Peut-être qu’en faisant économie des révolutions en Afrique …

22 novembre 2014

Peut-être qu’en faisant économie des révolutions en Afrique …

Je dis ça, je dis rien mais… jetons un coup d’œil à l’histoire du monde occidental_ je cite bêtement France, Etats-Unis_ les peuples révoltés contre l’injustice sociale ambiante de la fin du 18ème siècle ont payé de lourds tributs en vies humaines; mais aussi sur le plan économique et social.

Les français depuis ma révolution de 1789 ont bien mis dix ans pour retrouver une relative stabilité.

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Les américains ont déclaré leur indépendance (autoproclamé pratiquement ) puis se sont faits la guerre (de sécession) pour en arriver au même point :  le pays ne pourrait pas être divisé comme le réclamaient les sudistes…

sécession

Révolutions encore comme en Amérique du Sud _60 ans de vie politique équivaut à 200 révolutions au moins… _avec leurs lots de morts et de destructions ! Mais quelque soit la lenteur de leur capacité d’analyse, ces latinos ont compris à un moment donné, entre deux pas de salsa, que si les révolutions s’enchaînent à cette vitesse, c’est qu’on n’est jamais satisfait de celui qui arrive au pouvoir et qu’à un moment donné, on a envie de le ramener en magasin pour le remplacer. non ?

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Plus récent et plus proche ! Afrique et printemps arabe : Tunisie; Lybie; Egypte; tous les présidents pourris ont été dégommés, leurs statues déboulonnées et pourtant… l’instabilité s’est tout de suite imposée. La Tunisie passe prochainement le cap de la présidentielle, ça va peut-être redresser le gouvernail sait-on jamais ? L’Egypte est actuellement tenue d’une main de fer par le Maréchal Al Sissi; Encore heureux pour l’Egypte stratégique dans le conflit Israelo-Palestinien; le premier Président élu post-révolution, Mohamed Morsi s’est révélé être un piètre dirigeant; vite dépassé par l’appétit de ses copains frères musulmans qui ont toujours les yeux plus gros que le ventre…  Et puis aaaaah, la libye post-Khadafi. Une poudrière ! dont les flammes ont consumé et déstabilisé le Mali au sud. Aujourd’hui, la Libye prend des allures de Western sans les spaghetti… Après le printemps arabe, l’hiver Islamiste? brrrrrrrr, j’en ai la chair de poule…

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Tous les cas de figure précités prouvent déjà à suffisance que rien n’est jamais garanti après la Viva la Revolucion !

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Après la révolution, ce n’est pas le beau temps !

A cette étape-là je vois des lecteurs roulant des yeux de merlan frit pour me traîner devant l’inquisition parce que visiblement, au Burkina Faso, ça a l’air de marcher ! mais Patience… ça a seulement l’air…

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Je vous donne quelques pistes pour vous permettre d’émettre des réserves :

1. on demande que les militaires rendent le tablier et qu’on les remplace par un civil. Qui on met? qui? Michel KAFANDO ! Qui est Michel KAFANDO? Bah, c’est le monsieur que les militaires ont proposé !

2. et comme pour nous confirmer que Michel Kafando est le civil adoubé par les militaires, ce dernier en bon civil re-nomme le Lieutenant-Colonel ZIDA, Premier Ministre aujourd’hui , et ancien chef de la transition. Lieutenant-Colonel Zida qui est  quoi? eh bien qui est l’homme qui a fait nommé KAFANDO, Président à sa place. ça sent la russie ou ça sent le roussi?

3. Zida, Premier Ministre, fait son premier discours en tant que tel. En plein discours, le courant est coupé dans toute la ville. Il crie au sabotage ! Et le premier responsable de l’électricité au Burkina, jugé trop proche de Blaise Compaoré, est unilatéralement taxé de saboteur et jeté en prison sans aucune forme de procès! Visiblement un limogeage n’a pas suffit au Colonel ZIDA, avide de donner l’exemple et de décourager d’hypothétiques saboteurs?

4. Ce point est uniquement à but folkorique: Zida qui demande qu’on ne l’appelle plus Lieutenant-Colonel mais Monsieur ZIDA? Pourtant il n’a pas démissionné de l’armée. Il est toujours en uniforme et il a le toupet de demander à être « Monsieur tout le monde » … hum ça sent pas un tout petit peu le Dadis? D’ailleurs de Dadis à Zida il n’y a que des consonnes qui changent pour séparer les « i » et les « a ».

ça craint hein?

Le pire, c’est que le Burkina s’érige en exemple de révolution dans la sous-région. Une frange « d’irréductibles opposants naturels togolais » est  attirée par l’exemple Burkinabè.  Pourtant rien ne garantit que ce qui marche pour les hommes intègres, marchent pour « les pas très intègres ». Vous ne me croyez peut-être pas? je vous le donne en 4 points :

1. Au Burkina, l’armée a retourné sa veste (ou son treillis) et a abandonné Blaise. Au Togo, l’armée est dans le giron de la famille la plus importante du pays.

2. Au Burkina, la loi était contre le Président sortant. Au Togo la loi est pour le Président sortant. De plus le parti au pouvoir étant majoritaire au parlement. La moindre virgule à modifier dans la constitution est donc laissée à son bon vouloir. Sauf conciliabules, conciliations et pressions de la communauté internationale etc.

3. Si une révolution aboutit à une guerre au Togo, le pays deviendra un Libéria 2. Pourquoi? parce qu’il n’est pas aussi riche que la Côte d’Ivoire qui malgré sa crise enlisée et ensablée, domine toujours économiquement la sous-région. Le Togo lui, peine déjà à financer les infrastructures. Stopper son activité, c’est l’annihiler sur le plan économique. Même Haïti passera pour un paradis à côté du Togo. (noooon… j’exagère?)

4. Après une révolution, qui sera Président? Même si c’est le candidat naturel de l’opposition, combien de temps pourra t-il faire au pouvoir avec une armée qui est totalement acquise, formée, construite par le père de la nation; armée qui a fait allégeance à son fils le jour de sa mort. Au moindre faux pas du nouveau président, un « général Al Sissi » sera aux aguets pour reprendre les rênes… vous voulez pariez? à la roulette russe?

Sur ce dernier point, amusons nous un peu :

– Le nouveau Président du Togo après Faure appelle un supérieur de l’armée et lui dit : « Eh, tu peux me dire combien de chars il y a dans l’armée là »?

Je vous laisse imaginer comment on va lui répondre…

Plus sérieusement.

Envoyer un peuple dans la rue avec l’envie de le voir pousser dehors un dictateur (les autres font le sale boulot et nous on vient gouverner?) est bien démodé. Au temps des révolutions de la fin du dix-huitième, on s’émouvait moins pour les massacres d’hommes combattants pour la liberté. La valeur de la vie humaine était marchandée à coût bas; on ne s’inquiétait pas du sang coulé…

« La patrie ou la mort, nous vaincrons » –

« Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n’en sortirons que par la force de la baïonnette ».

Aujourd’hui par contre, les choses ont changé, l’humanité s’est affranchie de la barbarie, ne serait-ce que pour les besoins d’une cause politique, fut-elle même motivée par une aspiration au changement. Qui? qui est prêt à mourir en révolutionnaire? Levez la main !

Car souvenez-vous, les armées fidèles au roi (ou au président) tirent sur les foules révoltées. Après, elles justifient  cela (aidées des meilleurs plaideurs) par la protection des institutions  contre une bande d’incontrôlés avide d’attenter à la sûreté de l’Etat. Et ce sera vous la bande d’incontrôlables ! vous sans votre leader bien-sûr!  C’est un raisonnement classique !

Mais alors, comment réussit-on une alternance sans fracas ?

Je ne sais pas pourquoi mais le Bénin a montré lors du départ de Matthieu Kérékou et de l’arrivée de Nicéphore Soglo que : pour qu’il y ait alternance, il faut penser à deux groupes de personnes;

Ceux qui partent et ceux qui viennent.

Mais surtout que ceux qui doivent partir, s’en aillent sans être inquiétés… Il faut un besoin de garantie et une instauration de confiance entre les deux groupes qui vont s’échanger les tabourets Opposition-Pouvoir.

C’est aussi pourquoi les opposants qui promettent l’enfer à ceux qui devraient partir, occultent leurs chances d’accéder à la magistrature suprême…

Montrer le couteau avec lequel tu veux tuer la bête à la bête est un tantinet bête…

C’est pour cela que quelque part, Compaoré s’est accroché au lieu de s’amnistier…

Et qu’ailleurs, on peut faire une alternance sans révolutions, pour que tout soit O.K.

O.K. = 0 (zero) Killed

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Commentaires

Atman BOUBA
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Waoh trop génial. Je salue l'inspiration... Bel article.

renaudoss
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Amusant et très bel article sur la question, cool ton style.
Cela dit, je pense qu'une révolution est nécessaire, pas au sens Français (la sacrosainte révolution française est une escroquerie), Magrébin ou Burkinabé du terme (Pour moi ce ne sont pas des révolutions) mais au sens Cubain ou Chinois du terme (en deux temps, en Chine, d'abord Mao, puis Deng). Et ça vaut pour toute l'Afrique, pas pour quelques pays isolés, sinon c'est une vaste mascarade
Quelques milliers de têtes tomberont dans la foulée certainement, mais aux dernières nouvelles il parait que la liberté se gagne au prix du sang (Et pas par les votes les gars! :p ) ... Enfin, attendons de voir.

Eteh Komla ADZIMAHE
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C'est fondamentalement le contraire que je défends. Qu'à un moment donné, on ne puisse tirer de l'histoire que les parties positives pour les réexploiter au présent et pour l'avenir. L'idéal, c'est d'opérer un changement en douceur dont ne souffrirait ni la population, ni les indices économiques garantissant le fonctionnement de l'état, de ses institutions et les couches socio-économiques elles-même. Se lancer dans quelque révolution que ce soit en perdant vies humaines et infrastructures, perdre des acquis que nous devons préserver, c'est retourner en arrière, mais ce n'est pas forcément pour mieux sauter ! #lybie #tunisie #egypte etc.