Méfiez-vous du Chien qui fume – Un conte de Noël du Salaud Lumineux

28 décembre 2017

Méfiez-vous du Chien qui fume – Un conte de Noël du Salaud Lumineux

  1. Note au lecteur : Pour ce repas, tu n’as pas été convié. L’auteur a ses bonnes raisons que tu comprendras seulement en fin de la lecture.

Le met fumant exhalait un parfum d’épices et de chair grillée qui embaumait, autour de l’assemblée attablée. Leurs cerveaux réunis étaient en communion, sécrétant à l’unisson les mêmes doses de dopamine et de sérotonine, hormones du plaisir. Leurs sens olfactifs traitaient à haute vitesse l’information odoriférante : ce chien-là va être vraiment succulent. (Ô vous grands défenseurs d’animaux qui ne supporteront pas les lignes qui viennent, retournez d’où vous venez en moonwalk).

Le quatuor de mangeurs se préparait donc à faire ripaille. Après avoir sacrifié au traditionnel repas de Noël dans leurs familles respectives, chacun en ce qui le concerne, la joyeuse bande des 4 s’était retranchée ici. Dans une cour à l’abri des regards indiscrets, ils ravivaient l’ambiance festive et chaleureuse des jours de fête, saupoudrée de blagues en tout genre, de souvenirs heureux, drôles ou même parfois ridicules. Les coudes se levaient, les visages tournés vers le ciel, et les vagues déferlantes de bières coulant au fond des gorges déployait des rires bruyants.

Une serveuse sortie de l’arrière-cour telle une sirène sortant des eaux de leur imaginaire collectif, fit irruption au milieu du groupe et déposa sur la table le méchoui suintant la graisse, témoignage liquide de la qualité de la viande. Les quatre paires de narines frémirent. Les effluves fumants de chien fumé puis fourrémontaient, sa peau aspergée de toutes parts par des rondelles de tomates, d’oignons, et autres subtilités du genre à accompagner toute viande qui se respecte.

On ne se souhaita pas bon-appétit. Etait-ce d’ailleurs la peine ? La bière était là. Le whisky avait irrigué l’estomac au moment de l’apéro. L’argenterie brillait sur la table, aiguisée et prête à découper le chien fumant morceau par morceau ; tout le monde était heureux. Comment peut-on penser un seul instant que l’appétit viendrait à manquer ?

Ainsi la découpe et la dégustation allèrent de pair. Les os furent entièrement dévêtus jusqu’à 23 heures. Il ne resta plus rien. La bande se sépara, le ventre rempli et le bonheur plein les yeux, éructant dans la graisse animale, et flatulant dans le coton de leurs caleçons.

  1. O Lecteur, voici venu le temps de savoir d’où vient la viande

Le chien mort et mangé avait un nom. Skipi. Il appartenait à un coopérant français en poste à Lomé. Le diplomate l’aurait ramené de retour d’un de ses voyages en France. Un saint-bernard qui n’avait pas manqué de faire honneur à sa race en arborant un formidable embonpoint. Seulement, Skipi attrapa une drôle de maladie. Une dermatite qui auréolait le pelage du chien par endroit, constellant bientôt son corps de cercles sans poils avant de lui procurer des rougeurs inexpliquées. Le vétérinaire comme les traitements qu’il prescrivit furent impuissants.

Alors que Skipi était à l’article de la mort, son diplomate de maître fut appelé à partir pour l’étranger. La mission ne pouvait attendre. Il partit le cœur serré, sommant Kokoudjin, son gardien et homme à tout faire, de le tenir au courant de l’évolution de l’état du chien. L’animal décéda le lendemain de son départ. Le gardien informa son employeur par téléphone. Ce dernier, dévasté par cette mort inévitable de son fidèle ami, demanda au gardien de lui trouver une sépulture décente à l’intérieur même de la maison. L’argent fut envoyé le jour-même pour ériger une petite pierre tombale sous laquelle reposerait Skipi le saint-bernard. Les mots affectueux de son maître à y graver, suivirent par sms le jour-même. Tout fut fait selon les instructions du diplomate français.

Tout ? Nooooooon, il ne fallait pas compter sur Kokoudjin pour laisser pareille viande pourrir dans une petite tombe dans la maison qu’il gardait tous les jours. Faire le tombeau n’est pas un problème, mais ce chien-là n’y reposerait jamais. Privant les vers et autres vermisseaux de leur basse besogne post-mortem, le gardien préféra faire honneur à l’animal une dernière fois en le transformant en un méchoui bien fumant et bien assaisonné. De cette façon, il ne serait pas mort pour rien. Trois de ses amis se chargeraient d’apporter les boissons et autres condiments nécessaire à la préparation. Lui amenait la matière première, la viande sans laquelle, de repas, il n’y aurait pas.

  1. O lecteur, maintenant tu sais. Si tu veux encore manger du saint-bernard, libre à toi, mais sache qu’à la première bouchée, tu es en association de malfaiteur, mangeur de chien volé à sa sépulture

Kokoudjin avait bien montré le tombeau à son patron. Il lui avait vanté les mérites d’un maçon qui se serait même signé au moment de mettre le chien en terre. Ils auraient tous versé des larmes et avaient même, pour se consoler, consommé l’alcool local extrait du vin de palme, le sodabi.

Le diplomate français remboursa la beuverie comme frais supplémentaire entrant dans les funérailles de son chien.

Kokoudjin était au comble de sa joie, sûr d’avoir fait une si bonne affaire en cette fin d’année. En croisant parfois ses pairs mangeurs dans le quartier, il s’esclaffait sur son patron versant des larmes devant la sépulture de son Skipi adoré : Façon dont chien là était doux, s’il avait mangé avec nous, peut-être il n’allait pas pleurer comme ça.

Pourtant, dans les jours qui suivirent la ripaille, Kokoudjin rit de moins en moins. Une tâche était apparue sur sa peau. Une dermatite qui cerclait une partie de son avant-bras. Lui qui était un homme hirsute à l’origine, se mit à perdre ses poils avec l’apparition d’une autre tache blanche à l’arrière de son cou, puis au niveau de ses mollets. Vinrent une semaine après, l’entrecuisse et la poitrine. Ses trois autres amis eurent la mauvaise surprise de constater les mêmes marques sur leurs corps. Ils tombèrent des nues quand ils se rencontrèrent et se racontèrent leurs déboires dermatologiques. Le pot aux roses fut vite découvert par le coopérant français. Les dermatites qui attaquaient la peau de son agent de sécurité étaient les mêmes que celles qui avaient dégarni les poils de son chien bien aimé. Le français vira rouge, vit rouge, fit arrêter illico presto et manu militari son agent de sécurité. C’est par devant l’officier de police que l’homme avoua le crime ridicule en citant le nom de ses complices qui ont avec lui, mangé l’objet du scandale. Et comme cet officier de police aime lire le blog du salaud lumineux, il n’a pas manqué d’avoir un mot d’esprit à l’endroit des mangeurs de chien : Voilà, vous vous êtes fait la peau tous seuls ! Au Gnouf ! -aboya t-il.

O Lecteur, tu sais maintenant que j’ai bien fait de ne pas t’inviter à cette ripaille où moi-même je ne fus pas invité. La preuve ! mon corps se porte bien, aussi bien de l’extérieur, que de l’intérieur.

Tu peux refermer cette page et aller manger une viande normale. Joyeuses fêtes !

 

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Commentaires

Laurier d'ALMEIDA
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Nom d'un chien ! Chienne de vie ! Une dermatite après délectation... Doux châtiment eu égard aux plaisirs gustatifs éprouvés.

Chien vengeur ! Du fond de leur estomac, lentement après passage dans le sang, il s'est faufilé à travers leurs cellules jusqu'à atteindre le derme. Ce chien ne devait pas être catholique. Il n'a pas le sens du pardon. Mais le cuire à une très grande température l'aurait peut-être rendu catholique, vu qu'il a connu le feu (du saint esprit ?).

À ces gens victimes de petites attaques du derme les dermatites, donnez leur mon mail pour qu'ensemble nous agissons pour un monde sans dermatite.

Eteh Komla ADZIMAHE
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ahahahahaha je commence par être inquiet à ton sujet... mon diagnostic ? début de démence...

Annadjib
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Rien de mieux qu'un lumineux conte de Noël pour clore l'année en beauté.
Joyeuse fête.

Eteh Komla ADZIMAHE
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La prochaine fois, je vais écrire un manga, walaye :lol:

Komahé
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RAS,juste pété de rire devant cette plume sanglante voir même saignante du salaud sur les bouffeurs de depouille animal,bref ils ne seraient pas tombés malade que j'aurai adoré voir le diplomate se faire niquer sa race à lui et à son skipi.réécris moi cette histoire ou je la refais moi même,il doit y avoir une fin heureuse pour nos consommateurs de gbondjin(chevre-rouge)...UNE VIANDE QUI SE RESPECTE HAHAHAHAHAHAHA

Eteh Komla ADZIMAHE
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Moi je suis très heureux à la fin de cette histoire. Si t'es pas heureux, c'est que tu es un mangeur de viande de chien