La pétarade du couillu – Un Conte de Noël du Salaud Lumineux

23 décembre 2014

La pétarade du couillu – Un Conte de Noël du Salaud Lumineux

Dans nos sociétés africaines, faire abstraction du respect du à son aîné peut être d’une dangerosité irrecevable…

C’est ce que Kossivi apprit un soir de réveillon de Saint-Sylvestre, et ceci -bien malgré lui- à ses dépens.

Car voici; l’histoire que je m’en vais vous conter (je l’espère brièvement) se déroule il y a une demi-dizaine d’années, alors que nous aînés de la vingtaine d’années et plus, observions nos contemporains, ceux qui viennent nous emboîter le pas vers la vie d’adulte, de majeur non-émancipé et non-interdit.

Il est dit de Kossivi, qu’il était un jeune de la quinzaine en allant, irrespectueux de ses grand-frères, avide de signifier voire manifester un désaccord avec ces derniers en leur envoyant un caillou à la tête ou un seau d’eau à la figure.

En temps de fêtes de fin d’années, les pétards faisant leur apparition sur les étalages ça et là, Kossivi devenait encore plus hargneux et agressif, se transformant en grenadier ou artilleur, affectionnant le lancer de pétard vers tous ses ennemis, c’est à dire ceux qui lui rappelaient qu’entre le bien et le mal il faut choisir le bien ou le moindre mal.

Dans l’après midi du 31 décembre, alors que Kokou, l’un de ses frères aînés avait fait des pieds et de mains pour l’inviter à aider aux préparatifs pour la fête, fusse même une certaine participation symbolique, aux tâches ménagères et autres menus nettoyage de la cour et des mobiliers de la maison. Kossivi n’en fit qu’à sa tête, proférant des propos peu-vertueux à l’endroit de Kokou, sa mère, et sa grand-mère, bref, tout ce que la culture locale permettait d’insulter dans l’arbre généalogique de l’autre : « enowo, mamanwo, tasiwo »! etc.

Kokou prit son mal en patience, priant pour qu’une occasion se présenta pour rendre la monnaie de sa pièce au jeune et irrévérencieux Kossivi.

Et pour cause! ce jour-là, Dieu était sur son cheval blanc! Kossivi, torse nu, avait à peine franchi le pas du portail qu’il sentit un sommeil léger l’envahir. Le soir tombait, les pétards retentissaient de plus belle, se mêlant aux musiques tonitruantes distillées à tue-tête dans le voisinage. Ce dernier, sous le coup de la fatigue, ayant couru après les jeunes de son âge, les taquinant, les agressant, jouant à grimper aux arbres, à vociférer des insultes à plein poumons s’était vite esquinté. Ne sentant plus ses pieds maigrichons, il eut tout juste la force de traverser en deux trois pas chassés la route. Kossivi s’écroula sous le portail du voisin d’en face, et entreprit de s’endormir, histoire de reprendre un peu plus de force pour jouer son rôle d’emmerdeur-maison quand la fête battra son plein.

Kokou, le frère avide de se venger, sortit du salon familial avec ses effets de nettoyage, cherchant du regard le très bruyant et sémillant Kossivi. Ne le trouvant point dans la cour parmi la horde de gamins qui couraient dans tous les sens, il risqua un œil dehors, dans l’espoir de retrouver le garçon. Son regard tomba sur ce dernier, étendu les bras ballants sous le portail à deux battants de la maison d’en face, la bouche ouverte, les yeux fermés, dormant du sommeil du juste… et pourtant…

Kokou observa pendant quelques secondes son frère, puis sourit jusqu’aux oreilles, en prenant la mesure de l’idée qui venait de germer dans sa petite tête. L’heure de la vengeance sonnait en même temps que les cloches de l’église catholique qui n’était pas loin. Il s’approcha de Kossivi toujours endormi, alluma un pétard à trois coups (three bangs), écarta l’élastique de sa culotte et y laissa retomber l’explosif. Kokou, le sourire malin, s’éloigna rapidement, tel un artificier venant d’allumer sa mèche. Il s’arrêta quelques mètres plus loin pour apprécier le spectacle.

La première explosion fit sursauter Kossivi; dans son premier mouvement incontrôlé, il cogna sa tête contre le portail en fer du voisin, avant de se mettre à courir vers une direction inconnue de lui-même, les larmes jaillissant des yeux, la bouche ouverte, cherchant à crier sa détresse au monde entier, mais n’émettant qu’un son aigrelet. Au deuxième bang, il sursauta en plein course, se débarrassant avec fugacité et vivacité de sa culotte de malheur qui explosait de toutes parts. La douleur de grenaille qui avait commencé par écorcher à vif la peau très sensible de ses parties intimes lui piquaient l’entre-cuisse augmentant sa vitesse de course de plus belle. Il atteint le bout de la rue à concurrence du record de Usain Bolt quand il entendit le troisième bang; réalisant du coup qu’il s’était débarrassé de ce qui voulait lui manger les testicules, en même temps que de sa culotte explosive.

Il s’effondra en larmes, les mains agrippées à son sexe brûlant, la bouche bavant comme un lama et le nez expulsant une morve visqueuse et jaune au rythme de ses sanglots…

On nous dit plus tard, que jamais, de mémoire d’habitants de ce coin perdu de batomé-djidjolé, on ne vit Kossivi manquer de respect à personne.

Parfois certaines violences s’avèrent nécessaires, tels une bombe atomique lancée sur une ville, pour annihiler toute résistance de la part de son armée. Si Kossivi ne le savait pas, il l’aura appris aux dépens de la pétarade du couillu.

Remerciement à Didi Le Roi qui m’a rappelé hier soir cette histoire qui est arrivée pas très loin de chez nous; enfin de chez lui surtout; il y a quelques années…

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Commentaires

Guillaume
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Hahaha... Ça lui apprendra à respecter ses aînés ! Un bon message à faire passer à nos jeunes frères et sœurs.

Amitiés !

renaudoss
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Hahaha!!! MDR. je scié! Une façon efficace d'intimer le respect a jeunot. Mais ça aurait pu mal finir pour ses coucougnettes hein. (C'est marrant comme Three Bang est devenu Trois Bandes dans le jargon moderne des péteurs)
See ya!!!