Il sera toujours facile de caricaturer. Mais et après ?

30 mars 2015

Il sera toujours facile de caricaturer. Mais et après ?

Avez-vous jamais assisté à un tweetup?

Cet article me permettra (ou nous permettra) de faire la promotion de ces réunions épiques où règne le frotti-frotta des pensées formulées par des gens brillants.

Quoique j’en fasse partie et que je me dis être probablement l’un des moins brillants (sans fausse modestie), je pense que le tweetup228 est entrain de devenir un cercle de cerveaux suffisamment polis et affutés, qui émettent des points de vue contradictoires permettant de construire à la fin une réflexion à plusieurs variables. Cela ajoute beaucoup d’eau au moulin d’échanges sur divers sujets. Mais mieux encore, et il faut en avoir la ferme conviction : « chacun en repart grandi et affranchi ».

Le dernier tweetup en date a eu lieu le samedi 28 Mars. Guillaume Djondo, le modérateur s’emploie actuellement à en relater le déroulement, ainsi qu’il me l’a confié récemment, ce qui justement apportera une pierre à l’édification d’un cercle d’amitié et de réflexion que nous espérons voir s’agrandir avec d’autres membres à l’avenir.

Et en attendant l’article de l’homme qui fait si bien parler sa plume, je voudrais tout de même soulever un pan qui a été, à n’en point douter, la pierre d’achoppement de l’expression de nos différences de point de vue.

Je vais essayer de faire simple et court.

En évoquant la politique et le tournant qu’elle prend en période électorale dans notre pays le Togo, une partie des twittos autour de la table a relevé les erreurs de gouvernance et dénoncé avec véhémence, l’enfer de misère dans lequel nous aurait plongé le pouvoir actuel.

Une autre partie des twittos a pour sa part essayé d’aller au-delà du masque de monstre porté au gouvernement et aux autres institutions incarnées par le pouvoir en place pour amener ces « great debaters » à reconsidérer leurs positions d’éternels dénonciateurs, critiques acerbes, voire grands releveurs de faute des autres.

Personne n’aura à la rigueur épousé la thèse de l’autre avant la fin de ce tweetup, huitième du nom. Et je ne me répandrai pas en arguments sur les sujets intrinsèquement liés sur lesquels nous avons cultivé et exprimé nos divergences profondes.

Cantonnons-nous pour ce présent billet, à la seule logique de critique et de dénonciation à laquelle s’est attachée, voire vautrée, une partie des co-twittos. Ils ont rappelé de l’histoire politique pas très heureuse de notre pays, ravivé leurs propres rancoeurs, rameuté les âmes présentes autour de la table, sur le mal qui est fait, la condamnation et le supplice, la crucifixion collective du destin togolais (crucifixion par les temps pascaux que nous traversons, n’est-ce pas)?

Je me demande avec un peu de recul… comment aurait-fini ce tweetup si nous avions tous été d’accords en nous répandant en victimes de fraudes électorales et d’inégalités sociales. On se serait refait une thérapie de groupe géante, où tout le monde aura pleuré sa partie de misère et se serait fait soutenir avec des tapes dans le dos avant de repartir? Où aurait été alors la plus-value? Qui aurait perdu son temps? Qui aurait gagné son pari? L’image de la contre-productivité.

Nous les twittos aurions perdu notre temps et les éternels taxés de fraudes et de tueurs sociaux auraient encore gagné? C’est aussi simple que cela.

Heureusement, il y a eu de la part d’autres twittos des justifications, des informations permettant de remettre en question certaines affirmations encore trop faciles. Et même si les twittos déchaînés en critiques n’ont pas voulu entendre la voix de leurs objecteurs, la voix discordante de ceux qui voulaient leur faire voir le verre à moitié plein, je pense profondément qu’un travail s’est fait dans leur conscience (ou dans leur inconscient, c’est selon), parce que les contre-arguments ont été écoutés en même temps que les autres versions de la même histoire. Les anglais disent : To Tell Our Part Of The Story.

Il demeure tout de même triste que les dénonciateurs des égarements du pouvoir ne croient pas qu’ils puissent contribuer à changer quelque chose, juste avec ce qu’ils représentent aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Que quand on leur dit : proposez ! ils rétorquent : « vous voulez qu’on écrive au gouvernement »?

Que faites-vous alors de vos blogs, très cher(e)s. Pensez-vous que vous n’êtes pas lus ? Que vos tweets ne sont pas suivis ?

Pensez-vous qu’il ne faut pas tenter quelque chose, laisser une trace écrite de comment vous sentez les choses? De ce que vous avez observé dans vos pérégrinations à travers le pays? Qu’il me soit permis de manifester en ce sens toute mon admiration pour Mr Cyrille Nuga. J’ai eu l’honneur d’avoir partagé un billet avec lui une fois et j’ai toujours pris un certain plaisir à le lire. Mieux, l’idée formidable qu’il a eu de s’inscrire comme opérateur de saisie pour être un observateur de choix dans une partie du processus électoral en cours doit-être cité en exemple. Seulement, qu’a-t-il fait de tout ce qu’il a vu, si ce n’est de les garder pour lui. Il nous dit qu’une clause de confidentialité signée par lui-même est passée par là? Bah, qu’il la raconte à une autre plume qui la réécrirait sans le citer… (la rencontre du blog et du journalisme?).

Nos blogs ne révolteront pas les togolais comme en Tunisie. Nous pouvons en être sûrs. Mais les écrits qui restent sur ces pages électroniques ont leur poids et font tâche sur les dossiers du pouvoir. Il faut les multiplier, les entasser, les collectionner. S’il y en a qui se trompent, ils trouveront des gens qui leur apporteront les contradictions justifiées, mais de grâce, tentons quelque chose.

« Si j’échoue, qu’au moins j’échoue en osant de grandes choses, de sorte que ma place ne soit jamais parmi ces âmes froides et timides qui ne connaissent ni la victoire, ni la défaite » écrit Franklin Delano Roosevelt.

Ou comme le dit avec moins de mots une sagesse chinoise: « Il vaut mieux allumer une chandelle, que de continuer à maudire l’obscurité ».

Le tweetup sera ce que nous en ferons. Nos opinions échangés créent l’esprit qui nous servira à écrire nos lettres. Et à créer un haut lieu où règne le débat de qualité. C’est pour cela que maintenant plus que jamais, les échanges contradictoires restent utiles, surtout quand les chapelets de misère égrenés par les uns et les autres sont accompagnés d’idées nouvelles. S’apitoyer sur un sort et abandonner stoïquement ne peut pas être une option pour les twittos. C’est un pis-aller que nous irons trainer comme un boulet retardant notre marche vers la qualité.

Il ne faut pas oublier qu’à chaque fois que nous créons chacun de notre côté des différences, nous partons tous des mêmes bonnes intentions, et des mêmes désirs d’avenir pour notre pays.

« Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis ». Antoine de Saint-Exupéry

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Commentaires

Laurier d'ALMEIDA
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Le gouvernement fait de son mieux pour ce pays. Ce n'est pas facile de gouverner. Donnons le pouvoir à ces dénonciateurs, ferons-t-ils mieux ? Il nous appartient de nous lever et d'agir pour nous réaliser. Trêve de flemmardise ! "Nous n'avons droit à rien"

tpirakc
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Dire que le gouvernement fait de son mieux pour le Togo et en même temps nous balancer qu'il n'est pas facile de gouverner est ce qu'on doit entendre par là qu'il est dépassé? Si c'est le cas et bien qu'il passe la main parce voyez-vous il n'a pas le monopole de la connaissance de la direction de la chose publique.
"Ces dénonciateurs" comme s'ils passaient leur temps à ne rien faire mais à constater les imperfections du système en place. Il faut dépasser la dénonciation et proposer certes mais proposer c'est aussi exposer sa vision de la meilleure façon dont les choses doivent se passer si on veut arriver à des résultats.

Eteh Komla ADZIMAHE
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Oui, il n'est pas facile de gouverner. On peut préciser encore : "de gouverner un pays africain qui, après les indépendances, s'est contenté de construire, puis de ne pas prendre soin de ce qu'il a construit". Nos pays à la ruine vont difficilement remonter la pente. Quelque soit le Président que nous aurons. L'économie de confort n'est pas pour l'année prochaine, ça c'est sûr. Quant à la grande thérapie géante de la dénonciation, il n'y a aucune avancée, quand on ressasse (joli palindrome) toujours ce que tout le monde sait déjà. ça apaise un peu les gens (comme quand on écoute Abass Kaboua). Mais la situation demeure telle qu'elle et ceux qui veulent avancer continuent d'avancer.