#MISSTOGO2015 – Vous n’aimez pas ? Alors, pourquoi n’arrivez-vous pas à zapper ?
Messes basses pour miss ou daube télévisuelle au Togo, le concours Miss Togo – tant décrié, vomi, affublé de qualificatifs peu vertueux pour le président du comité d’organisation, sa femme et ses collaborateurs- fait pourtant partie des émissions-spectacles annuelles qui scotchent plus d’un devant son petit écran.
Il devient alors difficile de mettre les éditions successives depuis 1995, sur le compte d’un Temps Perdu Assisté par Téléviseur #TPAT.
Dans l’inconscient général, les tenues de vérité témoignant de fond de teint mensonger et de dépigmentations ratées, suivies d’interviews aux réponses abracadabrantesques font sensation. Question existentielle de mon collègue Koffi Koumba qui arrive dans mon bureau au moment de la rédaction de ce billet : « La mise au vert des candidates n’est-elle pas la porte ouverte à la mise au clair de leur couleur de peau » ?
Pour le moment, bof! Je retiens l’épisode douteux des maillots de bain blancs qui laissaient tout voir de leur intimité. Pfff.. #MissTogo2015
— ♫ ManOuChKa (@MnkNi) 29 août 2015
Chaque édition est a contrario même un succès ! On relève au sein de l’opinion, une certaine unanimité pour la porteuse du bonnet d’âne, celle qui a été la grande brûlée dans les accidents du français parlé durant la séquence interview ! Comment expliquer d’ailleurs qu’un tel consensus fasse défaut à celle qui est élue reine de beauté, allant jusqu’à mettre en courroux Gaspard Baka, le président du Comité d’organisation. L’année où il s’est laissé aller en commentaires remplis de sous-entendus (il faut croire qu’il était pour cette fois-là, assis sur des charbons ardents) il n’a pas vraiment été tendre avec le public : « Il faut que les Togolais apprennent à accepter les résultats des élections au Togo« . Eh bien soit ! Les twittos togolais et pas des moindres, qui entrent dans la danse des « moqueurs de miss » rajoutent une couche numérique de quolibets et de petites méchancetés au spectacle à l’écran. De leurs doigts « durillonnés« , les twittos sentencieux en pleine overdose de « twittostérone », mettent le feu aux poudres des canons braqués sur ces filles qu’on leur a jetées en pâture. Ils consolident par là même cette pasionaria nationale du peignage de girafe et d’enculage de mouche.
Ça nous débite des conneries avec des réponses dénuées de toute jugeote. La farce ! #MissTogo2015 — Guillaume Djondo (@Djosena) 29 Août 2015
Pour cette année, l’histoire retiendra qu’ils ont fait feu de tout bois sur la candidate pour qui tout concept de déforestation n’est que pure abstraction. La pauvre damnée des forêts n’avait pas intégré dans sa culture générale (ou plutôt particulière) que l’utilisation du charbon de bois, ou du bois qui n’a pas été transformé en charbon, décimait dans les deux cas, les forêts de son continent.
Selon mon collègue et ami Koumba (il est encore repassé), si on élisait les miss sur la base de leur côte de popularité, la candidate de la déforestation aurait été élue haut la main…
Les consommateurs du ridicule en ont donc eu pour leur compte, avilissant l’image de la pauvre déracinée environnementale, celle par qui le charbonnier est désormais mis au banc des accusés pour avoir brûlé du bois ! ce bois-là même qu’elle aurait voulu brûler elle-même en cuisine. Charbonnier n’est plus maître chez soi ! me direz-vous.
Le bois lui-même n’est pas dangereux, c’est le charbon de bois qui l’est ! 😂😂😂 #MissTogo2015
— The Seventh Seal (@YannMoebius) 29 Août 2015
Les aficionados de la pizza au feu de bois pourront avoir une pieuse pensée pour la première dauphine avant leur première bouchée ?
(Celui qui attaque la pauvre Maryse Astrid Deby sur la photo fait des fautes de « feux » avec le bois, mais lui, personne ne lui en voudra bien sûr…)
Pourtant rien dans le comportement collectif de la foule d’éternels rieurs de Miss n’est logique. Les mêmes qui estampillent comme nulle et inutile une élection Miss Togo – parce que mal organisée, dévalorisante pour la femme togolaise qui elle-même se répand en inculture – s’asseyent devant leur téléviseur, se frottant les mains à l’avance parce que « ça va saigner ». Quelle différence fait-on entre les téléspectateurs togolais et le public du Colisée de Rome, avide de sang de gladiateurs coulant au milieu de l’arène. L’intérêt, n’est-il pas de s’amuser ! s’amuser des maladresses des autres !
En partant du postulat selon lequel aucun sou de l’Etat n’est versé pour le compte d’un hypothétique sponsoring de l’élection Miss Togo, il devient rassurant de croire que le contribuable togolais n’est en aucun cas engagé dans le financement de ce dont il se moque. Mais alors, où est la plus-value pour le pays ? Généralement, les programmes des Miss (financés par les sponsors) sont limités à la lutte contre des maladies infantiles en zone rurale. Après ça s’arrête là… en fait, on n’aurait pas eu d’élection miss Togo au Togo que cela n’aurait pas changé grand-chose ! Le ministère des Affaires sociales aurait juste eu un peu plus de pain sur sa planche déjà garnie; et les entreprises du privé qui financent la beauté togolaise, un soir par an, (qu’est-ce que cela leur vaut en retour?) auraient gardé un peu plus d’argent dans leurs caisses (ou créer plus d’emplois, c’est selon).
Je m’amuse même à échafauder une petite théorie du complot. Cette élection n’est-elle pas perpétuée que pour son côté thérapeutique du risible et du ridicule sensé apaiser le spectateur togolais qui flirte avec le seuil de pauvreté ? Une manière d’expurger un peu de rancoeur anti-gouvernement en s’oubliant dans les fautes de français de jeunes filles qui n’avaient rien à faire de leur temps (pourtant si précieux…).
Quant aux éternels critiques, eunuques assistant au festin des gens virils (Guy Missodey), s’ils n’aiment pas, bah, pourquoi ne regardent-ils pas Canalsat. Au moins ils ne se mentiront pas à eux-mêmes.
Entre ignorer le déboisement dans son pays et se mentir à soi-même en critiquant avec véhémence ce qu’on ne zappe pourtant pas sur sa télé, lequel est plus grave ?
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