Togo – Voeux de nouvel an 2015 du Président de la République – Qu’est ce qui n’a pas marché ?

3 janvier 2015

Togo – Voeux de nouvel an 2015 du Président de la République – Qu’est ce qui n’a pas marché ?

Président

Le Togo, petit couloir de quelques 7 millions d’habitants, rompu, dit-on à toutes les sodomies constitutionnelles (mon génie à moi est de faire de la constitution et du hard en même temps? lol) ne déroge pas à la règle du « qu’est-ce qui n’a pas marché ». Il s’agit d’un pays à problèmes; problèmes économiques, sociaux, éducatifs, politiques… bref, un bon pays africain digne de ce nom. Un pays qui ne marche pas.

En conséquence, quand son président formule des vœux pour une nouvelle année qui s’annonce; eh bien,là encore la formulation ne marche pas, la mayonnaise ne prend pas, les phrases sont creuses, beaucoup de littérature, des mots, des jolis mots bien agencés, quelques leçons données ça et là et puis « Que Dieu bénisse notre cher pays le Togo, je vous revoie l’année prochaine même jour, même heure et on recommence ».

Qu’est ce qui n’a pas marché ? Lire ici le discours.

A part les beaux mots, teintés, rythmés de la formule d’appel un peu affective (d’un président à son peuple) : « Mes chers compatriotes »… il n’y avait pas grand chose de concret à croquer (ou à se mettre sous la dent, si vous préférez)

Voici un petit examen de discours en trois parties :

1. Cette affaire de Réforme Constitutionnelle

Sur ce point-là, il ne s’est même pas agit de faire de la communication, histoire d’expliquer au peuple que le gouvernement a fait sa part, que le pouvoir législatif (séparément du pouvoir exécutif) y travaille, et même alors, que l’échéance présidentielle approche à grand pas (la CENI chauffe déjà les moteurs…), les bouchées doubles sont mises pour arriver à trouver un consensus, un canevas accepté de toute la classe politique pouvant conduire à une élection apaisée.

Non ! il s’est agit pour le président de démontrer que les conseillers les plus brillants sont de son côté. Pour montrer au téléspectateur comment le pouvoir est brillant et peut s’amuser quand on le titille trop, à créer une situation de pourrissement sur un sujet donné. Pour le mode d’emploi, le président nous liste d’abord ce que tout le monde sait déjà :

a) – la réforme avait été introduite par le gouvernement à l’assemblée et cette dernière l’a rejeté avec grand plaisir.

b) – la réforme a été réintroduite par certains partis politiques (quoique minoritaires) à l’assemblée et pour cette fois-ci, ils prennent le temps de la réétudier. Attendons de voir ce que ça va donner.

Jusque-là, le chef de l’état  jongle avec la balle. Puis, amorti de poitrine ! et il tire !

Il revient et fait :

c) – oh mais, en fait, j’ai oublié. Vous vous rappelez, qu’on a une commission Vérité-Justice-Réconciliation qui nous a recommandé de régler la question des réformes ? Bah, c’est ce qu’on va faire parallèlement en créant une commission de réflexion qui s’occupe de la question en tenant compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations les plus profondes des Togolaises et des Togolais.

Généralement, c’est le moment où le gardien de but du camp adverse est surpris et retrouve la balle au fond des filets avant de se rendre compte qu’elle venait juste de passer devant ses yeux !

Si ce n’est pas du foutage de gueule ? non, c’est de la politique !  Celle où on double l’adversaire politique en sortant un lapin que tout le monde avait oublié dans le chapeau du magicien ! Cette commission Vérité-Justice-Réconciliation dont on n’a jamais été pressé d’exécuter toutes les recommandations et dont la recommandation devient du jour au lendemain la pierre angulaire des réformes institutionnelles et constitutionnelles. Pourquoi maintenant? Maintenant où l’opposition parle de mandat présidentiel et autres articles de constitution (scrutin à deux tours, etc) dont il faut selon elle, rétrograder le contenu vers le texte de 1992. Le Président fait un double-salto arrière et dit : « Ah mais si c’est ce que vous voulez, je vais même vous aider… on va demander à une commission de revoir toute la constitution, article par article… je ne vous cache pas que ça peut prendre du temps hein… mais ça ira. Mieux vaut tard que jamais »…

Je ne sais pas mais, avec ça, si quelqu’un pense encore qu’une certaine institution parlementaire déjà assez réfractaire, arrivera à toucher à une constitution avant Mars prochain,… à moins de croire au miracle…

Cette partie du discours est de loin la plus brillante, celle où le pouvoir a damé le pion aux réviseurs de constitution en leur disant à mots couverts que ce n’est pas prêt d’arriver. (Allez), je dis ça juste pour le symbole mais… quand cette constitution a pris son caractère déplaisant pour l’opposition politique togolaise, c’était encore un 31 décembre non? un 31 décembre 2002… Remember ! (comme l’a crié Charles Ier Roi d’Angleterre avant sa décapitation).

2. Le reste du discours sans chiffres, sans grand bilan, et sans perspectives

Je me demande en relisant le discours du Président Togolais, s’il n’a pas été écrit juste pour enfoncer les opposants avides du retour à la constitution de 1992. Parce que après ça – et j’espère que ça vous étonne aussi – ce dernier ne cherche pas à faire de bilan, à vanter les avancées notables opérées au cours de 2014 avant d’annoncer ce qu’il sera fait en 2015. Il nous dit par exemple que le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) a touché plus de 300 000 togolais. D’accord, Monsieur le Président, merci pour le toucher mais… et après, sont-ils satisfaits? cela a t-il fonctionné? des mécanismes de suivi ont-ils permis de vous rendre compte de l’efficacité de ce fonds octroyé ? rien de tout cela n’a été dit par la suite, si ce n’est d’annoncer vaguement que cela va être poursuivi, avec un nouveau volet pour les jeunes ayant appris des métiers mais inaptes à démarrer une activité par manque de fonds (Papa Wemba : C’est le fonds qui manque le moins ? ) lol… Le président reste vague.

Ensuite plus rien ! après avoir demandé aux populations de faire attention à Ebola, et d’avoir rappelé que la défense nationale a été géographiquement réorganisé pour nous préserver de Boko Haram et proches cousins, rien !

Rien sur les fonctionnaires, le personnel soignant et les enseignants, en ring avec son gouvernement, passant d’un round de grève à un round de négociation.

Rien sur les étudiants qui peuvent revenir demain à la rue pour demander de re-ériger des piliers pour leur temple du savoir.

Rien sur les routes et autres infrastructures que son gouvernement a mis sur pied, qui parcourt aujourd’hui des parties de la capitale, celles qui sont entrain d’être faites, qui seront faites, et qui apportent le développement dans des quartiers, développant commerces de proximité etc. Les riverains de ces nouvelles voies ont augmenté les loyers et les ont mis dans leurs poches grâce à ces nouvelles routes. C’est de la pub gratuite dont le Président aurait pu profiter un peu mais rien !

Pas un seul mot sur la connexion internet quasi morte – sur les communications toujours trop chères, occultant même l’existence de l’économie numérique. Allez, on va tirer un peu sur le Ministère qui porte ce nom ? Economie Numérique ? en plus c’est facile d’argumenter en tirs à boulets rouges. Un Ministère de l’économie numérique travaille sur comment générer ou créer une économie à partir du numérique, donc à partir des technologies de l’information et de la communication. Et comme qui dit TICs, dit internet… et comme l’internet s’essouffle de plus en plus… à quoi sert l’économie numérique qui ne peut pas exister sans l’internet. (dois-je poursuivre)… Je vais ici rendre hommage à un geek togolais qui a eu ces mots d’esprit au cours d’une discussion entre amis geeks ou non-geeks  :

« La connexion internet n’est pas bonne. Mais la Ministre de l’économie numérique twitte ! elle veut que je lise sont tweet avec quelle connexion »?

3. Penser à changer de discours pour la prochaine fois

Ouattara

Le Président n’a rien dit sur les véritables sujets qui intéressent les togolais.  Ce serait un euphémisme de considérer que le leader au pouvoir ne nous chouchoute guère, nous peuple perpétuellement en souffrance, versant larmes et prières sur nos misères quotidiennes? Ceux qui sont champions de la communication politique dans son cabinet auraient pu mériter un peu de leurs gros salaires en lui apportant une phraséologie proche de celle de la mère ou du père de famille encourageant ses enfants après avoir fait le bilan de ce qu’ils ont pu faire, et de ce qu’il reste à faire. Le père qui dit à ses enfants que les temps sont difficiles, mais qu’il fait des efforts pour que demain soit meilleur, qu’il essaie de leur fournir tel outil, d’assurer tel besoin pouvant servir à garantir tel résultat et tel acquis sur le moment, tel autre dans un moyen terme et encore un autre dans un futur plus éloigné; voilà ce que devrait ressortir le discours attendu par un peuple. Alassane Ouattara (de Côte d’Ivoire) a prononcé un discours très renseigné, chiffres à l’appui, sur les avancées opérées, parfois même les difficultés rencontrées et ce qu’il reste à faire et qu’on peut faire. Une tribune décomplexée pour dire combien de kilomètres de route ont été tracés en Côte d’Ivoire en un an, à combien va passer le SMIC, combien d’hôpitaux et autres bâtiments publics ont été mis sur pieds, combien prévoit-on d’en construire etc. . Ces bilans mis bout à bout forment un écran de vision qui fédère le peuple autour du président.

Il est donc triste de remarquer que le développement du Président Togolais est bien vide quand on saute la partie des réformes. Il n’en reste plus grand-chose. Comme si à l’inverse, ce discours a juste été prononcé pour casser un peu d’espoir chez ses adversaires de l’opposition, les démonter encore un peu plus, et leur montrer qui est le plus « Faure ».

Après, il sera toujours facile de souhaiter à chaque togolaise et togolais une bonne santé etc. Je veux bien croire que ces vœux sont au-delà de tout, sincères. Sinon, comme l’a écrit Edem Kodjo dans son roman « Au commencement, était le glaive », « De tout ce que la politique pouvait être amenée à faire de mal, elle le devait au diable par excellence ». Et cela m’étonnerait que le numéro 1 en arrive là.

3. L

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Commentaires

renaudoss
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MDR! gars tu m'a tué, c'est ce qui s'appelle du commentaire De discours (tu ne serais pas commentateurs sportifs plutôt, par hasard?) sérieux, c'est son salto-arrière CVJR qui m'a tué, je me Suis dis "chédjééé, d'om il sort ça, on l'avait oublié celle-là". bof, pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne, comme disait le papa de quelqu'un!

Eteh Komla ADZIMAHE
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Merci pour l'équipe qui ne change pas, lol !