50 Nuances de Black Panther
Depuis que je vais au cinéma, c’est à dire depuis pas très longtemps (Canal Olympia est la seule salle au Togo et elle a ouvert il y a pas longtemps), je me suis, pour la première fois, endormi en pleine projection. Pourquoi ? parce que Black Panther était un ratage, une daube, la bérézina des blockbusters de chez Marvel.
Le scénario pue le déjà vu à plein-nez. Il a un arrière-goût de réchauffé des années 90. Allez, on va dire genre la foutue fresque familiale où le fils, prince de son état remplace son père mort, et tout de suite après apparaît un autre mec (lointain cousin à l’africaine) qui convoite le trône. Il construit un stratagème trop prévisible pour conquérir le trône en tuant le prince ! Sauf que le prince il meurt pas ! On le retrouve quelque part dans la neige comme Jon Snow ressuscité dans Game of Thrones, et on le ramène reconquérir le trône avec l’aide de sa soeur, de sa mère et de Lupita Nyongo aussi mais bon, ça, on s’en fout encore plus.
Les répliques ? Trop prévisibles ! Même ma grand-mère au village aurait pu écrire les dialogues… à part celles de Klaue, un personnage qui paraissait être le méchant à la base, mais qui s’est fait sauter le caisson par le putschiste de Wakanda (enfin si vous arrivez à subir le film, vous verrez).
Les thèmes abordés sont tout aussi habituels et sans grand intérêt. Si les producteurs de chez Marvel doivent prendre le malin plaisir de nous raconter l’histoire d’un pays qui a des ressources minières convoitées par toute la planète et qui se défend de laisser les étrangers s’en accaparer… Franchement ils n’y vont pas de main morte sur la caricature. Sauf que ça ne fait marrer personne. A côté de ça, les autres sujets comme la question des réfugiés ou encore l’amour qui se concrétise à la fin laisse tout aussi indifférent.
La bande-son est peut-être la seule bonne note du film. Tout le reste est lassant, bruyant, soporifique et aseptisé.
Mais alors, qu’en est-il des scènes d’action, puisqu’il s’agit de super-héros ? Là encore c’est du déjà vu. On a peut-être même vu mieux ailleurs dans d’autres productions sur les Avengers. A la limite ça sent la paresse des mecs de la production qui se sont levés un matin et se sont dits : bon, on reprend la même recette et, paresseusement, on l’adapte à la sauce africaine (tenues africaines, brousses africaines, absence d’infrastructures, animaux exotiques, et même des clichés comme des enlèvements de jeunes filles à la Boko Haram). Comme ça, tous les noirs se reconnaissent dans ce héros et ça va cartonner.
Eh bien, messieurs, à moi on ne la fait pas ! Le manque d’imagination dans lequel baigne l’histoire du Wakanda et de son Black Panther (qui tient plus du dieu Egyptien Anubis) montre qu’on n’a pas voulu se donner du mal pour avoir un bon résultat. On voulait faire une opération marketing.
Quand on y pense ! C’est quoi cette manie de vouloir adapter à chaque fois ces concepts cinématographiques américains à l’Africaine, si ce n’est pour s’ouvrir un nouveau marché de consommateurs. Canal Plus est passé maître en cet art médiocre, adaptant pour l’Afrique avec des acteurs africains plusieurs séries à succès en France. Le dernier exemple en date, Un gars une fille, est devenue Chéri Coco sur les chaînes Afrique du Groupe Canal. Je ne regarderai jamais !
Qu’on laisse les africains tourner et réaliser leurs films africains sur les réalités africaines. Après on ira voir les blockbusters occidentaux au cinéma et on s’en délectera. Point n’est besoin de peindre tous ces personnages en noir pour nous revendre le package à la sauce africaine. C’est de mauvais goût, c’est une pâle copie, ça ne sera jamais comme l’original. Je suis sûr que le jour où on me balance un James Bond noir à l’écran, je saute par la fenêtre (je prendrai soin de sauter par la fenêtre du rez-de-chaussée quand même, pour minimiser les risques).
Laissez nous raconter nos propres histoires, laissez-nous les filmer. Quand vous referez vos Avengers, soyez-en rassurés, nous irons quand-même au cinéma les regarder.
Black Panther, c’est, comme l’a dit la revue « Cahiers du cinéma », une bouillie visuelle impensée.
Sinon, bah, moi je retourne dans la salle obscure de Hanoukopé demain regarder Cro Man, pour faire du bien à l’enfant qui est en moi. Si vous aussi vous voulez faire l’enfant… vous savez où vous trouver.
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