Togo : Article 59 – « Comprendre ce qui n’a pas marché » et « Avancer »
Comme il s’agit d’un sujet assez pointu, exposons d’abord les faits :
Octobre 1992 – Le peuple Togolais se rend massivement aux urnes pour un référendum. Une nouvelle constitution vient d’être écrite; taillée (dit-on) sur mesure pour un peuple dont tous les politiciens ne veulent que le bien!… avec toutes les bonnes intentions… l’enfer n’en sera que mieux pavé etc.
Dans son contenu, le fameux article qui allait en prendre pour son grade de 59 : « le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats«
En 2002, le parlement nouvellement élu, est monocolore. Totalement acquis au RPT (ancêtre de l’actuel UNIR), ce parlement fut le levier qui permit d’envoyer en l’air (ou de sauter) les verrous du renouvellement de mandat. Le Président de l’époque, arrivait en fin de course, et ce qu’on appellera plus tard, tripatouillage et toilettage de la constitution, devait en clair, servir, pour redonner un coup de booster définitif qui le ramène dans la course.
Il y a quelques jours, l’honneur m’échut d’ajouter des modestes mots à une publication du mondoblagueur _ mais il n’en est que plus sérieux _ Cyrille Nuga. « Comme on fait sa constitution, on se couche« , ce sont les maître-mot de l’article.
Dans le développement, Cyrille, aidé un peu de moi (un tout petit peu seulement, un zeste d’aide) explique que les constitutions ne sont modifiées que par une volonté populaire. Ceci, quelque soit comment cela se produit.
Mais si Cyrille a tout dit (et je vous le confirme, il a vraiment tout dit), pourquoi dois-je me lancer dans un autre billet sur le même sujet ?
C’est ce tweet d’un autre blogueur (un très bon d’ailleurs) tete enyon (contre qui je n’ai absolument rien, je le précise) qui me fait revenir sur un certain angle du sujet. Vous pourrez d’ailleurs aller lire le très court mais tout aussi expressif article qui parle un peu du même sujet sur son blog.
Mais en attendant, son tweet suffira… tweet qui je le rappelle, salue la publication de l’article « Comme on fait sa constitution, on se couche ».
.@salaudlumineux le peuple s’est donné sa constitution en 1992. Ce qui a suivi a été fait sans lui. C’est mon avis ! @c_nuga #Article59
— Tété Enyon (@teteenyon) 22 Décembre 2014
Ok le peuple a approuvé cette constitution de 1992. Mais indirectement elle a aussi approuvé celle de 2002 (la version déverrouillée) ! Pourquoi ? parce que dans ce cas-là également cela a été fait en toute légalité et en toute légitimité. Il était légal qu’un parlement même s’il est à majorité RPT procède à une modification de la constitution. De plus , la loi, il est important de le savoir, n’exige pas de référendum à chaque retouche de constitution. C’est le cadre légaliste dans lequel cette constitution a été modifiée en 2002. Cela la rend absolument valable.
Elle n’en est d’ailleurs que plus légitime parce qu’elle a été modifiée par un parlement élu par le peuple ! Qu’on le veuille ou non, il y a bien des représentants du peuple, qui ont prêté serment avant leur entrée en fonction, RPT ou pas, ilsavaient le droit de changer une constitution au nom du peuple; et ils l’ont fait ! au nom du peuple. (Lire un article sur Ouattara Natchaba – le lien est à la fin de ce billet.)
Après, on pourra s’éterniser sur le manichéisme ambiant qui en découle. Est-ce en bien ou en mal. Et comme UNIR s’amuse à le justifier ces derniers temps, quand on leur dit que la constitution de 2002 avait été taillée sur mesure pour Eyadema... ils répondent – et je trouve cela d’ailleurs assez brillant – que la constitution de 1992 avait été taillé sur mesure contre le même EYADEMA.
Il est donc important de le rappeler : Si la loi n’invalide pas ce « Tripatouillage » de constitution, cela en fait bien une constitution du peuple togolais qui l’approuve (même de manière tacite) de part l’acte posé par le parlement qui le représentait en 2002 !
Si le peuple cherche à blâmer quelqu’un ? Bah qu’il aille blâmer ses chers opposants mal préparés qui ont brillé de par leur absence aux législatives anticipées de 2002. Ces élections où même en ne gagnant que 5 sièges, ils auraient empêché la modification qui aujourd’hui dérange.
En fait, la chose opposante au Togo ne sait pas faire du discernement. A chaque fois que le rapport de force désavantage cette opposition (et cela arrive dans 90% des cas, voire même plus), cette dernière crie au vol, au viol, au scandale, à l’entourloupe du pouvoir en place, etc.
En revanche, aucun travail de fond n’a jamais été fait pour savoir où est-ce qu’elle s’est faite avoir, où a t-elle commis l’erreur, où a t-elle mal placé un mot, un acte, une stratégie et qui l’a désavantagé ?
L’opposition togolaise est comme ces femmes qui remplissent nos églises charismatiques, sans aucun but précis, sans aucun plan pour leur vie, sans aucune formation, sans aucun acquis, braillant et égrenant mille prières à-tue-tête, battant des mains à se rompre les phalanges en louange à l’éternel, pour que ce dernier opère des miracles dans leurs vies !
ça n’a jamais marché et ça ne marchera jamais.
Ceux qui pensent aujourd’hui que la constitution de Décembre 2002 n’est pas celle du peuple se trompent.
Les togolais, dans leur grande majorité, ont couru voter oui à un référendum en 1992, parce que les visages des hommes qui portaient cette constitution, leur plaisait bien ! Mais en 2002, c’est bien encore la faute au peuple, d’avoir supporté et encouragé, ces mêmes hommes de l’opposition qui ont eu la maladresse de boycotter des législatives. C’est d’ailleurs assez grave qu’eux non plus, n’aient eu rien à dire au peuple par la suite ! C’est une honte ! C’est leur seule faute qui les rattrape et qui les met au pied du mur; les obligeant à battre le pavé pour réclamer ce qu’ils ont laissé échapper 12 ans plus tôt.
A moins que cette opposition nous dise aujourd’hui qu’ils ne savaient pas? Qu’ils ne savaient pas que leur absence ou leur présence à l’assemblée serait déterminant à fondre n’importe quel article de constitution. A ce point-là, ce serait de l’incompétence doublée d’une dangereuse ignorance.
C’est à cette catégorie d’hommes et de femmes que le peuple signe des chèques en blanc; ou donne un blanc-seing pour les laisser décider à sa place.
Ce peuple togolais reste aveuglé par sa misère ménagère (vivre en dessous du seuil de pauvreté). Il pointe le doigt accusateur vers le pouvoir; croyant que ceux qui ont du mal à annoncer qu’on leur a finalement payé leurs droits en centaine de millions (affaire DEPUTES ANC RENVOYES de l’ASSEMBLEE), viendront redresser une économie que l’on ne ressent pas dans le panier de la ménagère.
Il faut être réaliste ! Le retour à la constitution de 1992 est laissée à l’entière discrétion du parlement à majorité UNIR ! C’est ce que la loi confère au parti majoritaire à l’Assemblée Nationale. Glapir, gémir, grogner ou mugir de Bè-Kondjindji à la plage n’y changera absolument rien.
Les opposants marcheurs, réclament un droit qu’aucune partie de la loi ne leur donne le droit de réclamer. Obtenir cette modification qui lèse le pouvoir UNIR à la tête du pays est trop sérieux pour aller en faire un sujet de manifestation de rue. – la méthode inefficace depuis 2010 – .
Qu’ils se reprennent et optent intelligemment pour la diplomatie de couloir dans laquelle s’illustrent si bien le CAR et l’ADDI. Au moins eux, auront réussi à ramener le texte portant les modifications sur à la table de l’Assemblée pour étude…
Il ne s’agira même plus de bomber le torse pour dire que le peuple a voté sa constitution en 1992… et qu’en 2002, le pouvoir a fait le sien … Regardons la loi en face, et attachons nous à la seule réalité… il n’y a aujourd’hui qu’une seule constitution. La ramener dans son état de 1992 est une bonne chose, cela s’entend quand on veut voir le bien et le mal; et choisir le bien ! Mais tant qu’il ne s’agit pas d’un droit acquis, il vaut mieux comprendre ce qui ne marche pas, changer d’approche, travailler à améliorer la stratégie qui crée les concessions auprès du pouvoir qui aujourd’hui, a la loi de son côté. C’est la seule chose qui fait avancer la marche vers la limitation de mandat si bien désirée.
On oublie souvent que la phrase « L’erreur est humaine » est souvent prononcée à l’arraché et à l’inachevé. Elle est encore plus belle, quand elle est prononcée dans la langue morte :
ERRARE HUMANUM EST; PERSEVERARE DIABOLICUM
L’erreur est humaine; Mais persévérer est diabolique !
Ceux qui se spécialisent en erreurs politiques et en ratés de tout genre quand il s’agit d’imprimer une stratégie à leur combat pourront s’en affranchir. Le jour où le peuple leur tournera le dos n’est peut-être pas si loin… et à ce moment-là, même le diable ne voudra pas d’eux.
https://www.togo-confidentiel.com/texte/Politique/Natchaba_et_la_Constitution.htm
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