applications) pour faire son travail comme cela se doit en ce début de 21ème siècle. Il paraît qu’à l’international (sur le réseau internet), un bâtiment public surfe à 100 mégabits par seconde, et plus si affinité au niveau des équipements dont il dispose.

Tout a donc été mis en place pour commencer par héberger les premières données de nos ministères, de nos hôpitaux, de nos campus et de certains lycées (35% des lycées publics de Lomé).

Jusque-là ça va et vous vous demandez où est l’os ? Patience, on y arrive…

Le côté pas mignon (the dark side, je vire carrément Star Wars, espèce de salaud schizo va ! )

Dans le cadre de la célébration de la Journée Mondiale des Télécommunications et de la Société de l’Information, le Ministère en charge de ça (je raccourcis la phrase en fait) a invité une trentaine de blogueurs, et influenceurs (je lis le communiqué de presse là) pour une journée d’information sur le e-gouvernement.
Ce qu’ils ont évangélisé aux blogueurs est la bonne parole du côté mignon que vous avez lu un peu plus haut. Aussi, quand on va franchir la ligne sur laquelle j’écris là, ça va tourner au massacre kr kr.

Allez, non, soyons sympas. Ce que je m’en vais formuler a déjà été reconnu par le Ministère. Oui, les infrastructures actuelles permettent de « numériser » tous les contenus gouvernementaux (Ministères, Institutions de la république, et autres organes publics). Mais non, le e-gouvernement n’est pas encore effectif. Pourquoi ?

Bah, parce qu’il n’y a pas suffisamment d’ordinateurs pour tous les travailleurs de l’état togolais ! Du coup, avec quoi vont-ils se connecter au réseau e-gouvernement ? Allez, je vous donne un exemple : le Ministère des Postes et de l’Economie Numérique nous parle de onze mille utilisateurs connectés sur la plateforme e-gouvernement en journée. Mais, … et c’est là où ça se gâte, la majorité de ces connectés le sont par leur téléphone androïd. Vous suivez là ? Cela veut dire que la majorité des travailleurs du public connectés actuellement sur la plateforme e-gouv  viennent  s’y amuser ou traiter leurs affaires personnelles avec leur smartphone. Whatsapp ça vous dit quelque chose ?

Même rengaine pour le projet ENT, censé doter les lycées publics d’un outil applicatif permettant de gérer une base de donnée des établissements où l’on peut voir pour chaque élève inscrit, les notes reçues, les devoirs que leur ont donné les professeurs(et probablement les corrigés), l’emploi du temps de la classe. Un parent (comme cela se passe au lycée français, ou encore au cours Lumière à Lomé (désolé pour la pub) suit l’actualité de son enfant grâce au projet ENT installé sur un serveur e-gouvernement. Il sait avant même de rencontrer son enfant en soirée, quel devoirs il a à faire, s’il a reçu telle note etc. Le suivi électronique de son enfant est mignon. Mais … évidemment… même après la relative défiscalisation des équipements numériques importés au Togo, le nombre de foyers connectés à internet au Togo est toujours très bas. Et les salles de professeurs dans les lycée doivent encore être à l’âge de pierre de l’informatique. Comment on rentre les notes de chaque élève dans l’ENT déjà ? Comment le parent d’élève se connecte au réseau e-gouvernement pour voir l’état scolaire de son enfant ?

Je vais même plus loin pour évoquer le côté sécuritaire. Et cette question vaut aussi bien pour l’avenir que pour le présent… enfin quoique… Au vu des velléités djihadistes manifestées ça et là au Mali, au Burkina-Faso, et en Côte d’Ivoire ; et au regard de la facilité déconcertante avec laquelle un marché a brûlé en une nuit au Togo (personne ne l’a vu venir d’ailleurs), le e-gouvernement intègre t-il la mise en place d’un site de repli, un NOC identique à celui mis en place pour prendre le relais en cas de sinistre ? Parce que centraliser les données du gouvernement dans un NOC c’est bien ! Mais s’il part en fumée, c’est toute l’administration qu’on paralyse. Et comme notre pays a suffisamment montré qu’il est poreux aux sinistres…

Voilà, le miel est devenu amer (limite si l’abeille n’a pas chié dedans ?) et le lait est caillé.

La peur de l’éléphant blanc

Quand un projet de l’Etat ne sert in fine à rien, sauf à remplir les poches des promoteurs durant sa mise en place (commission, retro-commission, détournements, durant la construction et la mise en place du projet), on appelle ça un éléphant blanc. Cet animal dont tout le monde parle, en vantant sa beauté, sa majestuosité, sa grandeur, mais que personne ne voit jamais…

Vous voulez des exemples je sais … bon, je vais me gêner… mais je fais ça vraiment pour vous hein : « Hôtel 2 février », le plus bel éléphant blanc de notre pays. Dans les années 80, il est accablé par un rapport de la banque mondiale stipulant que l’hôtel depuis son ouverture n’a jamais fait de bénéfices, tout en coûtant près de 2 milliards par an, en frais d’exploitation. Depuis il a été fermé, bradé, loué, cédé, et renfloué à l’endroit d’un groupe Indien qui, parait-il, se serait mis à s’essoufler un peu dans la gestion. On croise les doigts.

Il paraît qu’hélas les éléphants blancs n’ont pas disparu de nos pays, que certains individus à l’esprit retors tournent et retournent la viande dans la braise, pour croquer, voire sucer l’os jusqu’à la moelle.

Dans le cas du E-gouvernement, si, sur un certain nombre d’années, une révolution numérique n’est pas opérée dans nos ministères où les machines à écrire attendent d’être remplacées par des ordinateurs, le Togo risque d’accoucher d’un énième éléphant blanc, à fière allure, se dandinant et se déhanchant dans la forêt de ses semblables. A moins de franchir ou de s’approcher du ratio un ordinateur par travailleur, le e-gouvernement risque de s’assoupir, pour ne peut-être jamais se relever.

C’est pour cela qu’aussi loin que vont mes pensées à la Ministre en charge de l’économie numérique, et son équipe de jeunes remplis de bonne volonté (ça se voit à l’œil nu)… je m’interroge, le menton au creux de ma main, accoudé à une des tables de la salle 102 du Ministère, le 17 Mai 2017 : comment font-ils pour croire à quelque chose qui vient à peine de franchir l’entrée du tunnel. L’autre bout est encore loin, et le chemin pour y arriver n’est pas que pavé de bonnes intentions.

Quand j’ai soulevé ces quelques inquiétudes que je viens de coucher dans ce billet, on m’a dit là bas au Ministère : « Il faut quand-même commencer quelque part »….

Eh bien, vous avez commencé, et nos pensées vous accompagnent pour que vous réussissiez. Le e-gouvernement n’est pas pour le ministère, il est pour le peuple. « De tout ce que la politique peut être amenée à faire de mal, elle le doit au diable par excellence » disait un certain Edem Kodjo. Et comme personne au Ministère de l’économie Numérique n’a l’air d’avoir le diable au corps…