Eteh Komla ADZIMAHE

Donner à Sang pour Sang

C’est presqu’un message de Noël, un message de nativité. Le don de sang permet de renaître.

Je suis tenté de faire comme Stromae : que les donneurs lèvent leurs poches de sang pour ceux qui n’en ont pas.

Un proche dans ma famille a récemment eu besoin de sang. Etant d’un groupe O+ (Donneur Universel), il ne pouvait qu’être transfusé avec du O- groupage à rhésus négatif hélas souvent rare. Ces donneurs universels doivent pouvoir vouloir tout et son contraire à la fois.

Je me suis donc mis à la recherche du sang. D’abord au centre de transfusion sanguine, puis sur les réseaux sociaux. Merci à @giverstg , ZopiMag et à ceux qui ont retweeté.

Il y a une pénurie de poches de sang au Togo. Il y en a peut-être dans les corps humains en vie. Mais on n’en trouve pas en revanche dans les banques. Les banques de sang, là où le sang est traité, stocké, nettoyé et apprêté pour être transfusé aux patients nécessiteux. Pas de bonne santé sans sang.

Pour se procurer du sang, il faut se présenter avec une prescription d’un médecin (indiquant le groupage du patient) au CNTS, le Centre National de Transfusion Sanguine. Il faut ensuite s’asseoir sous un apatam d’attente, priant pour entendre à un moment donné, le nom du patient prononcé à travers un petit guichet. Il faut ensuite s’y diriger avec une glacière et de l’eau glacée en sachet (conservateur) et payer accessoirement le prix du sang (pour l’avoir analysé, traité et conservé).

« A chaque fois que vous refusez de donner du sang, un homme meurt »

Je ne pouvais pas imaginer le désarroi des personnes qui viennent tous les jours pendant deux jours, trois jours voire une semaine sans trouver le bon groupage. J’ai arpenté les couloirs de chaises alignées du Centre de Transfusion. J’ai retrouvé au fil des jours des visages qui devenaient familiers. Les mines défaites qui ressassaient la même phrase désespérante : « On n’a pas trouvé de sang, on nous a dit de revenir demain ». On était devenus des frères de sang.

Pourrais-je adresser suffisamment de reconnaissances, à Dieu ou tout autre vertu céleste du même acabit, et un peu les soutiens venus de tous bords, mais surtout le personnel très accueillant du centre de transfusion ? J’ai reçu des poches de sang après trois jours d’attente. Il m’a fallu ensuite quand même trois jours supplémentaires pour trouver la quantité nécessaire. L’ordonnance du patient précisait trois poches. Le centre ne pouvait nous fournir qu’une seule poche par jour.

Don du sang
ll y a une pénurie de poches de sang au Togo.

Que serait devenu l’homme que nous voudrions à tout prix sauver, si nous n’avions pas finalement obtenu ces poches de sang. En attendant de trouver du sang, nous nous rabattions sans trop d’espoir sur des prescriptions écrites par son médecin. Des ampoules injectables de ce qui pouvait être proche du sang, vendues à prix d’or, mais qui ne remplaçait pas le sang lui-même hélas.

Le patient, à son réveil quelques jours plus tard, alors qu’il était encore faible, étendu, grabataire, sur son lit de malade laissa échapper ce commentaire : « Les blancs ont tout fait, mais il faut se rendre à l’évidence. Ils n’ont pas encore pu créer du sang. Dieu est trop fort« .

A chaque fois que vous refusez de donner du sang, un homme meurt. Alors laissez-moi accrocher quelques cadavres à vos cous. J’accomplis ici un geste macabre, mais ce petit électrochoc suscitera peut-être une vocation de donneur ici et là.

Car c’est sans appel ! Un jour peut-être, le sang de l’autre vous sauvera. Alors pourquoi ne voudriez-vous pas être l’autre pour commencer ? Il faut choisir : être le sauveur ? Ou être celui qu’on a sauvé ?

Le patient pour qui j’ai effectué ce combat du sang est aujourd’hui sur ses deux pieds. A le voir marcher hier soir, soutenu par mon frère et ma soeur, s’appuyant sur sa canne noire, je me suis remémoré cette phrase dans Macbeth : « pourtant, qui aurait cru que ce vieil homme eut-en lui tant de sang ? » – William Shakespeare


Beer 2 Beer : Taguez la brasserie !

Si vous voulez savoir avec qui j’étais à table, allez directement à la fin de l’article, vous pourrez même lire l’article à l’envers,… Que ne feriez-vous pas avec un peu d’alcool dans le sang ?

Il est clair que, dès les premières guinness (il faut que je me fasse payer un jour pour la pub ?) tout a viré à la diffamation, c’est le mot du moment.

A table, il y avait parmi nous un complotiste. L’Affaire Adebayor contre Gogoligo feat Papson était une vaste distraction pour faire oublier aux togolais lambda dont nous, le prix du bol de maïs : 900 F CFa. C’est le référentiel économique du peuple togolais; Si le bol du maïs flambe, c’est toute la population qui part en pop-corn ? Prix du bol de maïs : 1,61 dollars. Pour la majorité silencieuse qui vit avec moins d’un dollar par jour…

Le complotiste a ensuite pensé que l’Affaire Adebayor VS Gogoligo et Papson a relegué au second plan l’harcèlement sexuel dont se dit victime une employée de l’ambassade du Togo au Brésil. La sénégalaise qui n’a pas froid aux yeux (parce qu’elle porte des lunettes ?) enregistre le présumé harceleur Eyana Edjaide, Chargé d’Affaires de l’Ambassade du Togo au pays des bomba latina aux rondeurs rebondies et mises en valeurs par les tenues courtes, et même très courtes.

Perso, on a écouté ? ok, à partir de 3 minutes 57, ça a failli devenir passionnant mais finalement, on leur a préféré les anciennes gloires du football et de l’humour et de la chanson togolaise. Mais si vous le pouvez, Taguez le Ministre des Affaires Etrangères ! …

Allez, on reboit un coup ? M*rde ! la serveuse vient de nous annoncer qu’il n’y avait plus de Guinness. Parmi nous, un blogueur crie au compteur truqué de la brasserie ! on a mal compté les bouteilles de guinness ! diffamation ! Taguez le Directeur de la brasserie…

Il n’a pas été facile à calmer. Nous avons tout de même décidé de nous séparer à notre corps défendant. A notre grande surprise, qui voyons-nous (à travers la bouteille brune de cette bière noire) arriver ? Adebayor promènant ses chiens… :

L’ancienne gloire du football Togolais aurait-il compris : Les meilleurs amis, ce ne sont pas les stars de l’humour, de la chanson, etc. Non ! Le chien est le meilleur ami de l’homme.

Générique de fin :

Etienne / Mortaiseuse / Akev

Co-Starring :

La fille aux très gros boobs / La fille assise à côté d’Etienne


Le Togo des Diffamateurs

Diffamation : Porter atteinte à la réputation d’une personne par des paroles et des écrits. C’est bon ?

Alors, voici les faits.

Adebayor Sheyi, Gloire du football togolais contre Gogoligo l’humoriste et Papson, l’artiste musicien. Le premier crie à la diffamation, les deux autres se retrouvent sous les verrous. Dans les commentaires sur les réseaux sociaux, c’est interprété comme un doublé de l’ancien joueur !

Tout le monde en rit sauf l’humoriste. Paradoxe de la vie…

Adebayor Sheyi revient ensuite en porteur de paix, avec une lettre au procureur, demandant la libération des co-accusés. Indulgence ou Schizophrénie… Ces stars qui, gâtés par la vie, enchaînent les caprices. Ayant quasiment les moyens de faire et de défaire, ils ne savent plus ce qu’ils veulent réellement.

https://twitter.com/salaudlumineux/status/1418293454451482640

Bref, tout le monde est à peu près content. On peut reprendre une vie normale.

Cette affaire a tout de même un niveau d’absurdité plutôt acceptable pour l’époque que nous traversons.

Sinon, le 7 Juillet 2004, au Palais de Justice de Lomé, Harry Olympio un politicien togolais aujourd’hui en exil a été invité à produire preuves et témoins suite à des propos diffamatoires à l’endroit de Feu Me Yawovi AGBOYIBO. Olympio a dit d’Agboyibo qu’il a pris de l’argent chez le Président Eyadema pour créer son parti le CAR. –Prouvez le M. Olympio. – J’ai un témoin rétorque ce dernier, c’est Me AGBOYIBO lui même ! Qu’il jure sur la bible qu’il n’a jamais pris de l’argent chez le Chef de l’Etat. Agboyibo jura alors sur la bible qu’il n’a jamais pris d’argent chez le Président de la République. Le procureur a estimé que le délit n’est pas constitué parce que Me Agboyibo a été un collaborateur de l’état. Le délibéré 7 jours plus tard a relaxé Harry Olympio. Dans ce procès qui a tout de même duré 11 heures d’horloge, la partie civile représentant Agboyibo était composée de 15 avocats. Harry Olympio n’en avait pas.

3 ans auparavant, en Août 2001, c’est le même Maître Yawovi AGBOYIBO qui fut écroué à la prison civile de Lomé. 6 mois de prison ferme, 100 000 F CFA d’amende et 1 franc symbolique pour avoir diffamé le Premier Ministre de l’époque, Messan Agbeyomé Kodjo. Ce dernier a poursuivi l’opposant pour l’avoir accusé en 1998 de parrainer une milice armée qui commettait des meurtres dans la localité de Sédomé, préfecture de Yoto.

Karl Marx dit que l’histoire se répète toujours deux fois. La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce. Avec nos stars togolaises du football, de l’humour et de la Musique, elle s’est répétée une troisième fois comme une bêtise en bande désorganisée, un procès d’attardés dont les cerveaux trop enfumés à la shisha de mauvais goût, les laissent faire échapper des imbécilités, des égarements et autres bavardages pestilentiels du même tonneau.


Le lendemain des indépendances

… chantent faux ! oui je sais…

en même temps, pour un pays comme le Togo, à quoi fallait t-il s’attendre, 61 ans après… nous étions le 27 Avril y a 2 jours et le pays… quel pays ?

Quand on le hissa pour la première fois en 1960, le drapeau togolais a fait l’objet d’un bug. Il s’est arrêté au milieu du mât… Trop de gens mataient… il a un peu été timide, hésitant, … à l’image de la nation togolaise 61 ans après !

L’indépendance des pays africains (si vous pensez que les pays africains ne sont pas indépendants, pensez le ! on s’en fiche de toute façon), c’est un pari qu’un colon très intelligent a dû faire un jour avec ses autres collègues colons. Alors que la France se pétait la gueule sur le front algérien, un mec qu’on n’écoute jamais dans l’administration coloniale est arrivé au bureau, a ouvert la porte de ses collègues qui prenait les décisions stratégiques pour les colonies et a dit : « Les gars, laissez les aller à l’indépendance. Ils se sont toujours détestés cordialement. Ils vont tous finir par s’entretuer entre ethnies« .

J’aurais tout donné pour être assister à cette scène…

(que j’ai inventé mais bon…)


Belizeum Chronicum

Il se susurre dans les milieux « blogosphériques » togolais, l’arrivée des chroniques de belizem sur Mondoblog.

Chroniques de Belizem, mini-textes où le blogueur, de ses crocs, nique l’actualité et le comportement général humain, social, asocial, surtout s’il est de mauvais poil.

note à moi-même : de ses crocs, nique ? Pffff salaud, ça n’a aucun sens…

L’homme écrit pour dire ou ne pas dire, cuire, frire, faire rire sans coup férir. Il pèle, épluche, détache, déshabille les maux de l’actualité, retourne le fumier dans les nouvelles de la semaine ; les relents camembert d’un monde qui a du mal à rester vert.

Il y dépeint nos politiques de paléolithique, portée par des politicards, soudards, vieux briscards à mettre au placard.

Très souvent on en rit, on en pleure même de rire, pleurer-rire pour pleutres lecteurs, cachés derrière leurs écrans à se moquer d’erreurs publiques de nos élus locaux, cantonaux, municipaux. Des chroniques qui se boivent comme un Apéro ! Ou de l’eau…

Chronique boit l’eau ou Boileau, même s’il se sent parfois l’âme poète. Lame poète s’il cherche à blesser, lame de fond pour surfer sur des vagues venant frapper d’intelligence le récif de votre front.

Last, but not least ; Comme il écrit court, retirez-vous vite à la fin, jouissez-y, jouissez-en; puis relisez si vous y trouvez quelques reconnaissances charmantes. On peut être parfois surpris de découvrir des sens cachés qu’on a d’abord raté.