COMMUNICATIONS AUX FACTURES SALÉES AU TOGO – LE POURQUOI DU COMMENT

22 janvier 2016

COMMUNICATIONS AUX FACTURES SALÉES AU TOGO – LE POURQUOI DU COMMENT

Oui, bah parce que si elles étaient seulement assaisonnées, cet article n’existerait même pas. Enfin, il fallait bien gribouiller, deux ou trois trucs ici…

Entendons-nous bien, ce billet n’est pas un pamphlet pour tirer à boulets rouges sur les performances du Ministère des postes et de l’économie numérique; et ses ministères frères, parents, alliés, amis etc.  A quoi sert-il de tirer sur une ambulance ? surtout si elle transporte un corps in articulo mortis (ou à l’article de la mort), j’ai traduit dans la parenthèse, puisque le latin est sensé lui-même être mort etc.

Je ne vais pas non plus saper  les prestations des opérateurs de réseaux mobiles, et autres sociétés d’état fournisseurs de service (Electricité, eau, téléphone fixe, internet) puisque  apparemment ils font de leur mieux pour satisfaire tout le monde dans un contexte économique compliqué etc.

NON au contraire, je m’en vais vous expliquer pourquoi communiquer coûte cher ; et qu’en même temps, la qualité ne s’arrime pas au prix.

Je vous propose de procéder par induction. On va partir d’un cas particulier _ la communication sur le réseau mobile _ et généraliser aux autres services internet, eau, électricité, téléphonie fixe etc.

Mais alors, que dire du réseau mobile ? pourquoi les prix ne baissent pas ? Ce qui vient vous lève au moins un des dessous pas très rose de la chose… Je suis ouvert aux commentaires en bas de cet article. Si vous vous exprimez librement, je pourrai vous répondre ouvertement, sans pour autant défendre une opinion politique précise, puisque j’ai déjà mes problèmes… (je souris)…

Le réseau mobile s’appelle réseau cellulaire parce que ses antennes-relais sont installées géographiquement pour couvrir des cellules contenant des abonnés en mouvement ou non. Une ville forte de ses agglomérations et ses périphéries devient pour un opérateur, un grand terrain à morceler en petites cellules de 2km de rayon en moyenne.  Le gros souci de l’opérateur est de penser à augmenter la capacité d’une cellule ou à morceler une cellule en deux en implantant une nouvelle antenne relais à chaque fois que les habitants de cette dernière (des abonnés potentiels) croissent en nombre.

D’un autre côté, que veut le peuple ? Sinon communiquer à moindre coût. Or dans une cellule, on peut relayer en moyenne, autour de 72 appels simultanés. (cela peut d’ailleurs varier d’une cellule à l’autre, dépendant de l’investissement de l’opérateur, et de la densité de la population etc). Ce qui est intéressant, ceteris paribus, (toutes choses étant égales par ailleurs), c’est qu’en diminuant les coûts de la communication, plus de personnes vont téléphoner. Cela voudra dire qu’en gros il faudra prévoir plus d’antennes relais pour couvrir la forte demande en appel.

Petit exercice de logique : Supposant qu’une cellule s’étendant sur 2km a une antenne qui gère 72 appels simultanés. on sait qu’à cause des coûts de communication aujourd’hui, seulement 50 personnes arrivent à téléphoner simultanément. Si demain, les coûts d’appel baissent, cela voudra dire que 75 personnes seront à-même de téléphoner simultanément dans la même cellule. 3 parmi elles seront donc automatiquement sevrées puisque la plus belle antenne ne peut relayer que ce qu’elle peut ! Et si l’opérateur n’installe pas une nouvelle antenne, ces 3 abonnés, variant de manière aléatoire (c’est koffi aujourd’hui, c’est kokou demain…) risquent de ne plus s’acheter des unités pour téléphoner. Mieux, ils peuvent divorcer d’avec l’opérateur, et aller s’abonner chez un autre fournissant peut-être un meilleur service. Personne ne les accusera de prostitution cellulaire. (c’est ça rigolez).

Quelle est la conséquence ? L’opérateur qui a fait chuter les coûts et qui gagne de moins en moins d’argent sur les communications va être obligé de trouver des investissements (les équipements télécoms coûtent très chers) pour supporter l’achat de nouveaux équipements.  Il mettra ensuite bien plus de temps à les rembourser, puisque ses abonnés le rémunèrent moins qu’auparavant.  Pourtant investissements doivent être effectués pour satisfaire le besoin exprimé par la clientèle qui exige de communiquer en plus grand nombre, et à moindre coût ! A ce stade là ce n’est plus un dilemme. « C’est plusieurs-lemmes« !

Et comme on nous raconte qu’il est difficile de trouver des investissements remboursables sur des délais bien trop importants, eh bien … les coûts de communication ne baisseront pas.

S’il y en a ici qui ont des doutes, je vous propose de faire un tour dans des quartiers à forte densité à Lomé, les dimanches, puisqu’il s’agit du seul jour où les tarifs de communication baissent au Togo… vous comprendrez, au bout de dix minutes, après avoir tenté vainement de passer un appel, que si les tarifs restent inchangés les autres jours de la semaine, Plus personne ne parlerait plus à personne. Grâce à la communication, on ne se parlera plus !

De tout ceci, il faut tout de même situer les responsabilités; ou du moins essayer de les situer. Les statistiques démographiques permettent en principe de prévoir l’augmentation des populations, et par conséquent, une croissance du nombre d’abonnés; cela permet de prévoir et de rechercher du financement pour l’extension des réseaux, corollaires directs de l’extension des périphéries d’une ville etc. Seulement, au Togo comme dans beaucoup de pays d’Afrique, les planifications sur le moyen terme ne sont pas prises au sérieux. L’extension des réseaux électriques, d’adduction d’eau, de téléphonie fixe, mobile et internet n’accompagne pas la croissance démographique. Tout se passe comme si cette extension n’a même pas été prévue.

Les effets directs sont alors palpabes :

Baisse de tension électrique : Pas de postes-transformateur prévus durant les lotissements pour les nouveaux quartiers.

Baisse du débit d’eau au robinet ; Pas de châteaux d’eau pour les nouveaux quartiers

Baisse d’internet dans toute la ville : Vétusté des équipements de transmission et de distributions;  Saturation des réseaux de téléphonie fixe et mobile (pas de nouvelles antennes-relais, pas de nouveaux équipements d’interconnexion).

Et comme les caisses de l’état et de nos entreprises sont un peu vides aussi… les gouvernements changent, les problèmes demeurent… et on arrive presque à comprendre la prolifération decheveux blancs sur la tête de nos dirigeants !

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Commentaires

Laurier d'ALMEIDA
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"la plus belle antenne ne peut relayer que ce qu’elle peut !" Elle est bonne celle-là !