La Peur du Gendarme est le Commencement de la Sagesse

19 décembre 2018

La Peur du Gendarme est le Commencement de la Sagesse

C’est un vieil axiome français. Vieux certes; mais toujours d’actualité. En Afrique comme sous d’autres cieux, le paradoxe frappe l’imaginaire collectif : on a peur de la personne qui est censée nous protéger.

Nous sommes à la veille des élections législatives de 2018 au Togo. A certains endroits de la capitale Lomé, (et probablement dans d’autres villes de l’intérieur du pays), des hommes lourdement armés sont postés. Pourquoi ?

Bah ! pour des raisons de sécurité (j’adore cette phrase :lol:).

Je disais gendarme dans le titre ? gendarme, ou gens d’armes depuis le règne des Louis en France, les gens d’armes porteurs de cape et d’épée : Les mousquetaires par exemple étaient des gens d’armes : D’Artagnan et les trois autres de la clique sont donc les ancêtres de Colonel Yark Damehane (on a le rire jaune hein…). Leur mission est essentiellement de protéger les civils (ou la reine Anne d’Autriche et ses ferrets de Diamant, pour ceux qui ont aimé lire les trois mousquetaires). On demande en gros aux gendarmes comme aux policiers de faire respecter une grande partie des fameux dix commandements (les israeliens étaient dans le coup depuis) : Tu ne tueras point, tu ne voleras point, tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin (encore que dans ce dernier cas, j’ai un peu hésité n’est-ce pas)?

Cette définition quoique simpliste (l’article étant écrit par un esprit simple) étendue aux militaires fait de ces derniers, les protecteurs des institutions de la république. Je vous explique autrement ? ça veut dire en gros que si des personnes mus par des relents révolutionnaires décident un matin de marcher sur la présidence de la république d’un pays, il peut arriver que l’armée les présente tous à Dieu en personne parce qu’elle fait son travail qui est de protéger le président (une institution). Parfois, l’histoire a très souvent montré que ça ne s’est pas toujours passé dans cet ordre. Soit l’armée s’est retournée contre l’institution, soit elle a laissé la révolution se faire… rien n’est d’ailleurs vraiment normal dans ce monde n’est-ce pas ?

Revenons alors sur la peur. La fameuse peur du militaire; celle qui trouve son germe dans la réponse disproportionnée du militaire armé avec une cartouche engagée dans son canon, se tenant devant un lanceur de pierre lui promettant de découdre avec lui, avec ses collègues ensuite, avant d’aller déloger le président et sa suite. Cette réponse militaire hors-proportions choque ! traumatise ! A la différence policiers encadrant les manifestations non armés (sinon de matraques et d’inoffensifs lacrymo), les militaires en revanche sont présents sur l’échiquier pour en gros régler les cas devenus meurtriers et sanglants. Un évènement récent a laissé un arrière-goût de réponse disproportionnée de l’armée ou de miliciens, on ne saura vraiment jamais (triste exemple d’ailleurs) : des militants d’opposition ont promis notamment sur les réseaux sociaux de faire du mal à d’autres civils qui iraient travailler le jour d’un Togo Mort décrété par l’opposition. Réponse hors norme : la présence d’hommes en armes qui dit-on seraient des miliciens, ou des militaires ou encore des gendarmes en tenue civil, mais lourdement armés pour sécuriser le passage de ceux qui voulaient aller travailler. On nous a même soufflé qu’il s’agissait de protéger la démocratie ! La démocratie de ceux qui voulaient aller au travail contre la démocratie de ceux qui voulaient manifester en observant une journée sans travail. L’armée, la police, la gendarmerie étant pour la libre circulation des personnes et des biens, ça a failli tourner au vinaigre… le goût de la salade ne serait jamais passé !

On se dit donc que techniquement si personne ne va attaquer un commissariat, ou brûler des pneus sur la voie publique (entamant l’asphalte dont la réfection coûte d’ailleurs déjà trop cher à l’Etat), ou attaquer des personnes allant faire leur devoir de vote; la police, la gendarmerie, les militaires ne bougeront pas d’un seul pouce.

Du coup, on se dit aussi que s’il faut avoir peur, c’est d’avoir peur des têtes brûlées qui voudront se faire remarquer par quelques jets de pierre ? et quand les gaz lacrymogène ne suffiront pas, la peur sera plus grande parce que en face, il faudra répondre pour rétablir le calme ?…

Il y a donc la peur du gendarme qui est le commencement de la sagesse ? oui, mais ma plus grande peur sera de voir des militants d’opposition réagir. Puis d’entendre en face, les corps habillés surréagir…

Sinon, le vendredi matin, on respirera un grand coup avant de poursuivre nos misérables vies togolaises.

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Commentaires

Mawulolo
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J'avais raté celui-là...
La peur du salaud est le commencement de quoi déjà ? :D

Eteh Komla ADZIMAHE
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est le commencement de sa sagesse