Pour qui roule le pouvoir de Lomé 2 et son numéro 1 Gnassingbé

26 novembre 2014

Pour qui roule le pouvoir de Lomé 2 et son numéro 1 Gnassingbé

Lomé 2 et son numéro 1… pff, je souffre de cette foutue envie de faire des jeux de mots pourris, mais faites pas attention, focalisons-nous sur cette analyse quoique théorique et écrite en style libre. D’abord, re-situons les faits : le Togo dans l’actualité de ce 26 novembre.

« Et voici quelques petites phrases qui vont provoquer de longs commentaires à Lomé. Pour bien comprendre de quoi on parle. Lors de sa visite au Ghana, le président togolais Faure Gnassingbé a marqué son attachement à la Constitution en vigueur, qui dit-il, sera rigoureusement respecté. Des propos tenus alors que l’opposition appelle le chef de l’Etat togolais à modifier le texte justement pour limiter le nombre de mandats avant la présidentielle de 2015. Concernant sa candidature à ce scrutin, le président a par ailleurs déclaré, je cite, qu’il voulait réserver la primeur de la nouvelle à ses compatriotes. – J’adore ce Laurent Sadoux. Afrique midi –  » mercredi 26 novembre 2014 sur RFI…

Ça va? tout le monde a compris? Disséquons à présent les entrailles de l’animal afin d’y lire un quelconque avenir qui aurait du sens… et pas que ! du bon sens.

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Ah oui parce que récemment, rien ne présageait que le président togolais irait complètement à l’ouest (au Ghana) pour se contredire. La preuve inattaquable par le fait même qu’elle est intangible nous est fournie par l’histoire politique récente de nos institutions de gouvernance :

Il y a un peu moins de six mois, le Conseil des ministres que préside le chef de l’Etat envoie un projet de loi portant proposition de réformes de la Constitution dont la fameuse limitation des mandats présidentiels à deux; réformes que l’opposition a longtemps réclamées. Comme une éclaircie dans le ciel assombri, le gouvernement du plus Faure a donc opéré une ouverture en déposant au siège du Parlement, un nouveau toilettage de Constitution, allant donc cette fois-ci dans le sens des aspirations de l’opposition. Mais à sa grande surprise, l’Assemblée majoritairement colorée UNIR (Union pour la République, parti au pouvoir) boute hors de l’hémicycle le projet des réformes, ceci évidemment en toute légitimité.

L’espoir n’est pourtant pas perdu pour l’opposition à double sensibilité. L’une d’elles, CAR-ADDI (Alliance de fait de deux partis parlementaires) renvoie encore le projet des réformes à quelques mots près sur les tables de la commission des lois de la Chambre des députés. L’autre sensibilité ANC et associations civiles taxées de radicalistes, plus susceptibles d’être pierre-à-feu que conciliatrices, et galvanisées par un hypothétique 30 octobre burkinabé – Un harmattan mossi – se lance dans une manifestation visant à obliger le pouvoir exécutif et législatif à opérer les réformes. Cette manifestation, on s’en doute, est vite réprimée par enfumage lacrymogène, surtout qu’elle commençait par prendre un tour burkinabè, voulant elle aussi déboucher au siège du Parlement.

A côté, UNIR (le parti majoritaire aux députés réfractaires à toute réforme) manifeste également pour montrer que les tricots orange n’ont pas le monopole de la rue. « Oui, on veut bien faire des réformes. Mais ce sera dans un esprit de conciliation… « , « Retournons débattre à l’Assemblée, pas dans la rue », etc.

Mieux encore, le lendemain de la manifestation fumante et piquante, le président de la République, reçoit tout de même le chef de file de l’opposition. Jean-Pierre et Faure s’expliquent. L’un dit : réformez ! L’autre dit : non je vous comprends, mais attendons de voir à l’Assemblée jusqu’où va le présent projet de loi des réformes qui a été renvoyé par vos amis CAR-ADDI.

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On en était donc là, quand oh surprise ! le président de la République ouvert jusqu’à la fin de ce week-end, se referme comme une huître et annonce qu’il n’y aura jamais de réforme. Il n’attend même plus la décision du Parlement comme il l’a pourtant préconisé à son opposant Jean-Pierre Fabre.

L’homme dit et se dédit? il ouvre des portes puis les referme? Il tend la main puis la retire? dédoublement de personnalité? syndrome de la Tourette ? Déclaration complètement à l’ouest ? (ah oui, je l’avais déjà faite plus haut, pff).

C’est un fait ! Tout se passe comme si à la tête du pays, le leader dit une chose puis son contraire. Ce va-et-vient, les propos à double tranchant, la duplicité seraient peut-être symptomatique de l’existence de deux courants au sein du pouvoir en place. C’est une théorie qui peut-être prise avec des pincettes, tant l’auteur de ce blog est loin, très loin du cercle politique à la tête du pays; Mais à supposer que le président de la République balance entre deux sensibilités dans son entourage, l’une voulant l’exact contraire de ce que veut l’autre, l’une ouverte aux réformes et l’autre y étant complètement fermée, une sorte d’abîme séparant l’infiniment grand de l’infiniment petit, cela pourrait expliquer le fait que le président de la République devienne par les temps qui courent, un homme incompréhensible.

Le problème est que si ces deux courants existent et agissent véritablement; et que l’une d’entre elle lui fait tirer une balle dans son propre pied, l’autre l’enverra saigner ailleurs… c’est hélas ça, la politique.

Il est tout aussi curieux de voir qu’au Ghana, le pays de prédilection pour faire des annonces renversantes, le président ait préféré réserver la primeur de sa candidature (ou non) à son peuple; c’est à dire après son retour au Togo. Et pourtant sur cette question-là, tout le monde est déjà fixé. S’il s’attache fondamentalement au texte de la loi constitutionnelle tel quel, c’est qu’il retourne dans l’arène des élections en mars prochain et pour les autres échéances électorales à venir… la réponse est logique. Pas besoin de primeur pour que le peuple en soit convaincu. Visiblement il doit bien être le seul à ne pas être au courant de sa propre candidature.

Le président est comme un arbre solitaire au milieu d’un terrain vague. Il s’incline mollement au gré du vent.- Frank Underwood – House of Cards

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Commentaires

Lionel
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Je pensais qu'il avait de la jugeote, mais hélas cette déclaration sur les ondes de Rfi ce midi prouve qu'il en manque cruellement.

S'il aimait vraiment ce pays, il aurait accepté faire ces réformes à la condition de faire un mandat supplémentaire, soit 5 années. Ce que je trouve raisonnable. Mais là, je crains qu'il ne soit entrain de créer lui même le goufre dans lequel il tombera.

Wait & See.

En pasant j'aime ces propos de Frak que tu as mentionné. De me copier la Saison II si tu l'as !

Merci.

Eteh Komla ADZIMAHE
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lol, j'ai entendu ces propos de Frank Underwood dans l'une des deux saisons qui existent pour le moment. Et je pense que tu les as sûrement déjà

komi fiagan DOGBLE
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joli mon frère, ton style bien libre m'a séduit. Courage

Eteh Komla ADZIMAHE
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merci, nous suivons les traces de vous les boss