Fêter le nouvel an – Et pourtant on n’est pas obligé

4 janvier 2017

Fêter le nouvel an – Et pourtant on n’est pas obligé

Bah oui ! sinon pourquoi fête t-on le nouvel an ? J’ai toujours eu des réponses assez bizarres, voire même renversantes :

  • Parce que c’est la fête !
  • Pour se donner de la joie !
  • Pour se réjouir un peu quoi !
  • Parce que Noël est la fête des enfants, et ça là c’est pour nous les grands
  • Parce que c’est la fin de l’année !

Bon pour la dernière encore … ça va… puisque techniquement, qui ne sait pas que la terre, cette foutue planète sur laquelle on vit tout en la foutant en l’air d’années en années, boucle son tour complet autour du soleil le 31 Décembre à Minuit. Comme la terre est ronde, et accroché quelque part dans le vide, au milieu de nul part dans l’univers et que malgré tout cela,  on n’a pas appris que quelqu’un est tombé dans le vide quelque part ! et bien on fait la fête, on sort le champagne; et le 02 Janvier on continue nos misérables vies !

Bon, jusque-là admettons qu’il y ait au moins une raison astronomique (ou astrologique pour ceux qui y croient) de fêter.

Mon grand-frère Mawulolo, pense qu’il s’agit du moment où il faut refaire le bilan de l’année écoulée et se projeter dans l’avenir. Mon oeil ! moi je regarde les gens autour de moi faire surtout le bilan de bouteilles bues, de viande ingurgitées, pour après se vautrer dans les pets doux de leurs dessous ou encore dans le vomi des alcools que leur corps n’a pas supporté. A leur corps défendant ? nooooooooon… A leur corps offensant !

Allez, retour vers le passé, 20 ans en arrière, nos tendres années, on est au milieu des années 90 ! Le premier jour de l’an était dans beaucoup de familles de Lomé, le jour du conseil de famille. Le père réunissait autour de lui sa (ou ses) femme(s), et les enfants pour faire un vrai bilan. Les reproches et les félicitations étaient distribués, les encouragements adressés à qui de droit. Et tout cela finissait par un bon foufou avec un mouton bien gras pour les familles de Conservateurs. Et du riz, friture aux petit pois pour les familles progressistes niveau gastronomie seulement hein ! Et dans les deux cas une bouteille de soda sucré (Coca, Fanta, cocktail) au choix par enfant; Et fini la fête ! Certains parents ouverts d’esprits, laissaient les plus âgés  sortir « se réjouir » très souvent dans un night-club de la place. L’époque des fameuses « Matinées » (ouverture du club à 15h pour les plus jeunes… puis vient le moment du 20h pour les moins jeunes, nos grand-frères tel Mawulolo en ce temps-là, lol).

Je refais encore un bond en arrière (quoique ce soit physiquement impossible mais bon…) parce que mon père m’a raconté que dans les années 50-60, leur jeunesse à eux, le nouvel an était le seul jour dans l’année où ils mangeaient du riz. Wow… moi ça fait 5 ans que j’en mange tous les jours au restaurant d’entreprise.  C’est vous dire si je ne rattrape pas_ au nom du père_ tous les nouvel-an de sa jeunesse (lui qui par son fils, le sain d’esprit est ici vengé au nom de tout ce riz qu’il n’a pas mangé).

Au soir du 1er Janvier 2017, les formes établies par l’usage ont la vie dure. Chacun continue de donner à sa manière, un cachet particulier à ce jour de l’an en rompant avec les habitudes de la vie de tous les jours. Cela ne se ressent plus peut-être dans les petits plats mis dans les grands; mais peut-être plus dans le code vestimentaire. C’est curieux, mais il y a ceux qui pensent que c’est en ce jour-là, le premier de l’année qu’il faut porter les vêtements réservés pour les occasions spéciales. D’autres encore pensent (et je vous l’accorde, c’est un peu bizarre) que c’est le jour où il faut aller à la plage. Il y a ceux qui vont à la plage en veste aussi… c’est curieux hein… Il paraît même que c’est le jour où les églises sont les plus remplies au Togo (et probablement dans d’autres pays africains). On vient réinitialiser son compteur de péchés peut-être ? Car on ne le dit pas assez, mais ce qui est séduisant dans la religion judéo-chrétienne pour les Africains, c’est qu’ils se feront toujours pardonner les menus péchés pour lesquels leurs dieux locaux les puniront assez violemment. Le Dieu d’Israël étant si indulgent… il devrait faire carrément un concert au stade en fin d’année…enfin bon… je sais pas comment lui transmettre cette requête… mon canal de prière adressé au plus haut souffre d’un dysfonctionnement depuis plusieurs années… je me suis ravisé; enfin, c’est pas le sujet, je déconnais encore (oh lala, le salaud !).

A bien y voir, le fait de chercher à marquer et/ou à se démarquer à chaque fête du nouvel an, ne dénote t-il pas en fait de la pauvreté financière quasi-permanente, du marasme économique quasi-général. Partons du postulat simple et bête : Le bon africain n’a jamais les moyens n’est-ce pas ? De vous à moi, si je dois attendre le nouvel an pour manger du riz, boire du champagne, mettre des beaux habits, il y a vraiment un problème !

Je pense que quelque part dans cette affaire là, il faut être honnête avec soi-même et savoir raison garder. Si de toute l’année, on n’a pas mangé plusieurs fois le plat que l’on mange en fin d’année, alors ce ne sera pas la peine de le manger en fin d’année. Pourquoi ? Parce que des fois il faut faire un pied de nez à la vie. Si elle ne nous donne pas ce que nous voulons, ne nous battons pas pour l’avoir en fin d’année; mieux, ne nous embêtons pas, ne nous emmerdons pas, ne nous endettons pas pour l’avoir. Il ne faut même pas se réjouir d’avoir trouvé le moyen d’en avoir au moins une fois par an… Il faut trouver le moyen d’en avoir et d’en ravoir, de faire, de défaire et de refaire aussi souvent qu’on le voudra. Sinon à côté de ça, tous ces foutus voeux de bonheur prononcés ça et là par des bouches pas forcément honnêtes nous reviendront en pleine face, chaque jour de l’an, après que beaucoup d’énergies et de luttes sans merci aient été consacrées pour vivre le bonheur d’une journée. Hélas derrière, notre vie part en lambeaux de jours en jours, d’années en années. Le temps qu’on s’en rende compte, mêmes les jours de l’an deviendront impossible à fêter. Et c’est là que revient la foutue question ? Etais-je obligé ?

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Commentaires

Mawulolo
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NDM (Note De Mawulolo)
Mon grand-frère Mawulolo, pense qu’il s’agit du moment où [L'ON PEUT] refaire le bilan de l’année écoulée et se projeter dans l’avenir...
Pas [IL FAUT]

Eteh Komla ADZIMAHE
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c'est ça quand les grands frères tiennent à imposer leurs opinions aux petits. hum. Eh bien soit ! Il faut faire le bilan... Merci grand-frère. Tant que c'est Thiebou Diene là que tu me promets, j'accepte tes NDM